L’architecture populaire en bois de Slovaquie

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

En Europe, la Slovaquie fait partie des pays ayant une très grande couverture forestière. Plus de 40% de son territoire est occupé par les forêts et elle possédait auparavant une zone encore plus étendue. Il est donc normal de retrouver de nombreux bâtiments en bois. Nous réserverons d’ailleurs des articles aux églises en bois de Slovaquie. Parmi ces églises, huit de la zone des Carpates sont désormais inscrites sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis le 10 juillet 2008.

Les forêts de bois tendres d’Europe de l’Est font partie de la zone de végétation comprenant la forêt de résineux boréale qui traverse l’hémisphère nord mais diverses forêts de feuillus poussent aussi à des altitudes plus basses.

Cette richesse en bois différents est la cause de la vieille tradition de l’architecture en bois de ces régions. La construction en rondins s’étend de la Scandinavie vers l’ouest, va jusqu’à la Baltique au nord, jusqu’en Asie vers l’est et jusque la mer noire et l’ex-Yougoslavie au sud.

En Slovaquie, le bois a toujours été un matériau prédominant dans la construction, plus particulièrement à la campagne et, surtout, dans les montagnes et ce jusqu’au 19ème siècle quand va apparaître la brique crue d’abord puis la brique cuite et que va se populariser l’usage de la pierre, surtout dans les villes minières du sud de la Slovaquie centrale et de l’argile, dans les plaines du sud.

Les maisons, les fermes, les moulins et les églises étaient essentiellement construits en bois. Ces techniques traditionnelles de construction ont été abandonnées depuis. De nombreux édifices et bâtiments ont été détruits, ou ont brûlés lors d’incendie, et d’autres, abandonnés, se sont effondrés.

Technique de construction abandonnée ? Aujourd’hui, on peut remarquer que certains remettent au goût du jour ce noble matériau dans les montagnes slovaques.

Il faut aussi noter que le bois est le matériau qui accompagne l’homme tout au long de sa vie, littéralement du berceau à la tombe. Il peut donc paraître inévitable que le bois soit aussi un matériau utilisé couramment comme matériau de construction.

Mais revenons aux constructions en bois en Slovaquie pour s’apercevoir que les espèces d’arbres utilisées pour la construction, les plus communs y compris, sont les hêtres à feuilles caduques et les conifères, épicéa, mélèze.

On retrouve les maisons en bois de conception rustique plus particulièrement au nord de la Slovaquie. Là, sont construits en bois, des églises, les chapelles, des clochers, des bergeries, des greniers à céréales, des bâtiments agricoles, des moulins, des puits, des ponts… Dans ces différentes constructions, le bois prouve, par ses qualités, qu‘il apporte la meilleure solution aux divers problèmes présents dans la réalisation de ces édifices.

C’est lors de la visite des skanzens – musées de plein air, que l’on pourra le mieux appréhender l’architecture populaire. Cependant deux villages sont incontournables. Le premier est le village de Vlkolinec connu pour son ensemble d’habitations en bois, inscrit depuis 1993 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le deuxième est le village de Čičmany où les maisons en bois sont ornées de motifs géométriques peints en blanc.

Les techniques de construction en bois en Europe centrale et de l’Est

Nous trouvons, comme techniques de base de l’architecture en bois – en russe srub – en slovaque zrub. La technique de base de l’architecture en bois appelé en slovaque – zrubenie – les constructions en rondins empilés, dont la difficulté majeur est l’assemblage des extrémités des rondins aux angles du bâtiment.

Dans le nord de la Russie, les rondins demeuraient sans traitement, à part l’écorçage. Plus au sud, en Slovaquie, en Roumanie ou en Ukraine, le bois était travaillé en madriers de section carrée. Pour ce travail, on utilisait uniquement la hache et l’herminette, on créait sur chaque pièce des entailles et on les empilait pour construire des murs.

Les madriers étaient découpés pour créer des percements et on y insérait les encadrements de porte ou les ébrasements de fenêtre.

La difficulté de réaliser des angles solides à conduit à la réalisation d’assemblages complexes. Un système d’assemblage à tenons et mortaises s’est répandu au 18e siècle, pour sa bonne stabilité, de Croatie en Ukraine.

La construction de la cabane ne possède pas de squelette, de colonnes verticales, comme les constructions en béton. Pour le bois, des troncs d’arbres entiers sont utilisés et les seuils qui constituent le périmètre de la maison sont aussi la base de la maison en rondins et dans les angles, les rondins de bois se croisent et s’encastrent pour former l’arête de la construction, les deux parois étant reliées à leurs extrémités par un assemblage ressemblant à un système de mortaises. La stabilité des bâtiments pendant l’assemblage dépend de la qualité des différents faisceaux.

Les maisons en bois classiques

On retrouve essentiellement deux types de maisons classiques. La première est la maison à deux niveaux. La deuxième, la plus courante, la maison à un niveau, ce que nous appelons aujourd’hui la maison de plain pied. Il est bien entendu que, pour tous les types de maison, lorsqu’elle est édifiée en montagne, ce type de construction était adapté à l’inclinaison du terrain.

Si dans les villes on trouve la porte d’entrée sur la façade principale côté rue, mais aussi parfois dans des cours, on peut remarquer que, généralement, pour les maisons de village, c’est un pignon qui donne sur la rue et l’entrée de la maison se fait latéralement par la cour où se trouvent également les dépendances.

La maison à deux niveaux

La maison de type classique était constituée de deux niveaux, avec souvent, un escalier extérieur. Au niveau supérieur on y trouvait le logement, souvent situé au-dessus des granges ou des étables. Cela permettait de gérer le travail de la ferme même en cas de neige ou de mauvaises conditions météorologiques et de profiter de la chaleur venant des étables ou des bergeries.

Ces plus grands bâtiments, avec étage, possédaient de petites chambres à l’étage disposées sous les versants de la toiture, un grenier et une cave

Dans certaine région, le plus souvent en montagne, le soubassement de la maison était réalisé en pierre afin de protéger le bois de l’humidité et de récupérer la pente du terrain.

Le bois des madriers était soit laissé « brut » soit enduit d’un plafonnage composé d’argile et peint ensuite avec de la chaux blanche ou teintée d’ocre ou de bleu.

Le chaulage à pour but essentiel de protéger le bois contre les insectes, les microbes et les bactéries. Quant à l’utilisation de peinture, les tons utilisés, ocre, bleu… outre l’aspect esthétique, elle avait aussi pour objectif de chasser les insectes, rampants comme volants (1).

Composition de la maison

Les éléments clés de la maison de plain pied étaient : la cuisine, le cellier, la pièce de séjour comprenant le lit.

Plan d’une maison traditionnelle de plain pied comportant : 1 l’entrée centrale avec perron ; 2 le cellier ou débarras ; 3 antichambre ; 4 l’izba, la chambre principale (pièce de séjour) et 4a le four maçonné.

A l’intérieur d’une maison en bois slovaque

En Slovaquie, la disposition de la maison avait un caractère d’utilité et de simplicité. Voyons cela un peu plus en détail.

La simplicité tout d’abord. Pour y vivre, les habitants avaient un logement comprenant une pièce, qui servait de cuisine dans le vestibule de l’entrée (antichambre) – 1 – ; une chambre et pièce de séjour – izba en slovaque – 4 – où se trouvait un four maçonné – 4a-.
Dans la cuisine – 3 -, on trouvait le poêle et la cheminée ou plus tard, le poêle et des meubles de bureau, bureau, lit, coffre à vêtement. Les pièces d’entreposage des aliments étaient situées à proximité – 2 -.

Comme éclairage, on a d’abord utilisé les lanternes et les bougies, plus tard les lampes à pétrole – kahance et ensuite l’électricité.

L’espace de vie principal était bien entendu centré dans la maison et devait faciliter la vie et le travail de ses habitants, comme la préparation des repas, le repos, l’accueil des visiteurs, les cérémonies…

La pièce principale (2), l’izba, était pourvue d’un lit, d’une table, de bancs, de chaises, d’étagères, d’armoire d’angle, d’objets décoratifs comme des articles en bois décorés de sculptures ou de peinture sur bois ainsi que les petits ustensiles de cuisine en bois comme le casier support pour les cuillères à soupe – lyžičník ; les récipients à épices; les planchettes à découper – lopár, le fouet mélangeur – habarka que l’on fait tourner en se frottant les mains, pilon, plat…

Lorsqu’il y avait un bébé, le berceau était à proximité du lit des parents, soit accroché au plafond, soit posé au sol.

On retrouve un endroit particulier dans l’izba, le coin sacré – svätý kút en slovaque. C’est le coin d’apparat ou d’honneur. Il se trouve à l’opposé du coin où se trouve le poêle, souvent c’est à cet endroit, près de la fenêtre, au sud, que l’on place la table et l’étagère des icônes où des peintures saintes, selon le rite, sur verre, sur toile, sur papier ou d’autres objets « sacrés » pour les habitants du lieu comme la toile brodée, la gerbe de la dernière moisson…

Dans la cuisine, on retrouvait bien entendu les différents ustensiles de cuisine comme des plats en terre cuite. On y trouvait les pots à lait en argile avec une anse – mliečnik, les divers pots à eau, cruche, pichet, bassine, casserole, conçus pour la cuisine, le stockage de lait et de levure. De même que les pots de grès ou en faïence, les pots à ventre avec poignées ou les pots à col étroit. On y trouvait aussi l’évier moulé pour stocker l’eau potable dans le froid pour le travail du terrain, des bols en faïence, en grès, ou encore des pots en étain, en cuivre, en porcelaine ou d’autres contenants métalliques à corps bulbeux, utilisés pour le stockage à court terme de boissons, de liquides et d’autres récipients dont le ballon était plus étroit (pour emporter lors de déplacement, de voyage) et des bouteilles en verre pour l’alcool. S’y trouvait encore la truhlica – le coffre ou la boîte en bois, le súdok – un tonnelet en bois ou en grès pour la choucroute.

La finition intérieure comportait des tableaux, des peintures sur verre à motif religieux, Madone, saints patrons… mais aussi des motifs à caractère populaire comme les motifs de Jánošík en rappel à la légende de Janošik, des chiffres en forme de fleurs…

Sur les étagères, on plaçait des poteries peintes, mais on déposait aussi la literie – les oreillers et la couverture avec des motifs tissés ou en tissus coloré ou imprimés bleu-indigo.

Et, bien entendu, une partie de la décoration des logements était composée de sculptures populaires en bois : jouets, personnages civils ou de personnages saints de Bethléem comme Madone, Pietà, saints bienfaiteurs…

A l’intérieur encore, les troncs étaient soit laissé « brut » soit, pour récupérer les « bosses », enduit d’un plafonnage composé d’argile et peint ensuite avec de la chaux blanche ou tout simplement enduit de chaux. La chaux était utilisée pour son effet antiseptique et aussi parce qu’elle laissait « respirer » la cloison et empêchait la condensation de la vapeur d’eau.
Mais, auparavant, afin de rendre étanche aux vents les interstices entre les troncs, ces espaces étaient complétés soit de mousse végétale, soit d’une latte coupée en triangle ou soit encore, le procédé le plus courant, d’une corde de chanvre tressée chassée dans l’interstice du joint.

Le sol

Le sol de la partie habitée consistait le plus souvent en un plancher en bois sur lequel un (ou plusieurs) tapis était posé.

Mais le sol était parfois en terre battue, lissée. Parfois, un tapis posé à même la terre améliorait le confort de cet intérieur d’habitation.

Les parties « non-habitables » de la maison comme le cellier, le débarras, l’atelier… étaient, la plupart du temps, en terre battue.

Le toit

Le plus ancien type de matériau de couverture fut l’écorce d’arbre, qui une fois déposée sur le toit de la maison, était complétée par des roches plates ou, parfois, par de la mousse végétale voire du gazon séché.
Plus tard, les hommes ont utilisé un revêtement plus durable et notamment les bardeaux de bois – šindeľ en slovaque, qui sont devenu une des caractéristiques de l’architecture en bois.

Dans certaines régions, on utilisait la paille, comme pour les maisons des Habáni – Anabaptistes à Velké Leváre ou encore des roseaux, en particulier dans le sud de la Slovaquie, dans la plaine du Danube.

L’eau pluviale qui ruisselle sur les versants n’est pas toujours canalisée par une gouttière au pied du versant de la toiture. Ce pied de versants débordent largement des murs, de cette façon l’eau est rejetée à distance des murs (c’est le principe de la gargouille dans la construction des cathédrales). C’est aussi pour cette raison que le soubassement de la maison est réalisé en pierre.

L’autre partie de la maison comportaient les bâtiments agricoles, la grange, le grenier à blé et/ou à pommes de terre, la fosse à grains de blé…

Dans le village de Martinček, près de la ville de Ružomberok, on peut voir sur la colline, en-dessous de l’église gothique Saint-Martin (3), 35 petites constructions étranges. En fait, ce sont de petits toits en bois, appelés dáška (des dášky) mot dérivé de l‘allemand dach – petit toit qui couvrent une fosse de 5 mètres de profondeur environ et qui servent, pour les habitants, au stockage de pommes de terre ou de légumes.

PS : vous pouvez découvrir ces constructions de maisons dans le village classé au Patrimoine de l’UNESCO de Vlkolinec mais aussi dans le village de Podbiel… auprès des remarquables églises en bois de Sväty Križ, Kežmarok, Hervartov, Ladomirová… et, bien entendu, dans les Musées de plein air – Skanzen où là vous pouvez aussi pénétrer à l’intérieur de certains bâtiments.

Notes

1 Certains bleus comme le « bleu de Prusse » ou le « Pastel des teinturiers » sont connus pour leur qualité d’action répulsive contre les insectes.

2 L’izba, la chambre « traditionnelle » prise dans le contexte de l’habitation est la pièce de vie,  c’est pour nous, notre « living room, notre pièce de séjour ».

3 Cette église dédiée à saint Martin comporte de très jolies fresques d’origine (13e – 14e siècle).

Cet article en pdf : Slovaquie, batiments en Bois

Sources

Perly ľudovej architektúry. Miroslav Sopoliga. DINO. 1996

Malý lexikón ľudovej kultúry Slovenska. Kliment Ondrejka. Mapa Slovakia Bratislava 2003

Le monde mythologique russe. Lise Gruel-Apert. Ed. Imago. 2014

Une histoire symbolique du Moyen Age occidental. Michel Pastoureau. Ed. du Seuil. 2004

Histoire de l’habitation humaine. Viollet-le-Duc. Ed. Pierre Mardaga. 1978

 

 

Découvrir la Slovaquie

Charles Bugan – Mgr Alice Hura

La Slovaquie – Slovenská republika – est une jeune république. Indépendante depuis le 1er janvier 1993 située au centre de l’Europe et est membre de l’Union Européenne depuis le 1er mai 2004. L’Euro est devenu la monnaie officielle depuis le 1er janvier 2009.

On peut dire que la Slovaquie est un pays mosaïque. Une mosaïque composée d’une nature, flore et faune, très diversifiée et composée de forêts, de prés, de vergers, de montagnes, de vignobles, de hameaux, de villages, de petites et grandes villes, de villes d’eau, de lacs naturels ou artificiels, de parcs naturels, de grottes, de musées en plein air appelés skanzen, de splendides églises en bois, de châteaux, d’églises romanes, gothiques… Tous ces éléments ont forgé ce petit pays de 49.036 km2 et de 5.432.438 habitants (1) où l’art populaire et la culture sont mis en valeur aux travers de différentes activités tout au long de l’année.

Géographiquement, la Slovaquie est au centre de l’Europe et est entourée par l’Autriche, la Tchéquie, la Pologne, l’Ukraine et la Hongrie.

Le Danube, venant de Vienne, passe au pied des ruines du château de Devin, près de Bratislava, qui surplombe le confluent de la Morava et du Danube. Le Danube va ensuite continuer son parcours vers la capitale de la Slovaquie, Bratislava, où il passera au pied du château de Bratislava, notamment habité, au milieu du 18e siècle, par l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche alors « roi de Hongrie » et aujourd’hui restauré ainsi qu’au pied de la cathédrale gothique Saint-Martin, avant de poursuivre son cours vers l’écluse et la centrale hydroélectrique de Gabčíkovo avant de quitter le territoire slovaque après la ville frontière hongroise d’Esztergom.

Les rivières les plus importantes sont le Váh d’une longueur de 403 km de long et le Hron ,298 km, qui prennent leur source dans les Tatras et qui se jettent dans le Danube.

Les montagnes, à l’Est de la Slovaquie, font partie du massif des Carpates. Le point culminant est le mont Gerlach – Gerlachovský štít – 2655 m situé dans les Hautes Tatras – Vysoké Tatry. Le parc national des Basses Tatras – Nízke Tatry – est le plus grand parc national de Slovaquie et le Parc du Paradis slovaque – Slovenský raj – protège la zone de Karst slovaque et compte l’une des plus grandes grottes glaciaires du monde. De plus, sur le territoire slovaque on compte 9 parcs nationaux et 16 zones territoriales protégées.

L’architecture populaire est mise en valeur dans plusieurs villages comme à Podbiel, Čičmany et surtout dans les skanzens, les musées en plein air qui permettent de découvrir le cadre de vie des habitants et les constructions en bois, matériau de constitution privilégié par la quantité importante des forêts d’une grande partie de la Slovaquie. En saison, de nombreuses activités folkloriques se déroulent dans ces musées en plein air.

De nombreux châteaux, souvent les ruines, côtoient les castels et manoirs. La liste est trop longue mais nous en citerons trois : le château romantique de Bojnice – Bojnický zámok, le château d’Orava – Oravský hrad et le manoir de Betliar qui sont des lieux incontournables.

Le vin et la bière font aussi partie du patrimoine slovaque. Dans les Petites Carpates près de Bratislava se perpétue une tradition viticole vieille de 700 ans, comme dans la région de Nitra, sans oublier le Tokaj slovaque dans la région de Zemplin ni la medovina.

Autre partie de la mosaïque, les églises romanes, gothiques et les églises en bois avec leurs caractéristiques suivant le rite pratiqué : greco-catholique, catholique romain, orthodoxe et les églises articulaires protestantes qui sont le reflet d’une partie du passé historique de ce pays.

Puisque nous évoquons le passé historique de la Slovaquie, nous terminons cette brève présentation du pays par un passé plus récent, la deuxième guerre mondiale. Dans la ville de Banská Bystrica se trouve le musée SNP – le Soulèvement national slovaque du 29 août 1944 auquel des partisans français ont participé (2) et les sites de Dukla près de la ville de Svidnik.

UNESCO

Sept sites sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial culturel et naturel de l’UNESCO :

1 Banská Štiavnica – ville historique avec des monuments techniques dans les environs (1993)
2 Château-fort de Spiš (Spišský hrad) et ses monuments culturels associés : de Spišská Kapitula et de Spišské Podhradie, l’église médiévale de Žehra, le site Dreveník, la ville historique de Levoča et les œuvres de Maître Paul de Levoča (1993)
3 Bardejov – réserve de conservation du centre historique de la ville (2000)
4 Vlkolínec – réserve d’architecture vernaculaire du village en bois près de Ružomberok (1993)
5 Grottes du Karst slovaque (1995)
6 Forêts primaires de hêtres des Carpates (2007)
7 Églises en bois de la zone des Carpates (2008)

Bref de quoi satisfaire la curiosité de plus d’un touriste.

Et tout cela sans parler de la gastronomie…

Voyager en Slovaquie

Se restaurer

Krčma, Hostinec, Koliba, sont des auberges qui proposent des repas traditionnels et qui sont ouvertes souvent tôt le matin et ferment tard (22h00). Quant aux Salaš – Bergeries ce sont des fermes-restaurants combinant l’élevage de brebis et la restauration – parfois le logement -. Ces bergeries proposent des produits de leur fabrication Halušky, Pirohy, Goulash de mouton…

Camping, logement chez le privé – Pension

A Liptovská Mara notamment, autour du lac du barrage, il existe plusieurs possibilités de camping de même que près du Paradis slovaque.

Le logement chez le privé – zimmer frei, sukromny – est assez répandu dans le pays.

Les pensions sont très fréquentes aussi.

La location de logement est un peu plus rare, mais il en existe de très beaux. Voyez, par exemple, sur le site www.panskydom.sk et cliquez sur « chalupa » dans Ubytovanie, vous découvrirez quelques photos. Ce logement peut accueillir de 6 à 10 personnes.

Sports d’hiver

Les stations des Hautes Tatras – Štrsbské Pleso, Starý Smokovec ; des Basses Tatras, Jasná ; des Fatras (Grandes et Petites) – Donovaly, Ski Park Ružomberok… disposent de toutes les infrastructures et sont très fréquentées.

Rafting et descente de rivières sont possibles

Infos pratiques

Magasins – musées

Fermeture des magasins le samedi à midi, sauf les grandes surfaces qui sont aussi ouvertes le dimanche (Kaufland, Tesco, Billa, Coop Jednota, CBA, Lidl…). De plus, ces magasins fonctionnent souvent de 6h00 à 22h00.

Le lundi est généralement le jour de fermeture des musées.

Sur la route

Alcool interdit pour les chauffeurs, tolérance zéro.

Il est obligatoire de rouler les phares allumés (feux de croisement).

Vignette obligatoire pour emprunter les autoroutes

Il s’agit maintenant d’une vignette électronique que l’on peut acquérir dans les stations-services. On vous demandera votre carnet d’immatriculation afin d’enregistrer votre immatriculation qui sera reprise sur le document papier, preuve du paiement, qui vous est remis. Il n’y a donc plus de vignette à coller sur le pare-brise.

Voir https://eznamka.sk/selfcare/purchase/

Prix de la vignette autoroutière en 2017

10 jours : 10 €

Un mois : 14 €

Un an : 50 €

PS : si vous souhaitez des renseignements n’hésitez pas à nous solliciter via notre adresse mail : www.vaheurope@gmail.com.

Nous vous garantissons une réponse dans les 48 heures

Notes

1 Chiffre au 17 janvier 2017 selon http://countrymeters.info/fr/Slovakia

2 Lire nos articles :

« Célestin Joubier, porté disparu » http://vaheurope.eu/?p=152

« Le monument de Strečno » http://vaheurope.eu/?p=255

« 29 août, jour du Soulèvement national slovaque SNP » : http://vaheurope.eu/?p=236

Photos : Alice Hura et Charles Bugan

Sitologie

http://slovakia.travel

http://www.muzeum.sk

http://www.muzeumsnp.sk

http://www.vhu.sk/dukla

http://www.drevenechramy.sk/drevene-chramy

http://www.tokaj.sk/

Sources

Ottova praktická encyklopédia Slovensko. Ottovo Nakladateľstvo. 2008

Slovaquie en bref. Ján Lacika. Ed Vydavateľstvo Príroda. 2005

L’Épiphanie en Slovaquie

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

En Slovaquie, comme dans plusieurs régions d’Europe centrale et orientale, à la période de Noël est affirmé un réel éclat de traditions masquées (1). On y rencontre des coutumes qui prennent la forme de jeux rituels, de spectacles bibliques, allant du passage de chanteurs de cantiques de Noël et de porteurs de Crèches de Bethléem ou de l’Étoile de Bethléem aux tournées des Rois mages à l’Épiphanie.

En Slovaquie, l’Épiphanie est appelée Traja králi ce qui signifie les Trois rois. C’est la fête du 6 janvier (2) qui tenait une grande place parmi les solennités de l’année chrétienne depuis l’époque médiévale.

Selon la tradition d’autrefois, les drames liturgiques représentant l’arrivée des Rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar à Bethléem, guidés par l’étoile, venus d’Orient et qui apportaient à l’Enfant Jésus de riches présents, furent mis en scène tout d’abord dans les grandes églises des villes royales. Les rôles des personnages bibliques étaient joués par des instituteurs, des étudiants et des élèves.

En Slovaquie, la coutume de jouer la représentation théâtrale de la légende biblique, les mystères de Noël ou l’Adoration des Mages, en vogue depuis le milieu urbain médiéval s’est répandu au cours des siècles suivants dans le milieu rural. Là, le jeu biblique est alors devenu très populaire et s’est enrichi de nombreux chants populaires et de formes de souhaits en formules parlées. Souvent, la version était quelque peu modifiée localement, par exemple un texte était de plus courte durée, les rôles des personnages variaient, les épisodes de pièces différentes étaient combinés… Ils existent ainsi de nombreuses versions locales de jeux bibliques populaires des Trois Rois mages.

C’est probablement la légende Historia trium regum écrit en 1364 (3) par un moine de l’Ordre du Carmel Johannes Hildesheim (1310 – 1375), qui a créé le profilage de la fête des Rois mages dans les pays germaniques et donc aussi, indirectement, dans les régions slovaques habitées dans le passé par des communautés allemandes.

Selon l’ethnographe slovaque renommée Sonia Kovačevičová (1921-2009), le spectacle des Mystères de Noël a commencé à être joué dans les rues de la ville de Bratislava (anciennement Presbourg) en 1439. Auparavant, les Mystères de Noël étaient joués dans les églises de cette ville. Puis, d’autres villes vont suivre l’exemple et laisser jouer ce spectacle. A l’époque ce sont les villes royales libres de Bardejov, de Prešov, de Levoča, de Kežmarok

La coutume du cortège des Trois Rois mages dans les campagnes slovaques

Le cortège populaire des Trois Rois parfois appelé la Marche avec l’Étoile était, dans certaines régions slovaques, avec quelques différences toutefois, très répandu dans presque toute la Slovaquie mais surtout en Slovaquie centrale et orientale.

Anciennement, on fêtait l’Épiphanie par l’arrivée de trois jeunes hommes ou jeunes garçons déguisés en Rois mages. Ils allaient de maison en maison en récitant ou en chantant des poèmes qui paraphrasaient la légende du Nouveau Testament commémorant l’Adoration des mages à peine l’enfant Jésus né.
Pour ce cortège, les garçons portaient sur le corps une longue chemise blanche, sur la tête une haute couronne ornée d’une croix et ils tenaient à la main un bâton, parfois ils portaient un petit modèle en bois de la Crèche de Bethléem.

La soirée du jour des Trois Rois était l’occasion d’une fête pour la jeunesse slovaque, laquelle organisait un festin collectif.

La quête du cortège du clergé catholique

Encore aujourd’hui, pour l’Épiphanie en Slovaquie, il existe une tradition qui est « le cortège du curé avec les servants d’église ». Ils font du porte à porte auprès des demeures catholiques et vont bénir les maisons et écrire sur le dessus des portes des maisons trois lettres G – M – B. Il s’agit des initiales des rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar. Ils ajoutent à ces trois lettres le millésime, ce qui donne pour cette année : G – M – B – 2017 (4)

En Slovaquie, le 6 janvier, le cortège des Trois rois mages visitant des maisons, les gens disaient « qu’ils contrôlaient l’inscription des initiales G – M – B sur les portes ». Là où ils ne trouvaient pas cette inscription ils apportaient, prétendument, tout bonheur à la famille !

Déjà au 16e siècle, l’Église protestante interdit les quêtes du clergé protestant à l’Épiphanie. Au premier tiers du 19e siècle, Jan Kollar (1793-1852), pasteur protestant, poète et collectionneur du folklore slovaque a publié de 1834 à 1835 une critique dans son œuvre Narodnie spievanky. Il s’agit d’un recueil de chants populaires, qui contient 2675 chants populaires slovaques collectés par Jan Kollar dans les dix comitats de ce qui était alors la Haute Hongrie, donc sur le territoire de la Slovaquie actuelle. Je cite : « Que chez les slovaques, la Koleda est devenue une coutume de quête ecclésiastique, selon laquelle, prêtre, recteur, sacristain, certains chanteurs du chœur et des fidèles, les hottes sur le dos, circulaient à la Nouvelle année dans les rues du village et de la ville, de porte en porte des maisons en chantant des chants religieux et en collectant de l’argent et des provisions ».

Les spectacles bibliques

Une forme ancienne des coutumes de Noël du 18e siècle d’un genre de spectacle biblique popularisé dans le milieu rural de l’ancien comitat de Zvolen (en Slovaquie centrale) est enregistrée. Selon les sources ethnographiques publiées récemment, les acteurs de ce spectacle biblique, en forme de jeu populaire, étaient la jeunesse du village qui se rassemblait en cortège des Trois Rois.
Les jeunes gens déguisés avaient en rôles principaux : un Ange, habillé d’un vêtement long blanc ceinturé et ayant sur le dos deux ailes d’oie. Il tenait un bâton sur le bout duquel se trouvait une étoile en papier et une chandelle de cire allumée qui faisait comme un lampion. Deux autres personnages, des bergers, appelés Kubo et Lauro, portaient des vêtements de bergers de la région. Un personnage biblique, Joseph, vêtu d’une pelisse de fourrure de mouton ceinturé par un cordon de paille tressée, portait sur la tête un bonnet de fourrure de mouton, et il maintenait sur l’épaule, une grosse trousse pour les cadeaux. Le personnage biblique de Marie, vêtue d’un costume féminin, tenait dans ses bras un petit berceau avec une poupée d’enfant. Les trois rois, Gaspard, Melchior et Balthazar, étaient vêtus de costumes luxueux et ils avaient le visage noirci de suie de fumée. Ce groupe visitait les maisons, les fermes. Ils se présentaient dans la cour de la maison et jouait le spectacle. Placés autour d’une scène biblique, ils récitaient des vers traditionnels de bonheur et de prospérité, de fertilité et de fécondité pour tous, bétail compris, pour l’année qui commence.

Les cortèges avec l’Adoration des Mages, joués le jour de l’Épiphanie, et la fête des Rois clôturaient les réjouissances du cycle des douze jours qui préfiguraient le Carnaval.

Dévotion à la crèche de Bethléem en Slovaquie

Le jeu populaire de la légende de l’Annonce aux bergers trouve son origine dans l’évangile de Luc 2, 6-20, quant aux « mages » c’est dans Matthieu 2, 1-11 (5).

Les bergers se rendirent à Bethléem, et c’est ainsi qu’existe une adoration des bergers qui fait pendant à l’adoration des Rois. Toutes ces légendes étaient très populaires sur le territoire slovaque et cela a donné la Marche avec l’Étoile de Bethléem, une étoile fixée sur un long bâton

Les Jeux pastoraux de Bethléem interprétés par les bergers slovaques

Les récits populaires représentant le scénario de l’Annonce aux bergers et leur arrivée à la crèche de Bethléem trouvent leur origine dans les pièces liturgiques médiévales, cependant, elles étaient enrichies par une humeur apportée par des éléments particuliers de la culture populaire slovaque même s’il est évident que le scénario, quoique réduit à une synthèse de quelques gestes répétitifs, était profondément symbolique.

Lors du déroulement de la fête dans les régions montagneuses slovaques, le cortège des bergers faisait du porte à porte dans le village en récitant des poèmes de Noël, en chantant et en dansant dans la « chambre » (6) de la maison, devant la toute famille. À la fin de la représentation, on leur offrait des friandises ou de l’argent.

Dans la région de Turiec, habitée à majorité par les protestants, c’était le cortège des jeunes bergers de la région d’Orava, pourtant catholiques, portant la Crèche de Bethléem (7). Ils visitaient les maisons des villages ou ils étaient aussi invités par des familles évangéliques protestantes. Les bergers d’Orava porteurs de la Crèche étaient vêtus d’un pantalon de drap blanc et tenaient en main un bâton. Ils chantaient en dansant en tournant comme dans une ronde et ils marquaient le rythme en frappant avec le bâton sur le sol. Ce spectacle était scandé par la récitation de souhaits de bonheur, de prospérité et de la bénédiction divine pour la santé de leurs hôtes.

Les personnages principaux du jeu de l’Annonce aux bergers, étaient l’Ange représenté par un garçon déguisé, vêtu d’une longue chemise blanche avec des ailes sur le dos et portant un modèle de Crèche de Bethléem en papier peint ou en bois sculpté. Les autres personnages étaient vêtus du costume populaire traditionnel des bergers, avec dans le rôle de Chef-berger, Bača, et trois personnages dans le rôle des Bergers valaques sous les noms de Stacho, Fedor et Kubo, ce dernier représentant un « pauvre » gars du village (8).
La structure du jeu des bergers était la même partout. Le jeu était interprété par cinq acteurs, souvent des paysans du village. L’événement du jeu se déroule depuis le moment où l’Ange leur annonce qu’un enfant merveilleux est né. Les acteurs du jeu de bergers chantent un refrain très populaire au temps de Noël dont voici pour exemple un chant de la région de Liptov :

Pásli ovce valasi
pri Betlemskom salaši,
hajdom, hajdom, tidlidom.
Anjel sa im ukázal
do Betlema ísť kázal,
hajdom, hajdom, tidlidom.
Vstante hore a iďte,
Pána Krista nájdete.
Nájdete ho v jasličkách,
ovitého v plienočkách,
hajdom, hajdom, tidlidom!

Que l’on peut traduire par :

Les bergers gardent les moutons près de la bergerie de Bethléem, hajdom, hajdom, tidlidom ;
L’Ange leur est apparu et leur disant d’aller à Bethléem, hajdom, hajdom, tidlidom ;
Il dit : Réveillez-vous, allez hajdom, hajdom, tidlidom ;
Le Seigneur Jésus-Christ vous le trouverez, hajdom, hajdom, tidlidom ;
Vous le trouverez dans la crèche, emmailloté dans un petit maillot, hajdom, hajdom, tidlidom !

Les superstitions

Voici quelques superstitions en rapport avec le jour de l’Épiphanie

L’eau bénie ce jour était ajoutée à la nourriture pour le bétail par les paysans,

La chandelle bénie, appelée la chandelle des Trois Rois, était allumée près du lit d’un mourant ou en temps d’orage,

Le cercle qui était dessiné par la craie bénie devenait un endroit sécurisant qui empêchait l’entrée des puissances obscures néfastes. Avec cette craie bénie était dessinée une ligne de contour autour de la porte et des fenêtres des étables pour empêcher aux sorcières l’entrée dans l’étable du bétail,

L’ail béni étaient porté par les gens qui étaient obligé de se déplacer sur l’eau, de traverser un gué. Cet ail était un moyen efficace contre les esprits néfastes de l’eau – Vodník – esprit des eaux, Maître des eaux douces dans les contes populaires.

Tous moyens bénis le jour de la Fête des Trois Rois étaient utilisés par les gens soit contre les mauvaises et néfastes puissances comme les enchanteresses, les sorcières, les démons, les esprits de l’eau…, soit contre une catastrophe naturelle comme tempête, sécheresse, inondation, grêle… et les incendies.

Autrefois, dans la vallée du Hornád, les habitants ruraux très superstitieux apportaient à l’église pour la bénédiction du jour de l’Épiphanie, une petite cruche contenant de l’eau et un panier contenant divers éléments comme du sel, de la craie, de l’ail, de l’oignon, de la pomme de terre, des graines de blé. Ces éléments étaient une partie des plats exposés sur la table de Noël, éléments auxquels on ajoutait un morceau de pain de Noël duquel on avait prélevé la mie remplacée alors par des miettes des gâteaux de Noël et des coquilles de noix. Au printemps, ils plaçaient le contenu de ce panier béni dans le premier sillon labouré du champ, ainsi le blé était semé et la pomme de terre était enterrée.

La coutume de la bénédiction de l’eau, du sel et de la craie à l’Épiphanie est encore pratiquée de nos jours dans les églises slovaques.

En Slovaquie, l’Église gréco-catholique fêtera le 6 janvier l’Apparition de Jésus-Christ aux Rois mages, c’est une grande fête de la religion uniate.
L’Église orthodoxe slovaque, célébrera ce 6 janvier la Nativité de Jésus-Christ, la Fête de Noël, selon l’ancien calendrier julien.
Pour l’Église catholique slovaque, le 6 janvier, et selon les anciennes coutumes, on procèdera à la bénédiction divine de la Fête des Rois mages des objets apportés par les fidèles. C’est ainsi que dans les églises sera béni l’eau, l’ail, une chandelle de cire, une craie blanche et parfois aussi le sel.

Texte extrait de notre conférence : Les traditions de Noël en Slovaquie

Notes

1 En Europe centrale et dans les Balkans, les termes « masques, masqués » ne désignent pas seulement ce qui déguise le visage mais tout un ensemble.

2 La date de la Nativité a été, en 354, à Rome déplacée du 6 janvier au 25 décembre. Le 6 janvier deviendra alors la date de l’Épiphanie.

3 Vianoce na Slovensku…od Ondreja do Troch kráľov. Zuzana Drugová.

4 C – M – B, ces initiales peuvent être interprétées comme celles des Rois mages : Caspar (ou Gaspar), Melchior et Balthasar, mais peuvent également être lues comme l’acrostiche de « Christus Mansionem Benedicat », « que Christ bénisse cette maison ».

5 Le mythe des Mages fut très prisé dans les Églises du Proche-Orient, et sans doute « prescrite » sous l’influence de l’Église perse, avec l’inspiration de textes « apocryphes » comme le Protévangile de Jacques ,l’Évangile de l’enfance, les Actes de Thomas et surtout l’Opus imperfectum in Mattheum attribué à saint Jean Chrysostome. Dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, lire « La nativité de N.S. Jésus-Christ selon la chair » et « l’Épiphanie du Seigneur ».

6 Comme déjà dit dans un article précédent, le terme « chambre » doit être compris dans ce contexte comme « pièce de séjour ».

7 L’invitation a présenter dans cette région majoritairement protestante le spectacle de la « Crèche de Bethléem » par des jeunes bergers catholiques de la région d’Orava vient du fait que ce spectacle n’existant pas chez les protestants, c’étaient les jeunes bergers venant de la région d’Orava qui assuraient la représentation. La plupart de ces bergers étaient et seront les travailleurs saisonniers chez les riches propriétaires protestants de la région de Turiec.

8 Kubo est un personnage, un homme, pas très propre, jovial, un peu « benêt » revêtu d’une veste de mouton à l’envers, il porte sur la tête un vieux chapeau de berger en mouton, son visage est noirci de suie de fumée. C’est un personnage mi-homme mi-animal (le chien du berger ?). Kubo symbolise le sans-souci, la simplicité, il fait des « bêtises ». Mais à un moment de leur danse, Bača, Stacho et Fedor vont former un triangle, tenant leur bâton à bout de bras vers le haut et Kubo est couché sur le sol au centre, sous la protection des bâtons des bergers. Le nom de Kubo est dérivé du prénom Jakub.

Voir la remarquable vidéo Vianoce v Karpatoch  par le Ballet folklorique national slovaque Lúčnica sur youtube (lien ci-dessous).

www.youtube.com/watch?v=NjYRU8pWYDo

Sources

Ľudová kultúra. Zuzana Beňušková. Kultúrne Krasý Slovenska. Dajama

Malý lexikón ľudovej kultúry Slovenska. Kliment Ondrejka. Mapa Slovakia Bratislava 2003

Slovenský rok. Receptár na dni sviatočné všedné i pôstne. Ratislava Stoličná-Mikolajová. Vydavateľvo Matice Slovenskej. 2004

U nás taka obyčaj. Slovenské ľudové tradicie. Vojtech Majling. Computer Press, Brno. 2007

Vianoce na Slovensku…od Ondreja do Troch kráľov. Par Zuzana Drugová, 2008. Slovak edition – OTTOVO NAKLADATELSTVI, 2009.

Les Fêtes de Dieu. La foi, l’histoire, les mythes. Guy Deleury. Ed. du Félin. 1994

Dictionnaire d’iconographie romane. Marc Thoumieu. Ed. Zodiaque

La fête au Moyen Âge. Gérard Lomenec‘h. Ed.Ouest-France. 2015

La Sainte Bible. Par Louis Segond. Ed. La Société Biblique Canadienne. 1976

1er janvier, nouvelle année

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Le Nouvel an en Slovaquie

Le 1er janvier est considéré comme le début de l’année, mais ce n’était pas le cas autrefois. Ce n’est qu’à partir de 1582 que la date du Premier janvier a été officiellement introduite par le pape Grégoire XIII pour être abandonnée puis réintroduite par le pape Innocent XII en 1691.

C’est en 1587, que la date du calendrier grégorien est officiellement adoptée dans le Royaume de Hongrie et, bien entendu, sera en vigueur sur le territoire de la Slovaquie actuelle, l’ancienne Haute Hongrie.

Ce changement a eu un effet rapide dans les coutumes traditionnelles de la culture populaire slovaque. En effet, la conséquence de ce changement de calendrier annuel, fut que les coutumes et les rituels auraient lieu dorénavant pendant la période du nouvel an, entre le 25 décembre et le 6 janvier, alors qu’ils commençaient auparavant à la fin du mois de Novembre. Selon les ethnographes, à cause de ce changement de date, les coutumes et rites liés au Premier janvier se sont déplacés à cette nouvelle période tout en respectant les traditions précédentes dont ils ne sont, en principe, que leur répétition.

Les rites fixés au début de la matinée au Nouvel an

Le rituel du lavement et du nouveau feu dans le foyer

Sur tout le territoire slovaque cette coutume du lavement était pratiquée de bon matin du premier jour de la nouvelle année.

Selon la coutume de ce jour-là, l’homme – le maître de maison – en sa qualité de « premier de famille » se levait tôt le matin pour apporte l’eau fraiche à la maison. Selon les localités slovaques, c’est le fils cadet de la famille, qui allait, tout de suite après minuit, chercher l’eau du puits ou du ruisseau dans un seau en bois.

Le maître de maison souhaitait alors le « Bonjour » en récitant la formule magique : « Prv je voda než oheň, daj, Bože dobrý deň » que l’on peut-être traduire par : « L’eau était la première avant le feu, donne, Bon Dieu le Bon jour ». Le maître de maison va alors tremper un rameau dans cette eau et asperger la maison en commençant par le toit et l’étable en récitant cette formule magique de façon à assurer la protection contre les incendies, fréquents auparavant dans les maisons en bois du village. Puis, tous les membres de la famille se lavaient rituellement, chacun à leur tour, avec l’eau apportée dans le seau dans lequel on avait précédemment jeté, selon la localité, une pièce de monnaie pour la richesse et une pomme pour la santé ou au lieu de la pomme, on ajoutait du raifort pour la force (1).
Le rituel du « lavement » de la famille avait pour but d’assurer l’unité familiale.

Une variante de ce rite voulait qu’avant d’asperger la maison et l’étable, le maître de la maison aspergeait les membres de la famille et la chambre (2).

La puissance magique de cette matinée se retrouvait aussi avec le miel. Dans ce rituel, la mère de famille, marquait le front de chaque membre de la famille avec du miel, ainsi que la porte de la maison. On croyait que le miel était une fortune, un cadeau de joie.

Après le lavement rituel de la famille, le maître de maison allumait le feu dans le foyer et allumait la lumière de la maison.

Dans la région de Hont, de bon matin, le maître de maison, entrait dans l’étable des vaches et constatait selon la position des vaches si elles avaient été visitées pendant la nuit magique par les sorcières : si elles étaient couchées, tout était en ordre, mais si elles étaient débout, le maître de maison raisonnaient qu’elles avaient été inquiétées la nuit par les sorcières.

Les superstitions

Dans la région ethnographique de Horehronie, on croyait que le rêve du sommeil de la nuit de la Saint-Sylvestre à la Nouvelle année deviendrait réalité puisque cette nuit avait une puissance magique.

Les gens croyaient que le premier jour de l’année marquait toute l’année « tant au Nouvel-An, et tant tout l’an ». Donc, les gens faisaient attention à la manifestation d’émotions négatives ce jour-là : ils se ne querellaient pas, ils ne pleuraient pas… La fille à marier croyait que si elle tombait trois fois, ce qui n’était pas rare par ce temps en plein hiver sur le verglas, que dès lors, son nom « tomberait » trois fois à l’annonce du mariage de la chaire à l’église et qu’elle allait alors se marier dans l’année (3).

Au Nouvel an, il faut bien faire attention que la maison soit propre, sans saleté et tout rangé en ordre, chez les gens comme pour le bétail.
Comme pour d’autres moments de la période de l’avent, nous l’avons vu dans les articles précédents, il y avait l’interdiction de certains travaux féminins : pas laver la lessive et pas suspendre du linge sur un séchoir. Les femmes ne cousaient pas, car c’était une interdiction superstitieuse de prévention afin que les poules pondent bien (4) de plus, si par malheur une femme pratiquait un tel travail, ses doigts allaient devenir purulents.

La visite d’une femme tôt le matin du nouvel an était mal perçue, de même que la visite d’un malade ou d’un vieux. C’est pour cette raison que dans certaines localités autour de la ville de Bardejov, tout de suite après minuit, des musiciens tsiganes jouaient sous les fenêtres des maisons du village afin d’apporter de bons signes pour la nouvelle année.

De même, tôt le matin, la visite à la maison par une personne étrangère était aussi mal perçue. Si la visite était nécessaire, le visiteur devait apporter à la maison un gâteau ou de l’argent, de cette façon, il proclamait qu’il apportait non un dommage mais un avantage pour la maison visitée

La météo prémonitoire

Les prévisions météorologiques étaient fréquentes au jour de Nouvel-An, en voici deux :
– si au début de la matinée l’aurore est bien rouge, l’année nouvelle sera marquée par des tempêtes et par de mauvaises récoltes.
– une pluie fine mais intensive annonce de bonne récolte dans les champs et il y aura de gros épis de blé.

Les quêtes matinales du Nouvel-An par les jeunes hommes

De bon matin, un cortège de garçons faisait la tournée traditionnelle du village et ils présentaient leurs vœux en récitant en vers des vœux de bonheur et de bonne santé…
Dans certaines localités, les garçons après leurs arrivées à la maison, jetaient des graines de blé sur le seuil de maison, pratiquant ainsi un rite visant à assurer la prospérité de la maison visitée.
Dans la Slovaquie centrale, les récits de vers amusant de bonheur et de bonne santé de la nouvelle année était très répandu. Voici par exemple un vœu teinté d’humour : « Vinšujem vám šťastlivý nový rok, aby vám odpadol z pece bok a z povaly hrada, aby sa vydala vaša dievka mladá » qui peut être traduit par : « je vous souhaite une heureuse nouvelle année, afin que tombe votre coin de feu – du four – et une poutre du plafond afin que votre jeune fille se marie ».

Dans le village de Rača, aujourd’hui un quartier de la capitale slovaque Bratislava, le fossoyeur de la commune accompagné de sa famille faisait la tournée de quête. Ils prononçaient des vœux de bonne année et obtenaient des victuailles – farine, vin, pommes de terre, saindoux, œufs…

Dans la région du nord d’Orava, de Spiš et de Horehronie, on cuisait une pâtisserie spéciale pour les quêteurs de Nouvel an, appelée novelátka ou novoročátka dans la région d’Orava.

Après le lever du soleil les voisins se rendaient visite en prononçant des vœux de bonne année et se tendaient la main. Alors, commençait le temps de paix, il arrivait même que des voisins en courroux l’un envers l’autre buvait le verre d’amitié en cette matinée du Nouvel An.

Le jeu d’Adam et Eva chassés du Paradis

Avant ce jeu était connu comme le cortège avec le serpent. Il s’agit d’un jeu selon un épisode biblique popularisé en Slovaquie depuis le Moyen Âge mais tombé en désuétude au milieu du 20e siècle.
La pièce était inspirée de l’Ancien Testament, chapitres 2 et 3 de la Genèse, consacré à la Création. La base du drame est le chant populaire au motif liturgique illustrant la création d’Adam et Éve au Paradis. Les vœux du cortège étaient prononcés par de petits garçons, de 10 à 12 ans, portant un accessoire théâtral qui était appelé le serpent. Ce « serpent » avait une tête de serpent en bois, le corps plié en accordéon. Il était porté par deux garçons qui le tenaient tel un accordéon pendant leur chant. Ce serpent portant une petite couronne avec une bougie allumée sur la tête et sur sa langue la pomme, symbole du fruit de la Tentation du jardin d’Éden. Le jeu était joué au temps de Noël et surtout au Nouvel An de porte en porte dans les villes de Krupina, de Banská Bystrica, de Banská Štiavnica et de Ružomberok, où les petits acteurs étaient récompensés.

Superstitions culinaires

Le repas du Nouvel-An était et est soigneusement préparé, sur la table ne manquent pas la viande de porc symbolisant la prospérité, MAIS la viande de volaille et de lapins était interdite car selon la croyance populaire, la fortune allait s’envoler ou courir loin de la maison après la consumation de ces viandes.

Par ailleurs on préparait, prépare encore, le potage de lentilles car selon la croyance populaire toujours, la lentille est un symbole de l’argent. Pour la même symbolique, dans d’autres endroits, on cuit des gâteaux au pavot. La cuisson des pirohy, pâtes farcies traditionnelles assurait le gros bétail de la ferme, ou la cuisson de longues nouilles assurait de grands épis de blé sur les champs.

Notes

1 La pomme ou le raifort trouve ici la même valeur symbolique : santé et force.

2 La chambre est ici prise dans le contexte de l’habitation on pourrait parler de « pièce de séjour » (voir photo).

3 Anciennement, les fiançailles étaient annoncées trois fois par le prêtre à l’église, puis le mariage pouvait avoir lieu.

4 Coudre signifiait, symboliquement, le fait de « fermer » le cloaque, l’orifice par lequel passe les œufs.

Texte extrait de notre conférence : Les traditions de Noël en Slovaquie

PS : les photos  du « serpent » d’Adam et Eve proviennent de Malý lexikón ľudovej kultúry Slovenska. Kliment Ondrejka. Mapa Slovakia Bratislava 2003 et de « Serpent » d’Adam et Eve – région de Hont en 1910 (photo NB de : archive de l’institut ethnologie SAV Slovaquie)

Sources

Vianoce na Slovensku…od Ondreja do Troch kráľov. Par Zuzana Drugová, 2008. Slovak edition – OTTOVO NAKLADATELSTVI, 2009

Ľudová kultúra. Par Zuzana Beňušková. Kultúrne Krásy Slovenska. Dajama

Malý lexikón ľudovej kultúry Slovenska. Kliment Ondrejka. Mapa Slovakia Bratislava 2003

Slovenský rok. Receptár na dni sviatočné všedné i pôstne. Ratislava Stoličná-Mikolajová. Vydavateľvo Matice Slovenskej. 2004

U nás taka obyčaj. Slovenské ľudové tradicie. Vojtech Majling. Computer Press, Brno. 2007

Z ľudovej kultúry Turca. Eva Pančuhová, Zora Mintalová a kolektiv. Matica slovenská. 2004