28 avril 1950, la fin de l’Église gréco-catholique

Alice Hura – Charles Bugan

Pour les gréco-catholiques slovaques le 28 avril 1950, est un souvenir douloureux, et toujours présent dans leur mémoire, qui signifiait la fin de l’Église gréco-catholique.
Après le coup de force du 15 avril contre les monastères catholiques, le 28 avril 1950, marque la date de la ″liquidation″ totale de l’Église gréco-catholique par le gouvernement communiste tchécoslovaque. Après 300 années d’existence de l’Église gréco-catholique la dictature communiste supprime la religion ancestrale des Ruthènes slovaques.

Le parti communiste gouvernant la Tchécoslovaquie opte pour l’orthodoxie moscovite, et convoque une assemblée le 28 avril 1950 dans la ville de Prešov : ″Pour un retour à l’Orthodoxie russe″, en présence de 820 délégués dont 747 membres de comités communistes et 73 clercs gréco-catholiques. Cette assemblée proclame l’élimination de l’institution historique de l’Église gréco-catholique ou Uniate, installée depuis 1646, et historiquement connue sous le nom d’Union d’Oujgorod.

Pour rappel, c’est en 1596 que par l’Union de Brest-Litovsk (en Biélorussie aujourd’hui), une partie des orthodoxes ukrainiens se rallient à Rome, tout en conservant leur rite ; ils constituent ainsi la première communauté « Uniate » de l’orthodoxie.

En 1645, le prince de Transylvanie, Georges Ier Rakóczi prend la tête du soulèvement anti-habsbourgeois en Hongrie royale, et ce seigneur, protestant, va imposer la foi réformée aux orthodoxes slovaques et ruthènes, par la devise ″cuius regio, eius religio″. Le 24 avril 1646, 63 prêtres orthodoxes du pays slovaque oriental s’unissent avec l’Église catholique contre l’expansion du protestantisme du prince Rakóczi, et pour faire admettre l’utilisation de la langue liturgique slave ancestrale et une discipline religieuse orthodoxe. Cela aboutira à la mise en place de l’uniatisme. Le premier évêque uniate, gréco-catholique, Peter Parthenij Petrovič, ancien prêtre orthodoxe serbe, sera nommé en 1651.
L’église gréco-catholique – Uniate, sous l’aile de l’Empire habsbourgeois, sera officiellement confirmée le 14 mai 1648 par archevêque Lippay, Primat hongrois d’Esztergom, et par le synode épiscopal de Trnava (Nagyszombat en hongrois) en septembre de la même année.

Après la fondation de la République tchécoslovaque en 1918, une forte position avait le courant ruthène est soutenu par le clergé de l’Église gréco-catholique. Mais ensuite, entre les deux guerres, une orientation ruthène en Slovaquie se caractérisée peu à peu en trois tendances ethniques : pro-russe, ruthène et pro-ukrainienne. Cette dernière tendance ayant pour ambition l’influence sur l’évolution de la culture ruthène. Après 1945, un Conseil national ukrainien est créé en Slovaquie. Il va devenir l’organisme politique et national des Ruthènes de la Slovaquie orientale, dans le but d’améliorer le niveau de vie tant du point de vue politique, économique, social et culturel, mais avec une orientation russophile pour les Ruthènes slovaques.

Après le 28 avril1950, les temples et les biens de l’Église gréco-catholique sont transférés aux mains des orthodoxes soumis à Moscou. Des 328 prêtres gréco-catholiques, seulement 23 vont se convertir à l’orthodoxie russe. Les deux évêques gréco-catholiques sont emprisonnés, où l’un d’eux, Pavel Peter Gojdič va y décéder, en 1960, à l’âgé 72 ans. Quant aux familles des prêtres désobéissants, elles sont expulsées par la force dans ce qui était la région des Sudètes avant la deuxième guerre mondiale, au nord de la Bohême, à plus de 700 kilomètres de la région ruthène de Slovaquie.

En 1950, l’église gréco-catholique de Slovaquie comptait environ trois cents milles croyants ruthènes et slovaques, mais après 1991, seulement 16937 personnes proclament leur confession gréco-catholique.

L’évêque orthodoxe Alexeï de l’Éparchie de Prešov (1950-1955), de son nom d’origine Alexandre P. Dechterev, ancien officier russe et ex-agent de la police secrète du MVD – le Ministère des affaires intérieures à l’époque soviétique – va suivre une formation à Kiev grâce à laquelle il sera installé ensuite au poste d’évêque orthodoxe pour les Slovaques, il est ainsi à la tête de l’Église orthodoxe en Slovaquie sous le gouvernement communiste staliniste.

En 1968, lors du Printemps de Prague, l’état tchécoslovaque va permettre le rétablissement de l’Église gréco-catholique. Les interlocuteurs ruthènes slovaques refusent en public une orientation ukrainienne dans la linguistique ruthénienne et demandent une reconnaissance de la minorité ethnique des Ruthènes en Slovaquie avec le rétablissement de l’Église gréco-catholique. Après 1989, la question de l’identité ruthénienne est de nouveau ouverte.

Dès 1990, après la Révolution de velours, l’état tchécoslovaque va, par la loi de restitution, remettre les biens et les temples occupés par les orthodoxes russes depuis 1950 aux gréco-catholiques. Cela ne se fera pas sans heurts, et de nombreux incidents vont opposer les habitants des villages des deux obédiences.

La culture ruthène en Slovaquie

Cette culture ruthène montre un ensemble d’églises en bois avec des icônes, et constitue, en outre, le folklore ruthène avec des chansons rituelles et le rite calendaire de Pâques, de Noël, etc…, mais aussi avec des chansons de mariage, et de danse, des berceuses, des ballades et des contes populaires. Les Ruthènes slovaques se divisent en deux groupes dialectiques : un est le groupe occidental des Lemkos dans la région de Veľký Lipník jusqu’à Vyšná Jablonka ; l’autre est le groupe oriental des Boïkos aussi appelés Pujdaci, situé géographiquement des environs de la vallée de la petite rivière Pčolinka et de la région en amont de la rivière de Cirocha, jusqu’au cours supérieurs de la Latorica et de l’Už – Uh en slovaque et Ouj en francais.

Signalons encore que trois églises en bois Gréco-catholiques – Uniates sont reprises au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008. Il s’agit des églises Saint-Nicolas à Bodružal, de l’Archange Saint-Michel à Ladomirová et Saint-Nicolas à Ruská Bystrá.

PS : pour les besoins de notre exposition photos dont le thème était ″Les églises en bois de Slovaquie″, nous avons visité un grand nombre de ces églises uniates de l’est de la Slovaquie et nous pouvons vous garantir que les églises visitées étaient du plus haut intérêt, et nous pensons notamment à celles des villages de Ladomirová, d’Uličské Krivé, de Miroľa, de Brežany…

Inconvénient, la visite de l’intérieur de ces églises en bois n’est pas toujours facilement accessible et il est très souvent interdit de photographier.

Liens

http://vaheurope.eu/?p=125 : L’église en bois de Matysová

http://vaheurope.eu/?p=104 : Le village d’Inovce et l’église en bois de l’Archange Saint Michel

Sources

Dejiny Slovenska a slovákov. Milan S. Ďurica. Slovenské Pedagogické nakladateľstvo. 1995

Encyklopedia ľudovej kultúry Slovenska 1 – 2. Ed. VEDA Slovenskej akademie vied. 1995

Drevené kostoly. Miloš Dudáš, Ivan Gojdič, Margita Šukajlova. Dajama. 2007

2000 ans de chrétientés ; Gérard Chaliand – Sophie Mousset ; Ed Odile Jacob, janvier 2000

Les Uniates. Jean-Claude Roberti. Ed. du Cerf. 1992

Document UNESCO : http://whc.unesco.org/fr/list/1273

Akcia K – Opération K

Alice Hura – Charles Bugan

Durant la nuit du 13 au 14 avril 1950, l’Opération K, se met en place. C’est une attaque du régime communiste contre le clergé catholique, attaque qui sera suivie par de nombreux procès.

C’était il y a 70 ans. La Slovaquie se rappelle cette triste date comme la liquidation totale de la vie monastique et intellectuelle, et dans le contexte historique, comme une destruction des valeurs culturelles.

La nuit du 13 au 14 avril 1950, est le témoin d’une opération secrète appelée en slovaque ″Akcia K″, en français ″Opération K″, K comme Kláštor – Monastère. Elle est organisée par le régime communiste tchécoslovaque et ses buts concernent la fermeture de nombreux couvents, la suppression des ordres monastiques masculins et l’internement des moines et de prêtres religieux dans des camps de travaux forcés.

Pendant cette nuit, des unités de la police, de la police secrète communiste, aussi aidés par des groupes de milice communiste armés, procèdent à un raid dans les monastères masculins du pays, au nombre de 75 monastères dans la Tchécoslovaquie, et déportent de façon brutale presque tous les religieux. Ils seront internés dans des ″couvents concentrés″ préparés à l’avance en toute discrétion pour cette occasion.

Les nombreux édifices monastiques seront saisis et transformés en établissements par pour les malades mentaux, en dépôts agricoles… Certains bâtiments religieux seront abandonnés et tomberont en ruines avec le temps.

Aujourd’hui quelques monastères de la Slovaquie ont été transformés en musée. C’est le cas de Červený kláštor et de Hronský Beňadik. Celui de Skalka près de la ville de Trenčín est en grande partie en ruines, comme c’est aussi le cas à Bzovík.

Sources :

Dejiny Slovenska a slovákov. Milan S. Ďurica. Slovenské Pedagogické nakladateľstvo. 1995

Histoire des pays tchèques et slovaque. Antoine Mares. Ed Hatier. 1995

Tchécoslovaquie 21 août 1968

Charles Bugan

Un court printemps et puis… un long hiver

Ce 21 août 2018, la Slovaquie et la Tchéquie commémorent le 50e anniversaire de l’entrée des troupes du Pacte de Varsovie sur le territoire tchécoslovaque de l’époque, mettant ainsi fin au « Printemps de Prague » et au communisme à « visage humain » d’Alexander Dubček (27-11-1921 – † 7-11-1992) et surtout fin de la liberté, liberté chérie.

Une petite exposition d’un photographe du Fotoklub de la ville de Ružomberok, Fedor Polóni, témoin de ce moment, montre le désarroi des habitants des petites villes qui « ne savaient pas ce qui se passait ». Ils voyaient des avions dans le ciel, des véhicules de transport de troupe passer, tous de nationalité ″étrangère″ – soviétique, hongrois, polonais…, mais pas d’information car pas de journaux, ni de radio et pas de télévision » dit-il.

Quelques photos de cette exposition dans la rue.

 

 

Jánošík, rebelle d’honneur et héros légendaire populaire slovaque

Alice Hura – Charles Bugan

Juraj Jánošík (25 janvier 1688 – 17 mars 1713) – rebelle d’honneur, héros légendaire populaire slovaque

Selon les récits populaires slovaques, Juraj Jánošík prenait aux riches pour donner aux pauvres. On retrouve constamment la trace à la gloire de ses actes dans l’art populaire slovaque depuis sa mort au début du 18e siècle, et même dans la culture lettrée slovaque à partir du 19e siècle.

2018 est l’année de la commémoration des 330 ans de la naissance du héros slovaque légendaire de Juraj Jánošík.

Aux archives nationales slovaques de Bytča des documents sont conservés comme : un extrait de naissance ou de baptême daté du 25 janvier 1688 de Juraj Janošik et les documents du procès de justice dont l’acte d’accusation lors de l’audience principale, une plaidoirie, les aveux personnels de Janošik et une déposition de victimes d’un acte de pillage commis par les brigands.

Juraj Jánošík est né en 1688 dans le hameau U Jánošov (Chez János), proche de la commune de Terchova, dans le massif montagneux de la Petite Fatra (Malá Fatra) de la Slovaquie septentrionale.

Dans les années 1707-1708 Jánošík est subjugué par les idéaux de l’insurrection de François II Rakóczi. Jánošík n’a même pas 20 ans lorsqu’il s’est fait enrôler, en décembre 1707, dans l’armée insurrectionnelle des kurucs avec laquelle il a participé à la grande lutte contre les Habsbourg et au combat pour la liberté. Mais lors de la bataille de Trenčín il est fait prisonnier.
Emmené au château de Bytča comme prisonnier, Juraj Jánošík est forcé d’accepter de devenir garde dans l’Armée impériale, surnommée les labancs. C’est là qu’il fait connaissance et se lie d’amitié avec le capitaine de brigands de la région de Kysuce, Tomas Uhorčík, lui aussi emprisonné. Jánošík va aider ce dernier à s’évader et selon le souhait de Uhorčik, Jánošík prend le commandement de la troupe de brigands à l’automne 1711 jusqu’au printemps 1713, en développant son activité surtout dans les régions du Nord-ouest de la Slovaquie actuelle.

Pendant cette période, les braquages sur les routes des nobles, des bourgeois et des marchands par le groupe de bandits de Jánošík se multiplient, jusqu’au jour où le capitaine des brigands, Juraj Jánošík, est capturé. Emprisonné et torturé, au début de mars 1713, Jánošík est condamné à mort par pendaison sur un croc de boucher par le tribunal du district de la ville de Liptovský Mikuláš (alors en hongrois Liptó-Szent-Miklós). La sentence sera exécutée le 17 mars 1713 à Liptovský Mikuláš. Juraj Jánošík devait avoir 25 – 26 ans.

Après sa mort, ses actes sont entrés dans la légende du peuple slovaque et son personnage est devenu un symbole de l’équité et de la combativité pour les droits des pauvres. Il était considéré comme un bon chef de bande.

Son personnage appartient aux figures les plus populaires dans la production artistique au cours des siècles jusqu’à présent. On peut mentionner le retentissement du personnage de Jánošík dans la culture orale populaire slovaque comme dans les chants, légendes et contes ou dans l’art populaire traditionnel comme dans les peintures sur verre ou dans la sculpture en bois, etc., et même Juraj Jánošík fait partie de l’art cinématographique contemporain slovaque. Un ancien film muet de 1921, de la coproduction slovaque-américaine est titré Jánošík (réalisé par les frères Daniel et Jaroslav Siakeľ, émigrés aux États- Unis. En 1995, ce film est repris dans la liste de l’UNESCO comme un héritage culturel mondial. Mais le meilleur film slovaque consacré à Janošik, fut réalisé en 1935 par le metteur en scène Martin Frič (1902 – 1968) avec dans le rôle principal Paľo Bielik, le plus célèbre interprète de Janošik. Ce film a été présenté au IVème Festival international du film de Venise en 1937, et a été projeté dans 32 pays du monde.

Ou encore un autre film dramatique sur Jánošík réalisé de 1962-63 par Paľo Bielik (1920-1983), ou le film d’animation crée par Viktor Kubal (1923-1997) qui porte le titre « Zbojník Jurko – le brigand Jurko » (1976). Toujours populaire aujourd’hui est la pièce « Jááánošííík » (1970) du théâtre d’amateur de Radošiná réalisé par le dramaturge Stanislav Štepka (1944), fondateur du théâtre naïf de Radošiná (Radošínske Naivné Divadlo) en 1963.

Le thème de Jánošík et des brigands résonne aussi dans les Beaux Arts slovaques. On peut ainsi admirer les peintures de ce thème réalisées par le peintre slovaque Ľudovít Fulla (1902 – 1980) dans sa Galerie à Ružomberok.

Sitologie

http://www.terchova.sk/navstevnik/muzeum-juraja-janosika

http://www.muzeum.sk/?obj=muzeum&ix=jt_pvm

PS : La ville de Terchova célèbre Juraj Jánošík lors d’un festival les « Jánošíkove dni v Terchovej » qui se déroule au début du mois d’août.

La Slovaquie a 25 ans

Alice Hura – Charles Bugan

C’est en effet le 1er janvier 1993 que l’état de la République slovaque est né. Voici, très brièvement, quelques dates d’évènements qui ont marqué l’histoire de cette « jeune république ».

200.000 av. J-C : Le plus ancien foyer humain connu sur le territoire de la Slovaquie.

100.000 av. J-C : Plus ancien squelette d’homme découvert sur le territoire de la Slovaquie actuelle.

80.000 Un moulage dans du travertin de la cavité du cerveau d’un homme de Neandertal est découvert à Gánovce (près de Poprad).

Vers 21.000 Découverte de la Vénus de Moravany, une figure féminine, taillée dans une défense de mammouth, à Moravany nad Váhom, petite commune au nord de Bratislava, dans le district de Piešťany.

Du XIXe siècle av. J-C au XVe siècle av. J-C : Du cuivre était extrait dans les montagnes slovaques de Rudohorie.

Ve siècle av. J.-C. : Les Celtes dominent la plupart du territoire.

IIe siècle av. J.-C. : Des pièces celtes étaient frappées en Slovaquie.

6 : Les Romains traversent le Danube et prennent le contrôle de ses rives pendant 400 ans.

300-500 : Les premiers Slaves occupent le territoire.

623-658 : Période de l’empire de Samo (un marchand Franc), union défensive des tribus Slaves.

824 : Mojimir Ier fonde le premier grand Empire de la Grande-Moravie.

828 : Première église chrétienne établie à la cours de Pribina dans la ville de Nitra. Adalram, évêque de Salzbourg, donne sa bénédiction à cette première église.

863 : Arrivée de Cyrille et Méthode, en provenance de l’empire byzantin, fondateurs du vieux slave écrit en Grande Moravie.

894 : Mort de Svatopluk Ier, le plus illustre seigneur de la Grande Moravie.

895 – 896 : Sous la direction probable d’Árpád, une partie des tribus protomagyares traverse la chaîne des Carpates pour entrer dans le bassin du même nom. La tribu Megyer (Magyar) était aux avant-postes de cette conquête. Ils vont s’installer en Pannonie.

1000 : Création du royaume de Hongrie. La Slovaquie actuelle y est intégrée.

Xe siècle : Le premier roi hongrois Étienne Ier de Hongrie. A cette époque l’empire hongrois s’étendait sur les territoires de la Hongrie, de la Slovaquie, de la Croatie, de la Slovénie une partie de la Roumanie et de l’Ukraine.

1241 : Les Tatars envahissent le pays et le ravagent.

1381 : La représentation proportionnel des Slovaques et des Allemands au conseil de la ville de Žilina est garantie à ses membres par Louis Ier de Hongrie.

1467 : Fondation de la première université sur le territoire slovaque, à Bratislava, « l’Academia Istropolitana ».

1508 – 1517 : création du maître-autel de l’église Saint-Jacques-le-Majeur à Levoča, œuvre de Majster Pavol. Le plus grand autel gothique en bois.

1526 : Le roi Louis Jagellon meurt lors de la bataille de Moháč contre les Turcs (victoire de Soliman le Magnifique). Son trône revient aux Habsbourg d’Autriche. Cette date représente la fin du Moyen Age dans l’histoire slovaque.

1530 : Premières incursions turques.

1531 : Presburg (Bratislava aujourd’hui) devient le siège de la couronne de Hongrie.

1536 : Presburg (Bratislava) devient la capitale de la Hongrie. De 1536 à 1830, dix-neuf rois et reines seront couronnés à Bratislava.

1541 : Prise et occupation de Buda et de Pest par les Turcs.

1635 : Fondation de l’université de Trnava.

1683 : Les turcs sont battus lors de la grande bataille de Vienne. Celle-ci met fin à 150 ans d’occupation turque du territoire hongrois.

1713, 17 mars : Juraj Janošik est exécuté à Liptovský Mikuláš.

1740-1780 : Règne de la reine Marie-Thérèse, couronnée à Presburg – Bratislava.

1762 : Fondation de la première université minière à Banská Štiavnica.

1773 : L’impératrice Marie-Thérèse édite un règlement sur l’établissement et l’emploi des Roms, qui interdit le nomadisme, l´usage de leur langue et les mariages entre eux. L´éducation des enfants est confiée aux familles paysannes, tous les Roms doivent s’installer, et gagner honnêtement leur vie. L´impératrice souhaitait ainsi intégrer cette communauté dans la société.

1780 : Débuts du mouvement national slovaque.

1785 : Abolition du servage.

1843 : Ľudovit Štúr codifie la langue slovaque.

1848 : La convention de Bratislava abolit le servage. La révolution qui l’instaura fut défaite par l’empereur d’Autriche avec l’intervention de l’empereur de Russie en 1849.

1848 : dans un presbytère protestant de Liptovský Mikulaš, un groupe se réunit autour de Ludovit Štur et rédige le « Mémorandum de la nation slovaque », le premier programme politique et culturel des slovaques. Il sera accepté par le gouvernement autrichien.
La révolution de 1848 contre les autorités entraînera son abandon, momentané, car jugé par les autorités comme « déstabilisateur » ! Il sera proposé en 1861 dans la ville de Martin.

1861 : Proclamation du Mémorandum de la nation slovaque réclamant une plus grande liberté au pouvoir central hongrois.

1863 : Fondation de la Matica Slovenská, institution ayant pour but le développement de l’instruction populaire.

1884 : La première banque slovaque « Tatrabanka » est instaurée en Slovaquie à Bratislava.

1907 : Fondation de la Ligue slovaque à Cleveland, Ohio, USA.

1918, Octobre : la Première République tchécoslovaque est créée.

1919 : L’université Komensky – Coménius est crée à Bratislava.

1920 : Le Théâtre national slovaque est créé à Bratislava.

1939, Mars : L’armée allemande occupe les Sudètes (territoire tchèque). En Slovaquie un état indépendant satellite de l’Allemagne nazie est créé sous la présidence de Jozef Tiso.

1944, Août : La résistance antinazie apparaît. Le soulèvement national SNP s’organise à Banska Bystrica. Après la défaite de l’armée slovaque, la résistance continuera dans les montagnes jusqu’à la fin de la guerre.

1945, Mai : La deuxième République tchécoslovaque est restaurée.

1948, Février : Les communistes gagnent les élections et prennent le pouvoir.

1950 : La police occupe 56 monastères et arrête un millier de religieux.

1968, Janvier : L’ère d’Alexander Dubček commence. En août, les troupes russes accompagnées de quatre autres armées du Pacte de Varsovie occupent la Tchécoslovaquie. En octobre le pays devient une République fédérale tchéco-slovaque.

1977 : Charte 77, manifeste écrit d’un groupe d’opposants au régime communiste.

1988 : Manifestation pacifique « des bougies » pour la liberté religieuse et les droits civiques. Elle est violemment réprimée par les forces de l’ordre.

1989, Novembre : La Révolution de Velours met fin au pouvoir des communistes.

1990, Juin : Premières élections libres depuis 1946.

1992 : Proclamation de la souveraineté de la Slovaquie et Constitution de la République slovaque.

1993, le 1er janvier : La République slovaque indépendante est créée.

1993, 8 février : entrée en vigueur d’une nouvelle monnaie, la couronne slovaque (Sk).

1993, 3 février : la Slovaquie rejoint l’UNESCO.

1996, 17 mai, mise en œuvre de l’eau du Danube, centrale électrique hydraulique du barrage à Gabčíkovo

2000, 14 décembre, la Slovaquie devient membre de l’OCDE.

2003, la Slovaquie signe l’accord d’adhésion à l’Union européenne. Un référendum sur l’intégration de la Slovaquie à l’UE donne 92,46 % des suffrages exprimés pour le « oui ».

2004, 29 mars, la Slovaquie devient membre de l’OTAN

2004,1er mai, entrée dans l’Union européenne.

2009, 1er janvier : A l’initiative du Premier ministre Robert Fico (SMER), la Slovaquie adopte l’Euro comme monnaie officielle

NB : Nous ne manquerons pas de reprendre quelques points par des articles plus complet.

Le héros slovaque Jozef Gabčík

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Jozef Gabčík, né le 8 avril 1912 à Poluvsie près de Rajecké Teplice en Slovaquie – mort le 18 juin 1942 à Prague en Tchéquie.

Le Slovaque Jozef Gabčík était un parachutiste tchécoslovaque intégré à l’Opération Anthropoïd, préparée par l’armée britannique. L’objectif de l’opération Anthrpoïd : un attentat sur la personne de Reinhard Heydrich, Reichsprotektor – Gouverneur du Protectorat de Bohême-Moravie, chef de la Gestapo, organisateur de la Solution finale et membre éminent du 3e Reich allemand.

Cet attentat contre Reinhard Heydrich s’est déroulé le mercredi 27 mai 1942 à Prague, il y a 75 ans.

Jozef Gabčík, est né le 8 avril 1912 à Poluvsie un hameau près de Rajecké Teplice non loin de la ville de Žilina, en Slovaquie septentrionale. Son père, František, est un ouvrier et sa mère, Mária, est une femme au foyer.

Jozef est le plus jeune des quatre enfants de la famille Gabčík. Il a deux frères, Alexandre et Michel, et une sœur Františka (Françoise).

De 1927 à 1932, il étudie à l’école professionnelle de České Kunovice le métier de ferronnier-serrurier. Dès octobre 1932, il commence son service militaire dans le 14e régiment d’infanterie à Košice et pendant ce service il termine l’école militaire de sous-officiers à Prešov.

Jozef Gabčík et son engagement patriotique

En 1934, il devient caporal et continue sa carrière militaire en contestation avec son père qui n’est pas d’accord pour la carrière militaire de son fils. Jozef Gabčík reste au service militaire à Košice, jusqu’au 1er avril 1937, quand, après la mort précoce de son frère et la demande instante de sa mère, il abandonne sa carrière militaire et commence à travailler dans l’usine d’armement produisant du gaz de combat de Žilina.

C’est là que lors d’un accident de travail, une fuite de ce gaz, Jozef Gabčík est blessé et qu’une menace pèse sur lui : la perte de la vue. Après les soins et son rétablissement, il est nommé en qualité de magasinier dans l’usine de gaz de combat de la ville de Trenčín.

Entre-temps, depuis le 14 mars 1939 et suite aux accords de Munich, en septembre 1938, et le démantèlement de la Tchécoslovaquie, il existe un État slovaque – Slovenský Štát inféodé à l’Allemagne nazie dirigé par un prêtre catholique, Monseigneur Jozef Tiso.

Craignant que les magasins de gaz de combat tombent dans les mains des nazis, Jozef Gabčík sabote un magasin de gaz. Il sait qu’il va être poursuivi au tribunal pénal et le 4 juin 1939, Jozef Gabčík émigre illégalement avec un camarade en Pologne, à Bronowice près de Cracovie, où il s’engage dans l’armée tchécoslovaque clandestine. C’est là qu’il va rencontrer Jan Kubiš et qu’ils vont se lier d’amitié.
Mais la situation en Pologne s’envenime, elle est envahie par l’Allemagne le 1er septembre 1939. Fuyant à nouveau, Jozef Gabčík et Jan Kubiš s’embarquent à Gdansk en Pologne dans le bateau Chrobry (qui peut être traduit comme « le Brave ») : direction : la France où ils vont débarquer à Boulogne-sur-Mer. Jozef Gabčík avec d’autres volontaires sont installés dans les casernes à Lille. Là, le 2 août 1939, Jozef Gabčík et Jan Kubiš s’engagent pour cinq ans dans le Légion étrangère.
Le 9 août 1939 Jozef Gabčík et Jan Kubiš embarquent au port de Marseille vers le port algérien Oran. Ils entrent dans le 1er régiment de la Légion étrangère à Sidi-Bel-Abbes en Algérie, et 18 septembre 1939 ils sont attachés au 1er régiment infanterie de la Légion étrangère à El-Arich. Mais leur contrat au service de la Légion étrangère en Algérie sera de courte durée car la Seconde guerre mondiale éclate.

Jozef Gabčík, soldat dans l’Armée tchécoslovaque en Exil

Gabčik et Kubiš reviennent en France, le 24 septembre 1939 à Marseille, puis le 26 septembre 1939 ils sont dans la ville d’Agde. C’est là que se trouvent les volontaires slovaques et tchèques qui participent aux combats français contre l’armée allemande nazie en juin 1940 avant d’être démobilisés pendant l’armistice de la France avec l’Allemagne nazie du 22 juin 1940.

C’est donc dans le Midi, à Agde que Jozef Gabčík et Jan Kubiš s’engagent dans le 1er régiment de l’infanterie tchécoslovaque en France, il s’agit de l’armée clandestine, crée par le général Rudolf Wiest, futur commandant de l’Armée tchécoslovaque pendant le Soulèvement nationale slovaque en août 1944.

Jozef Gabčík occupe la fonction d’adjoint du sergent du peloton dans la 12e compagnie. À la fin de 1939, le 29 décembre 1939, il est élevé au rang de sergent. En 1940, Jozef Gabčík participe aux combats défensifs du front français, mais au milieu du mois de juillet 1940 après la défaite de la France, il va être évacué. En effet, le 1er régiment de marche des volontaires tchécoslovaques sous le commandement de Jan Kratochvíl est arrivé à Coulommiers les 11 et 12 juin 1940. Jozef Gabčík y est en fonction en qualité de chef du groupe de la 12ème compagnie mitrailleur, mais après arrivée d’un ordre pour le déplacement du groupe sur les rives de la Seine et passer de l’autre côté de cette rivière, l’amirauté britannique envoie des bateaux dans les ports de Bézier et de Sète afin de sauver les volontaires tchécoslovaques qui sont sous la menace d’être livrés aux nazis et internés dans les camps de concentration.

C’est donc le 12 juillet 1940 qu’il part vers la Grande Bretagne par le bateau Rod el Farag pour un service militaire dans la 3e compagnie du 1er bataillon d’infanterie de la Grande Bretagne basé dans le village de Cholmondeley (en Cheshire, Angleterre), où le 7 mars 1941, Gabčík est élevé au rang d’adjudant d’infanterie. Du 2 au 22 février 1941 il fréquente le cours militaire pour les officiers.

Mais Jozef Gabčík s’intéresse aux missions militaires spéciales dans les arrières ennemis. Avec l’aide du lieutenant-colonel Barovsky, l’adjudant Jozef Gabčík est intégré dans l’entraînement militaire spéciale du SOE britannique et dès le mois de juillet 1941, jusqu’en octobre 1941, Gabčík se forme en Grande-Bretagne aux nombreux entraînements militaires de cette fonction. Jozef Gabčík devient l’un des huit premiers du groupe sélectionné à l’entraînement de parachutistes dans des cours spéciaux en Écosse et devient le commandant en chef d’un groupe de parachutistes. Un autre membre de ce groupe, le sergent Karel Svoboda (1), se blesse au cours des entraînements et est remplacé par Jan Kubiš à la demande personnelle de Jozef Gabčík.

Le 3 octobre 1941, le chef du service des renseignements tchécoslovaque Frantisek Moravec convoque les membres du groupe Anthropoïd et leur annonce que la décision d’éliminer Reinhard Heydrich a été prise.

Jozef Gabčík, le slovaque, est choisi, avec l’adjudant Jan Kubiš, le morave (tchèque), pour exécuter la mission. (2)

La mission Anthropoïd

L’avion bombardier Halifax décolle le 28 décembre 1941 vers 22 heures de l’aéroport militaire de Tangmere au sud de l’Angleterre. Avec Gabčík et Kubiš à bord se trouvent aussi les membres du groupe Silver A et Silver B. Le lendemain, vers 2h15, Gabčík et Kubiš sont parachuté à près de 2 km du village de Nehvizdy et 22 km à l’est de Prague.

Leur mission recèle deux objectifs : la collecte de renseignements, dévolue au groupe « Silver A » (Alfred Bartos, Josef Valcik et Jiři Potucek) et surtout l’élimination de Heydrich. Celle-ci est le fait du groupe « Antropoïd », avec Jan Kubis et Josef Gabcik.

Après avoir atterri, les soldats Jozef Gabčík et Jan Kubiš chargés de réaliser l’opération Anthropoïd, réussissent à nouer des contacts avec le mouvement de résistance tchèque dont les membres les cachent et les aident à mener à bien leur projet.

Les deux hommes vont se rendre à Prague et procéder au repérage de l’endroit idéal pour l’attentat.

Il était prévu, dans le projet d’attaque d’origine, que Gabčík et Kubiš attaquent Heydrich près de son siège à Panenské Březany à Prague. Mais à cause de la grande surveillance de ce lieu, ils renoncent et choisissent un autre lieu d’attentat à Prague.

C’est le carrefour de l’Avenue Kirchmayer (aujourd’hui rue Zenklova – rue du quartier Kobylisy à travers le quartier Stara Libeň) avec la rue V Holešovičkách qui est choisi. Cette rue en pente a un virage serré à droite au bas qui obligera la voiture de Heydrich de ralentir. C’est à ce moment que l’action doit être menée. Autre avantage du lieu, cette rue mène vers le pont Trojsky qui surplombe la rivière Vltava, et par là, vers le quartier Troja où les auteurs de l’attentat pourront se dissiper dans la foule. De plus, l’endroit est assez éloigné de tous les postes de police, des casernes ou des postes de la Gestapo. Il y a cependant un gros inconvénient : un arrêt de tram se trouve à proximité du lieu, et à l’heure prévue de l’attentat, onze heure, qui est l’heure du passage habituel de Heydrich, beaucoup de civils attendent leur tram.

Le jour de l’attentat

L’opération baptisée Antropoïd se déroule le mercredi 27 mai 1942. Jozef Gabčík et Jan Kubiš se trouvent dans le virage, Gabčík d’abord puis Kubiš, Lorsque la Mercedes décapotable de Reinhard Heydrich arrive, Josef Valčik, le signaleur posté plus haut dans l’avenue, envoie le signal avec son miroir. Comme prévu, la voiture d’ Heydrich ralentit au bas dans le virage, Jozef Gabčík bondit au milieu de la rue et vise Heydrich avec sa mitraillette Sten, mais l’arme s’enraye. La voiture d’Heydrich s’arrête et celui-ci se lève et veux abattre Gabčík avec son pistolet. Jan Kubiš lance alors une grenade qui explose contre la voiture. Voyant Heydrich atteint, les deux hommes s’enfuient comme convenu vers le centre de Prague. Le dos labouré par des éclats, Heydrich est transporté à l’hôpital, où il mourra d’une septicémie une semaine plus tard.

Le chauffeur de la Mercedes, le SS Johannes Klein, part d’abord à la poursuite de Kubiš mais celui-ci parvient à s’échapper à bicyclette. Revenu auprès d’Heydrich, celui-ci lui ordonne de se lancer à la poursuite de Jozef Gabčík. Il le retrouve dans une boucherie mais Gabčík, utilisant son pistolet Colt, tire à deux reprises sur Klein le blessant sérieusement à la cuisse. Gabčik parvient alors à s’échapper.

Les représailles

Quand Heydrich succombe à ses blessures le 4 juin 1942, Hitler exige des représailles en Bohême. La loi martiale est imposée jusqu’au 3 juillet 1942. Les nazis vont exécuter 1585 habitants et en arrêter 3188 en Bohème – Moravie. Les habitants des villages de Lidice (3), dans la nuit du 9 au 10 juin 1942, à 20 km à l’ouest de Prague et de Ležáky, le 24 juin 1942, sont massacrés par un commando composé de SS et de membres de la Gestapo. Quatre ecclésiastiques orthodoxes tchèques, qui avaient fourni l’asile aux parachutistes dans l’église des Saints-Cyrile-et-Méthode à Prague, seront exécutés le 4 et 5 septembre 1942 à Kobylisy.
Le village de Poluvsie, d’où est originaire Jozef Gabčík, situé dans ce qui était la « première république slovaque », inféodée à l’Allemagne nazie ne subira pas de représailles.

La fin tragique

Après l’attentat contre le protecteur du Reich, les parachutistes se cachent dans la crypte de l’église orthodoxe des Saints-Cyrile-et-Méthode à Prague (4), Resslova ulice (rue).

Gabčík et Kubiš cachés dans l’église orthodoxe des Saints-Cyrile-et-Méthode vont alors être trahis par un autre parachutiste Karel Čurda (5). Selon une version, Čurda capturé par la Gestapo, ne supportera pas les tortures et en échange de sa vie et d’une récompense de 500 000 marks allemands, il va désigner l’endroit de la cachette des parachutistes recherchés. Une autre version affirme qu’il se serait rendu à la Gestapo de son plein gré.

Dès lors, l’église des Saints-Cyrile-et-Méthode à Prague est encerclée le 18 juin 1942 par les SS. Pour les parachutistes commence un combat pour la vie. Hélas, la fin est tragique pour les auteurs de l’attentat. Le combat se termine, quand la majorité des parachutistes sont tués. Jozef Gabčík réfugié avec trois autres compagnons dans la crypte de l’église ne trouvant pas une issue favorable face à cette situation difficile et sous la suprématie des SS qui ont essayé de les enfumer et de les noyer, se suicide lui et ses compagnons. Pas un seul parachutiste ne sera pris vivant. (6) Les assaillants dénombreront 14 tués et 21 blessés.

Les parachutistes tchécoslovaques qui se retrouveront cernés dans la crypte de l’église Saints-Cyrille-et-Méthode sont : Adolf Opálka, chef du groupe Out Distance ; Jan Hrubý et Josef Bublík du groupe de sabotage Bioscope ; Josef Valčík ; membre du groupe Silver A il aidera dans l’attentat contre Heydrich en qualité de guetteur ; Jaroslav Švarc du groupe Tin dont la mission était d’assassiner le ministre de l’Éducation Emanuel Moravec.

Les corps retrouvés ?

Des chercheurs ont identifié les tombes de Ján Kubiš et de Jozef Gabčík dans le cimetière de Dablice, Prague 8.

In memoriam

Après la Seconde guerre mondiale, Jozef Gabčík a été élevé in memoriam au rang de lieutenant et honoré aux décorations posthume des deux croix militaires tchécoslovaques ; le 24 juin 2002 il a été honoré lieutenant-colonel in memoriam, (ses décoration militaires : trois croix tchécoslovaques de guerre en 1939, une médaille commémorative tchécoslovaque de guerre et des décorations militaires tchécoslovaques – l’Etoile d’or – pour la Liberté, et le Lion blanc de 1er rang – pour la Victoire.

En Slovaquie, en son honneur, un village porte son nom, Gabčíkovo, à 49 km de la capitale slovaque, dans le district de Dunajská Streda, au bord du Danube et de même que la grande œuvre hydraulique slovaque construite de 1977 à 1992, le barrage de Gabčíkovo.

L’élite militaire du 5e Régiment des Forces spéciales de l’Armée de la République Slovaque, le PŠU – pluk špeciálneho určenia – caserné dans la base de Žilina, créé en 1995, est nommé le Régiment Jozef Gabčík de Žilina – Žilinský pluk Jozefa Gabčíka.

Un monument commémoratif se trouve depuis le 11 octobre 2014 face à la maison natale de Jozef Gabčík dans le village de Poluvsie (Rajecké Teplice). Ce monument rend hommage à Jozef Gabčík bien entendu mais aussi à tous les membres de l’opération Anthrpoïd. Un panneau explicatif se trouve à proximité.

Notes

1 Karel Svoboda devait être l’équipier de Jozef Gabčik pour l’opération Anthropoïd. Suite à sa blessure, il sera remplacé par Jan Kubiš.

2 Durant leur entraînement, le général Frantisek Moravec, chef du service du service des renseignements tchécoslovaque, a prévenu Jozef Gabčík et Jan Kubis qu’il y avait de grande possibilité qu’ils soient pris et exécutés.

3 A Lidice, tous les hommes âgés de plus de 15 ans – 173 en tout – sont fusillés dans la cour de la ferme Horák. Les 235 femmes sont déportées vers les camps de concentration (Ravensbrück). Sur les 105 enfants du village, 89 seront gazés au camp de Chelmno. Quant aux mineurs qui travaillaient la nuit, ils ont été arrêtés dès leur remontée du puits de mine et exécutés à Prague. Les nazis font creuser des fosses communes et le 10 juin 1942, le village est brûlé et rasé.
Bien que le sort du village de Ležáky ressemble à celui de Lidice, commune rasée quinze 15 jours auparavant, il y a quand même une différence. Alors que les habitants de Lidice n’ont nullement été engagés dans le mouvement de la résistance, à Ležáky, la Gestapo a localisé l’existence d’un émetteur qui permettait aux auteurs de l’attentat contre Heydrich d’entretenir le contact avec l’étranger. Bien que quelques personnes seulement aient été au courant de cette activité subversive et que la majorité des habitants de Ležáky ait ignoré l’existence de l’émetteur, les nazis ont décidé de répéter leur opération monstrueuse de Lidice et d’anéantir toute la commune.
Le 24 juin le bourg de Ležáky qui compte 9 maisons, est encerclé et tous les édifices sont pillés et incendiés. Les 47 habitants arrêtés sur place sont transportés dans la ville de Pardubice où tous les adultes sont immédiatement fusillés. 11 enfants des familles de Ležáky sont déportés dans le camp d’extermination de Chelmno où ils mourront dans des chambres à gaz. 254 membres des familles de parachutistes chargés de l’attentat contre Reinhard Heydrich ainsi que leurs collaborateurs seront exécutés le 24 octobre 1942 dans le camp de Mauthausen. D’autres hommes et femmes des environs considérés comme collaborateurs des parachutistes seront déportés dans les camps d’Auschwitz, de Buchenwald et de Ravensbrück.

« Ležáky, village témoin des atrocités commises par les nazis allemands » Václav Richter, 25-06-2012. Radio Praha

4 Cette église est située à l’angle des rues Resslova et Na Zderaze, dans le quartier historique de Nové Město, sur l’autre rive de la Vltava (Moldau), à faible distance du Château Hradčany.

5 Karel Čurda, devenu alcoolique sera, en 1947, condamné par un tribunal militaire tchécoslovaque et exécuté par pendaison pour haute trahison le 29 avril 1947. Selon l’historien tchèque Vojtech Sustek, le nom de Karel Čurda figure aussi sur un document de la Gestapo, découvert en 2003. Čurda est ensuite devenu l’un des meilleurs agents de la Gestapo et il a fait envoyer à la mort des dizaines de résistants. Selon la feuille d’émargement, la Gestapo lui a payé 5 millions de couronnes…
Parmi les dénonciateurs qui figurent aussi sur la feuille, on trouve le prieur de l’ordre des chevaliers de Malte, Franz Werner Bobe, qui dénonçait même les Allemands qui venaient se confesser à lui.

6 Mária Moravcova, qui approvisionnait en nourriture les parachutistes cachés dans la crypte de l’église Saint-Cyrille-et-Méthode se suicidera avant d’être arrêtée par la Gestapo le 17 juin 1942. Son mari et un de ses fils seront exécutés dans le camp de concentration de Mauthausen le 24 Octobre 1942. Son second fils, Miroslav, membre de la RAF, est mort en 1944.

Sources

Attentát na Heydricha. František Emmert. Ed. B4UPublishing s.r.o. 2016

Osobnosti slovenska. I diel. Jozef Leikert. Ed Priroda 2009-2010

Pamätník a rodný dom Jozefa Gabčíka

Jozef Gabčík. Život a smrt velitele paraskupiny Anthropoïd. Jaroslav Čvančara

Radio.cz. Jaroslava Gissübelová. 17-10-2007

www.radio.cz/fr/rubrique/histoire/les-tombes-anonymes-de-parachutistes-retrouvees-au-cimetiere-de-dablice

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Le monument de Strečno

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

A la gloire éternelle des fils de la France – Na večnú slávu synom Francúzska…

8 mai, 9 mai, deux dates de la commémoration de la fin de la seconde guerre mondiale. En Slovaquie, un monument rappelle ce moment tragique que fut cette guerre. Dans cette Slovaquie acquise à l’époque aux idéaux des nazis, des hommes et des femmes ont combattus contre eux. Des résistants slovaques, mais aussi étrangers ont pris part à ce combat. Le monument de Strečno est là pour le rappeler.

Sur la route menant de Žilina à Martin-Vrútky on aperçoit le Monument aux combattants français situé sur la colline Zvonica (Clocher) tout près du village de Strečno en Slovaquie du Nord.

Dans la crypte située sous le monument de travertin, gisent les corps de 24 partisans français morts lors des combats de la libération de la Slovaquie. Des combattants français tombés au champ de bataille dans la vallée du Váh aux environs de Strečno (la bataille du Défilé de Strečno se déroula du 31 août au 3 septembre 1944).

Sous le commandement du capitaine Georges De Lannurien, le bataillon Foch des 155 partisans français combattent au sein de la brigade Štefanik des partisans slovaques contre les nazis.

Le 29 août 1956 a été inauguré le monument commémoratif, créé dans du travertin de Spiš, à la mémoire des morts aux champs de batailles pendant la Seconde Guerre mondiale et de la résistance slovaque contre les fascistes.

Pour rappel, c’est le 29 août 1944 que le Soulèvement National Slovaque S.N.P. (Slovenské Národné Povstanie) a été proclamé à Banská Bystrica, en Slovaquie centrale. Face à la puissance de l’occupant nazi, l’armée régulière et la résistance se sont repliées dans les montagnes slovaques avant de repartir à l’assaut contre eux.

La vue du défilé de Strečno donne un panorama imposant de la vallée de Váh, des montagnes de Malá Fatra (Petite Fatra), de la rivière Váh qui s’écoule paisiblement dans la vallée et des ruines du château-fort Strečno du 14ième siècle sur son rocher escarpé. Cette vue met en évidence l’importance du site lors des combats qui s’y déroulèrent.

Le Soulèvement National Slovaque mérite d’autant plus d’être mieux connu en France que 250 maquisards français y participèrent et que les Slovaques ne l’ont pas oublié. Ce monument érigé à Strečno, entre Žilina et Martin, au nord-ouest du pays, rappelle le sacrifice des maquisards français.
Ces maquisards étaient commandés par un Breton, Georges Barazer de Lannurien fils d’un général, lui-même Saint-Cyrien et officier de cavalerie, qui fut fait prisonnier en 1940, mais réussit s’évader de son camp en Silésie et à gagner les montagnes slovaques. Il regroupa et entraîna d’autres évadés français des camps de prisonnier allemands et son unité de partisans joua un rôle important dans les Carpates aux côtés des partisans slovaques. Georges Barazer de Lannurien devait être cité à l’ordre de l’armée par le général De Gaulle. Une stèle à Roscoff et une plaque commémorative à Saint-Malo rappellent le souvenir de ce Breton audacieux et courageux.

Lire notre article: « Célestin Joubier, porté disparu ».

Célestin Joubier, porté disparu

http://www.souvenirfrancais-issy.com/article-11681517.html

http://www.parolesdhommesetdefemmes.fr/maurice-simon-partisan-francais-execute-par-les-nazis-en-slovaquie-article00445.html

http://www.freebelgians.net/pages/sujet.php?id=resistance&su=240
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PS: Un état nominatif de la légion des combattants français en Slovaquie, dressé à la date du 29 septembre 1944, renseigne encore trois autres Belges, mais il n’existe au service des prisonniers de guerre aucun dossier à leur nom.

Il s’agit peut-être de travailleurs déportés, évadés également en Hongrie. Ce sont:

-DE MAERTELAERE Robert, né à Montigny-sur-Sambre le 13 octobre 1920 (tué à Strečno);

-PIRSON Louis, né à Bruxelles le 27 octobre 1912;

-VAN DER HEYDEN Roger, né à Thuillies le 20 janvier 1912, sergent.

Quant à Hubrechts, il donne le nom d’un autre Belge inscrit avec lui à la légion des combattants en Slovaquie. Il s’agit de

-FROIDURE Albert, né à Bouffioulx le 19 octobre 1921, soldat au 2ème régiment de chasseurs à pied, probablement travailleur déporté en Allemagne et évadé en Hongrie.

(Article pages 187 à 194 du livre de Georges Hautecler : Evasions réussies)

 

La Dame blanche de Levoča

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Le mystère de la Dame blanche de Levoča enfin révélé ? Des recherches récentes semblent lever le voile de l’énigme. A la découverte de l’une de ces Dames blanches qui font partie de bien de légendes dans de nombreux endroits du monde.

La Dame blanche de Levoča, alias Juliana Korponay, a son portrait fictif peint sur la porte en bois dans la salle de l’ancien Hôtel de ville, édifice historique de Levoča.
Peinte sous l’influence du roman « La Dame blanche de Levoča », en hongrois « A Löcsei fehér asszony », écrit par le romancier hongrois Mór Jókai (1825-1904) en 1884. Ce roman, est une histoire d’amour et de venin, de trahison et de fidélité à l’époque de la guerre d’indépendance du prince François II Rakoczy en 1705 en lutte contre les Habsbourg.
L’héroïne du roman, la belle Juliana, qui a pour aspiration le bonheur de son fils, veut récupérer les biens héréditaires confisqués. Pour cela, elle va devenir une espionne impériale. Elle est envoyée dans la ville libre royale de Levoča alors assiégée par l’armée impériale car les patriciens protestants apportaient leur soutien aux rebelles de Rakoczy contre le gouvernement absolu des Habsbourg.
La belle Juliana va simuler de tomber amoureuse d’Etienne Andrassy, commandant des Kurucs, l’armée des rebelles de Rakoczy. Une nuit, elle dérobe les clefs d’une des portes de la ville, clefs qui se trouvaient sous l’oreiller d’Andrassy. Elle se rend à cette porte, l’ouvre et fait entrer les soldats impériaux dans la ville.
En réalité, Juliana Korponay (vers 1689 – 1714), était la fille de Sigismond Géczy, un gentilhomme d’Ožďany (en hongrois Osgyan). Il était colonel de la garde rapprochée d’Imre Thököly, un noble rebelle contre les Habsbourg. Juliana était l’épouse de Jan Korponay, conseiller municipal impérial, mais qui a déserté chez les Kurucs pour embrasser la cause des rebelles.
Selon la légende, en 1712, elle reçu des lettres des rebelles Kurucs émigrés en Pologne, lettres de conspiration qui appelaient à la révolte. Par ce geste elle perdit la confiance de l’empereur Charles III roi de Hongrie.
En 1714, pour sa trahison, elle est exécutée dans la ville hongroise de Györ, comme la première, et unique, femme ayant trahi sa patrie dans l’histoire du Royaume de Hongrie.
Selon de nouvelles recherches récentes conduites par les historiennes slovaques Dáša Uharčeková-Pavúková, Zuzana Lisoňová et Silvia Lörinčiková, les nouveaux faits collectés sur des lieux liés à l’histoire de Juliana Korponay comme Ožďany, son village natal, le château de Červeny Kameň, le château de Betliar et dans des archives des villes de Bratislava, Budapest, Györ et Mukačevo (Ukraine aujourd’hui), apportent une autre vision du mystère de La Dame blanche, Juliana Korponay. En fait, elle aurait été victime d’une erreur judiciaire.
Ces nouveaux éléments ont été présentés lors de l’exposition « Levočská biela pani – La Dame blanche de Levoča », de novembre 2010 à mai 2011 au château de Betliar et au Musée de Spiš à Levoča.
Selon ces historiennes, qui travaillèrent pendant trois ans sur ce sujet, la ville de Levoča n’a pas été prise par traîtrise par les soldats impériaux. En réalité, elle s’est rendue sans livrer bataille. Toujours selon leurs recherches, le bourgmestre et les conseillers de Levoča avaient négocié la capitulation de la ville avec le général impérial Löffelhoz et l’ouverture des portes aux Labans, les soldats des Habsbourg le 9 février 1710. Ainsi, la légende de Juliana est démentie.
La « nouvelle histoire » découverte de Juliana Korponay reconstruit son destin et dit que non seulement elle était une bonne fille mais aussi une épouse fidèle, une mère plein d’abnégation et une dame cultivée. Hélas, elle fut victime des intrigues de cette époque et accusée « d’avoir aidé la nouvelle vague de révoltes contre les Habsbourg ».
Les historiennes slovaques, ont aussi examiné un tombeau sous l’église d’Ožďany, village près de Rimavská Sobota dans la Slovaquie du sud, tombeau ou se trouvait le cercueil de Juliana Korponay. Mais la recherche anthropologique dirigée par Alena Šefčáková, du Musée National Slovaque de Bratislava, a démenti cette hypothèse.
Selon des documents d’archives d’Eglise de la ville de Györ, elle aurait été décapitée publiquement le 25 septembre 1714 à 11h00 sur la place, puis, avec d’autres exécutés, elle aurait été enterrée dans le cimetière près de la cathédrale de Györ. Le service funèbre fut assuré par le vicaire allemand François Kopscinay.
Le peintre de La Dame blanche de Levoča, peinture que l’on peut voir sur la porte en bois dans la salle de l’ancienne mairie à Levoča, est Wiliam Forberger (1848 – 1928), peintre paysagiste des Tatras et des architectures historiques. Certains de ses tableaux sont exposés dans le palais d’arts Albertina à Vienne. Il est né à Kežmarok et était originaire de la communauté allemande de Spiš (membre du groupe Karpathenverein, groupe touristique des Carpates), il a étudié la théologie à Prešov, puis les arts plastiques à Budapest, et comme instituteur débutant à Levoča, il a créé le tableau « Le mythe de la Dame blanche de Levoča ».

Références

Document de l’exposition « Levočská biela pani – La Dame blanche de Levoča », de novembre 2010 à mai 2011 au château de Betliar et au Musée de Spiš à Levoča.

 

29 août, jour du Soulèvement National slovaque SNP

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Le 29 août est la date anniversaire du Soulèvement National slovaque contre le fascisme. En ce jour, la Slovaquie commémore cet événement de son histoire moderne.

Le Conseil national slovaque créé en 1943 et composé des différents partis politiques acquis à la résistance, va négocier avec des responsables de l’armée slovaque afin qu’ils se rallient avec eux pour provoquer un soulèvement contre le pouvoir officiel slovaque et les occupants allemands. Le 29 août 1944 à Banská Bystrica, au coeur de la Slovaquie, le mouvement démarre. Sous les ordres des généraux Ján Golian et Rudolf Viest 60.000 soldats vont se joindre à 18.000 partisans pour libérer la Slovaquie du fascisme.

Car depuis le 14 mars 1939, une République slovaque, dirigée par Jozef Tiso un évêque catholique, a été proclamée par la volonté d’Hitler qui démembra ainsi la Tchécoslovaquie par l’annexion des sudètes d’abord en 1938 et la création d’un protectorat allemand en 1939 en Bohême – Moravie.

Hélas, faute d’une coordination efficace et le peu d’aide de l’armée soviétique qui avaient d’autres plans, cette action, précipitée pour certain, sera vouée dans un premier temps à l’échec. Les troupes allemandes, mieux équipées et plus expérimentées vont riposter et, dans un premier temps, vaincre les partisans. Cela ne se fera pas sans représailles, Golian et Viest seront arrêtés et envoyés en Allemagne où ils seront exécutés.

Les partisans slovaques vont se réfugier dans les montagnes d’où ils mèneront une guerre d’escarmouches. Ils devront attendre le printemps 1945 pour se joindre aux troupes tchécoslovaques et soviétiques et enfin libérer le pays.

Cette résistance dans les montagnes amènera de nombreuses représailles de la part des troupes SS contre la population, comme dans les villages de Nemecká, Kalište…

On évalue à 15.000 morts, avec les représailles, les pertes slovaques.

Un fait remarquable est la présence du bataillon Foch composé de combattants volontaires français en Slovaquie, sous le commandement du lieutenant Georges Barazer de Lannurien, qui vont se joindre aux résistants slovaques. Lire notre article: Célestin Joubier, porté disparu.

http://vaheurope.eu/?cat=13

Le musée SNP de Banská Bystrica est entièrement dédié à l’histoire de ce soulèvement (les photos qui illustrent l’article viennent de ce musée).

http://www.muzeumsnp.sk

Besoin d’infos : www.vaheurope@gmail.com

Célestin Joubier, porté disparu

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Durant le conflit de la Deuxième guerre mondiale, des hommes et des femmes se sont engagés dans le combat contre le fascisme. L’histoire gardent de nombreux récits de leur combat, parfois loin de chez eux. Certains sont revenus, d’autres ont été portés disparu. C’est le cas de Célestin Joubier.

Son nom figure sur le Monument commémoratif des partisans français de Strečno en Slovaquie. A la demande de la famille, nous sommes allés à la recherche des éléments historiques qui expliquent pourquoi Célestin Joubier, un breton, a été « porté disparu », loin de chez lui – un peu plus de 2000 km – en Slovaquie.

Voici les résultats de l’enquête menée par Vaheurope

Célestin Joubier est né le 1er mai 1916 à La Baule-Escoublac (Loire-Atlantique, France). Ses parents, Yves Marie Joubier et Marie Joseph Hervoche auront 9 enfants. Célestin comptera ainsi 5 frères et 3 sœurs.

Après ses études, CEP et CAP, Célestin Joubier va exercer la profession de menuisier charpentier. Il accomplira son service militaire en 1936 au 2e Chasse R.C.T. de Tours.

Il sera, comme beaucoup d’autres, entraîné malgré lui dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale. Respectant ses convictions et son désir d’être un homme épris de liberté il va s’engager dans le combat contre le fascisme.

Comment est-il arrivé en Slovaquie ?

En tant que membre du 32e régiment d’infanterie de l’armée française il est fait prisonnier au cours de la guerre contre l’Allemagne fasciste et se retrouve au camp de prisonniers XVII B à Gneixendorf (Autriche) dont il a finalement réussi à s’échapper vers la Hongrie où il sera repris et interné dans un camps disciplinaire d’où il s’évadera à nouveau le 15 août 1944 vers la Slovaquie (1). Là, il s’engage dans le « Groupe de Combattants français en Tchécoslovaquie » où il va combattre comme volontaire dans l’unité française du Capitaine Georges de Lannurien. Dénommée la Compagnie Française puis Bataillon Foch, cette unité composée d’évadés français a été créée par le capitaine de Lannurien.

(1) La République slovaque est un état indépendant qui résulte du démantèlement de la Tchécoslovaquie lors des accords de Munich (30 septembre 1938). Créée le 14 mars 1939, la République slovaque est dirigée par un prêtre catholique, Monseigneur Jozef Tiso est alors le premier ministre du gouvernement slovaque. Cependant, sa souveraineté, depuis son commencement était limitée par les relations avec l’Allemagne nazie dans le contexte du Pacte tripartite et la République slovaque est devenue un état satellite de l’Allemagne nazie. Après la guerre, le territoire de la Slovaquie a été incorporé dans la renouvelle république Tchécoslovaque le 9 mai 1945.

Son engagement et sa disparition

Célestin Joubier a été deux fois grièvement blessé. La première fois, il a été soigné à l’hôpital de Zvolen, du 6 au 8 Septembre 1944, pour une blessure à la jambe gauche et la deuxième fois, le 19 octobre 1944, pour une blessure par balle à l’épaule droite. (réf.1). Un document du Gouvernement militaire de Paris, daté du 27 septembre 1945 évoque : « blessé à la jambe (blessure légère) le 19 octobre 1944 à Nemce (Slovaquie). Hospitalisé du 19 octobre 1944 au 25 octobre 1944 à Sliac (Slovaquie). Evacué par avion soviétique vers la Russie le 25 octobre 1944. Départ : aérodrome de Triduby (district Zvolen en Slovaquie). Arrivée probable Kiew ou Lwow (URSS) ». Problème de date ! Nous retenons cependant la première car c’est ce qui figure dans les archives du musée SNP de Banská Bystrica. De plus le terme « arrivée probable » laisse aussi planer un doute sur l’exactitude du document français (lire la suite de nos recherches ci-dessous).

Le 23 octobre, quatre français, dont le lieutenant Jean-Luc Lehmann (30 ans, blessé à la cuisse lors des combats de Senohrad, près de Krupina, petite ville slovaque), le caporal Maurice Lerouge, (26 ans, blessé à Krupina) le soldat Célestin Joubier (28 ans, blessé lors des combats près de Senohrad), le soldat Jean Paul Cossard (20 ans, blessé près du village de Senohrad), sont évacués en avion vers l’URSS. L’avion Li-2 n°30 du capitaine Goubine (du 1er régiment d’aviation de Briansk) décolle de l’aéroport militaire slovaque Tri Duby – Trois Chênes (aujourd’hui aéroport militaire de Sliač) près de la ville Zvolen (Slovaquie) vers l’aéroport de Lviv d’où ils doivent être dirigés par un autre transport vers l’hôpital de Kiev en Ukraine.

L’avion soviétique Li-2 est attaqué dans la zone aérienne de Poprad à 22h15 à 3200m d’altitude par un chasseur allemand nocturne venant de la base aérienne de Mielec (en Pologne).

Le Li-2 est atteint au tableau de bord et au réservoir de kérosène gauche par de multiples balles des mitrailleuses frontales du chasseur allemand. Les flammes ont instantanément jailli du réservoir et se sont propagées le long de l’aile jusqu’à englober le cockpit. Le chasseur allemand continue de tirer sur l’avion en flammes, atteignant les passagers. Le pilote, le capitaine Goubine, n’arrive pas à remonter l’avion de sa chute. Puisque les deux réservoirs sont enflammés, l’explosion de l’avion peut survenir à tout moment. Le capitaine Goubine ordonne donc à l’équipage de sortir immédiatement de l’avion. Le premier à quitter l’appareil est l’opérateur radio S.P. Domachenko, et après lui, le tireur de bord O.S Chvedine. Le navigateur et lieutenant L. F. Kotlarevski va mourir de ses blessures après son atterrissage dans le bois de Kovaľová près de la commune de Ľubica (prononcez loubitsa). Les derniers à quitter l’avion sont le capitaine Goubine et le mécanicien de bord – le lieutenant S. N. Outkine, avec un parachute seulement car celui de Goubine est inutilisable, il est partiellement brûlé. Avant que l’avion n’explose, il se brise et la partie arrière où se trouvent les soldats insurgés blessés et partisans français gravement blessés, tombent d’une grande hauteur.

De ces blessés militaires transportés par l’avion soviétique, seul Anton Koprda a survécu : il a été propulsé dans la queue de l’avion par le souffle de l’explosion et cette partie s’est ensuite détachée du reste de l’avion et a lentement chuté dans un mouvement circulaire avant de tomber sur des branches de grands arbres. Dans l’explosion de l’avion, deux autres membres de l’équipage sont morts : le deuxième pilote et le lieutenant Y. N. Chichkine et le navigateur – le lieutenant A. Tagaï.

Les débris de l’avion sont tombés dans la chaîne de montagnes Levočské vrchy – les collines de Levoča dans la région slovaque de Spiš, plus particulièrement dans les bois près du petit village slovaque de Torysky (810 m d’altitude). Des pièces de l’épave sont aussi tombées sur le point géographique Javorinka – Petit Érable (1074 m d’altitude).

Dans l’attaque de l’avion et la chute qui s’en est suivie, des membres de la 2e brigade parachutiste tchécoslovaque : le lieutenant J. Hronský, le soldat J. Siksa, un para-brigadiste non-identifié ; et quatre français : le lieutenant Jean-Luc Lehmann, le caporal Maurice Lerouge, le soldat Célestin Joubier, le soldat Jean Cossard et une infirmière slovaque Alice Braun-Rutkay ont été tués.

Ils ont été enterrés après la guerre dans le cimetière de la ville de Levoča. En 1956, les restes des soldats français ont été déplacés dans la tombe commune sous le Monument commémoratif aux partisans français sur le sommet de la colline Zvonica – Campanile près de Strečno, un village avec un château-fort médiéval de la région de Žilina. Strečno, situé dans la vallée du Váh, fut le lieu d’âpres combats.

Le Monument fut inauguré le 29 Août 1956 devant le Ministre français Tanguy-Prigent, en présence des familles françaises.

L’après en France

Sa maman, Madame veuve Yves Joubier née Marie Joseph Hervoche, recevra un courrier daté du 22 novembre 1945 de la part du Capitaine De Lannurien, nous citons : « Ayant été le Commandant du Groupe des Combattants Français en Tchécoslovaquie, j’ai le douloureux devoir de vous faire savoir que toutes les recherches entreprises pour obtenir une certitude sur le sort de Joubier Célestin sont demeurées vaines ; lors de mon récent voyage en Tchécoslovaquie, j’ai procédé moi-même à des recherches inutiles. J’avais chargé la Croix-Rouge Internationale et la Mission de Rapatriement de Prague d’enquêtes qui n’ont donné aucun résultat. Dans ces conditions, étant obligé de régulariser la situation de Joubier Célestin vis-à-vis de l’Armée Française, je suis dans la triste obligation de le porter disparu au cours des opérations ».

Célestin Joubier, 2ème classe du « Groupe des Combattants français en Tchécoslovaquie » sera honoré par des décorations à titre posthume de la République française :

– La médaille militaire avec attribution de la croix de guerre avec palme. 21 mai 1946
– La médaille des évadés. Par décret du 5 mai 1950

Le contexte des Groupes de Partisans Français en Slovaquie

Les quelques 200 Français engagés en Slovaquie, pendant les affrontements de 1944-45, ont perdu au combat 55 tués et 42 blessés. Ceux qui ont survécu entrent en contact avec l’Armée rouge en janvier 1945. Regroupés à Odessa avec leurs anciens camarades restés en Hongrie et d’autres prisonniers libérés par les soldats soviétiques de la Prusse orientale, au nord, à la Styrie autrichienne au sud, à la fin du printemps 1945. Ils seront rapatriés avec 2000 autres compatriotes par le bateau Bergen Fjord qui arrive à Marseille le 8 avril 1945.

Des Résistants français vinrent en Slovaquie avant l’Insurrection national slovaque (SNP- de 29 août 1944 à 28 octobre 1944), des le début du mois d’août 1944.

En premier lieu, il s’agissait de soldats, sous-officiers et officiers de l’armée française qui, lors des combats contre l’armée allemande attaquant la France, avait été faits prisonniers et emmenés dans des camps – oflags ou stalags en Allemagne. Certains audacieux, après des tentatives d’évasions manquées et parfois des sanctions en camp disciplinaire, parvinrent à gagner la Hongrie, où la situation faite aux Français était relativement supportable (2). Mais le but de ces hommes, en traversant des pays d’Europe centrale, était de rejoindre les Forces Françaises Libres qui combattaient les armées de l’Allemagne nazie. Se heurtant à des impossibilités de passage (en Croatie par exemple), un groupe s’est alors tourné vers la Slovaquie après avoir été informé de l’insurrection qui se préparait en Slovaquie.

(2) Du fait de la neutralité vis-à-vis de la France de Vichy, la Hongrie accorde aux évadés français le statut d’internés, selon l’article 47 de la Convention de Genève. Cela changera après l’entrée des troupes nazies en Hongrie, le 19 mars 1944 et le parti des « Croix fléchées » porté au pouvoir par eux. Le gouvernement Salaszi va lancer contre les « internés » français un ordre d’internement général.

D’autres Français qui, réquisitionnés par le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) pour les allemands, avaient été déportés dans l’usine Škoda à Dubnica nad Váhom en Slovaquie dans une usine d’armement allemande en juillet 1944 (du 6 juillet jusqu’au 19 août 1944, 488 Français y étaient déportés). Ces jeunes Français s’évadèrent début septembre pour rejoindre le groupe venu de Hongrie commandé par le Capitaine Georges de Lannurien.

Cette unité combattante – une Compagnie Française – s’est formée et s’est organisée dans la vallée de Turiec à partir de la deuxième quinzaine d’août 1944.

Les premières missions militaires dans la région, entre Vrútky et Žilina, dans la vallée étroite du Váh (3), donnent lieu à des affrontements très durs qui se dérouleront dans le Défilé de Strečno (Strečnianska tiesňava) depuis le 31 août jusqu’au 4 septembre 1944, et sur le village de Priekopa (actuel. Vrútky-Priekopa) du 6 et du 9 septembre 1944. Après ces combats, les hommes passent quelques jours de repos (du 13 jusqu’au 19 septembre 1944) dans la station thermale de Sliač (près de Zvolen), puis ils participent à d’autres combats à Nemecké Pravno (actuel. Slovenské Pravno) le 20 septembre 1944, à Čremošné, à Svätý Kríž na Hronom (actuel. Žiar nad Hronom) du 21 jusqu’au 24 septembre 1944 et à Jánova Lehota le 25 septembre 1944.

(3) Ce passage par la vallée est très étroit. Creusé par la rivière Váh entre les montagnes Fatras (massifs de Grande Fatra et de Petite Fatra dans les Carpates occidentales) ce défilé est accessible seulement par la voie d’eau jusqu’à la fin du 19e siècle quand une grande ligne de communication sera construite (une voie ferrée avec des tunnels et une route nationale, reliant l’est avec l’ouest du pays par cette ligne septentrionale. A Vrútky-Priekopa, se trouve un nœud ferroviaire et un carrefour routier reliant est-ouest et nord-sud du pays, d’où l’importance des combats en ce lieu.

Après un repos dans la ville de Detva afin de permettre la réorganisation des unités de combat début octobre, le groupe repart au combat pour la défense du Sud-ouest du front où elle a soutenu des engagements très dur à Krupina du 13 au 18 octobre 1944, à Prenčov du 10 jusqu’au 11 octobre 1944, à Hontianske Nemce du 16 jusqu’au 19 octobre 1944, à Svätý Anton et enfin à Senohrad, le 20 octobre. Revenue à Detva, la Compagnie va poursuivre son périple jusqu’aux montagnes de la vallée du Hron (région Pohronie) et au village de Jasenie plus particulièrement, village situé sur les pentes méridionales des Basses Tatras.
Enfin, le troisième volet de la guerre de partisans se déroule lors de la répression du Soulèvement par les troupes nazies qui envahissent la Slovaquie. Les éléments de la Compagnie qui a éclaté en plusieurs petites formations plus ou moins nombreuses dont une équipe autour du Capitaine Georges de Lannurien (1915-1988), une autre avec le lieutenant et aumônier militaire Jean-Pierre Geyssely (1911-1999), de novembre 1944 à février 1945 (rencontre avec les unités de libération du front d’Ukraine), se réfugient dans les montagnes pour mener leurs raids.

Un grand merci

Nous remercions vivement les familles Clairet – Joubier et Ponchon qui nous ont transmis de nombreux documents et photos de famille et le musée SNP à Banská Bystrica.

Références

1 Francúzi v Slovenskom národnom povstaní (Les Français dans l’Insurrection Nationale Slovaque). Dušan Halaj, Ľubomir Moncoľ, Ján Stanislav. Grafické štúdio Ing. Petra Jurigu Banská Bystrica 2003. ISBN 80-89112-02-1

2 Musée SNP (Soulèvement National Slovaque) à Banská Bystrica en Slovaque.

3 Fašistické represálie na Slovensku (Druhé doplnené a rozšírené vydanie). Stanislav Mičev, Ján Stanislav, Jozef Rodák, Dušan Halaj. Vydavateľstvo Obzor, Bratislava 1990. ISBN 80-
215-0063-8

4 Slovensko – Dejiny. Ján Tibenský & collect. Vydavateľstvo Obzor, Bratislava. 1971

5 Dejiny Slovenska a Slovákov. Milan S. Ďurica. Slovenské Pedagogické Nakladateľstvo, 1996. ISBN 80-08-01427-X

6 La Résistance et les Français. Lutte armée et maquis. Actes du colloque international de Besançon – 15-17 juin 1995 publiés sous la direction de François Marcot. Des Français dans des maquis étrangers, par Yves Durand. Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté. 1996. ISBN 2.251.60617.3

7 Les résistants de la dernière chance ; des français dans les maquis slovaques. Bohuš Chňoupek. Ed. Jacques Grancher. 1986. Avec l’accord de Slovenska Literarna Agentura (L.I.T.A.) Bratislava

8 Histoire des pays tchèques et slovaque. Antoine Mares. Ed Hatier. 1995

Sur le web :

http://www.muzeumsnp.sk/

http://gw.geneanet.org/duvgen?lang=fr;m=NOTES;f=Stalag (stalag XVII B)

http://www.unser-gneixendorf.at/le-camp-de-prisonniers-de-guerre-stalag-xvii-b/

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