Le Prince de Poprad et sa tombe

Alice Hura – Charles Bugan

Une exposition au sujet d’une découverte d’une valeur exceptionnelle.

La ville de Poprad possède un musée, le Podtatranské múzeum, où sont exposées des collections d’archéologie et d’histoire régionales de la partie septentrionale du pays slovaque.

Suite à la découverte remarquable, au point de vue archéologique, d’une tombe de la fin du 4e siècle, une nouvelle exposition y est ouverte depuis la fin du mois de mai 2023 :

Knieža z Popradu a jeho hrobka – Le Prince de Poprad et sa tombe

Cette exposition permanente, avec la visite guidée, est répartie dans cinq salles où sont exposées les collections consacrées à la découverte lors des fouilles de prévention dans la zone d’activité industrielle de Poprad-Matejovce de 2005 et qui sont passées sous la loupe des archéologues et des études des sciences naturelles.

Le parcours proposé est le suivant :

Salle 1, Ire partie : Les gens et des montagnes – la vie au pied des monts Tatras au 4e siècle apr. J.-C.

Salle 2, IIe partie : La découverte, le sauvetage et la conservation de la tombe.

Salle 3, IIIe partie : Les funérailles du prince. Dans cette pièce sombre en déambulant sur une vitre de sol on découvre sous nos pieds une réplique de la tombe.

Salle 4, IVe partie : Histoire de la tombe : construction, funérailles, pillage. Là se trouve l’original de la chambre funèbre intérieure et quelques pièces de la partie extérieure.

Salle 5, Ve partie : Le Prince, sa vie et son époque. Une aventure de la science.
Dans cette salle, on peut y voir notamment les originaux du lit funéraire et de la table qui se trouvait à son côté.

https://www.muzeumpp.sk/expozicie/kniezacia-hrobka-z-popradu

La visite de l’exposition est guidée et le musée souhaite de réserver à l’avance.

PS : nous reviendrons plus longuement dans des articles suivants

Žinčica, un aliment au lait de brebis

Alice Hura – Charles Bugan

La boisson du lait de brebis, Žinčica est l’un des produits les plus typiques des salaš -les bergeries slovaques. Jadis cette boisson laitière était un repas principal quotidien des bergers dans les montagnes slovaques. Aujourd’hui, dans les fermes de brebis slovaques, le lait de brebis sert à la fabrication de fromages, de yaourts, de boissons – Žinčica – et des kéfirs.
La boisson, Žinčica est un lait caillé de brebis préparée lors du processus de fabrication du fromage de brebis.

Le terme Žinčica, est un mot des bergers de l’espace carpatique introduit aux dialectes slovaques dès le 16e siècle par des colons valaques, une ethnie de nomades éleveurs de brebis des montagnes carpatiques, quand ils s’établissent durablement dans les monts des Tatras de la Slovaquie actuelle. Une partie de ces montagnards carpatiques slovaques, les Gorals, gardent encore leur identité culturelle. Le mot roumain jintita, qui est apparenté au vieux slave žeti, signifie à presser ou à serrer quelque chose. Le terme d’origine signifiant pour en extraire un liquide du fromage frais de brebis.

Depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours, le lait de brebis servait à préparer des fromages de brebis, comme le Bryndza par exemple, le Žinčica étant un sous-produit liquide de la fabrication du fromage de brebis.

C’est une excellente boisson très désaltérante qui possède aussi des vertus curatives, car il a un puissant effet antioxydant. Le Žinčica régule la tension artérielle et le taux de cholestérol et est très bon pour l’intestin – il serait efficace pour la prévention du cancer du gros intestin – et pour les problèmes d’estomac. Les vertus médicinales du Žinčica étaient aussi reconnues, et recherchées, comme remède employé lors du traitement de certaines maladies pulmonaires et de l’estomac.

Sources

Encyklopédia Ľudovej kultúry Slovenska. 1 et 2. Ed. Slovenskej akadémie vied.1995

Gorali. Matica slovenská. 2013

Histoire de la Transylvanie. Jan De Maere. Ed. Avant-Propos. 2017

La cuisine gauloise continue. Anne Flouest, Jean-Paul Romac. Ed . Bibracte & Bleu autour, seconde édition. 2009 (page 23 et 236)

Site protégé de Šikľavá skala

Alice Hura – Charles Bugan

Le site protégé de Šikľavá skala est un site géologique présentant une vaste formation rocheuse sédimentaire constituée du conglomérat calcaire et créant le paysage dans la vallée de la rivière Hornád. Il se situe aux alentours du village de Chrasť nad Hornádom dans la région de Spiš en Slovaquie orientale. Ce paysage s’est formé à une époque antérieure par l’érosion de l’eau du Hornád. L’eau qui y tombe prend un aspect particulier sur la paroi de la face nord des falaises rocheuses sur les bords de la rivière dans la partie orientale de la cuvette.

Le nom du site, Šikľavá skala, désigne probablement dans le dialecte local de Spiš, une roche glissante (effet sur une roche mouillée). Le lieu où prend sa source la cascade est appelé Lesanka et selon une légende locale c’est le nom d’une ancienne fée slave, gardienne de la forêt.

Le site protégé de Šikľavá skala est une réserve naturelle d’importance européenne sous la protection du Parc national du Slovenský raj – le Paradis slovaque. On y retrouve un refuge pour les espèces menacées de la faune et de la flore.

A proximité du site on y trouve de parois abruptes, inabordables et donc très difficilement accessibles, et des rochers d’aspect un peu féerique ainsi que des petites cavités souterraines. Ce site constitue une partie des montagnes de Volovské vrchy et par sa géomorphologie appartient au massif des Monts métallifères slovaques.

La cascade de glace de Šikľavá skala

Une curiosité de la nature à voir pendant l’hiver glacial, car l’écoulement qui alimente en eau la cascade de Šikľavá skala sous l’effet du gel permanent, se crée et se développe un rideau façonné en colonnes de glaçons de grandes dimensions.

www.slovenskyraj.sk

Les caves vinicoles de Sebechleby-Stará Hora

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Le hameau vinicole de Stará Hora est situé à l’ouest 3 km près de la commune Sebechleby et au sud-ouest de la ville de Krupina. C’est là que se déroule annuellement une festivité qui met en valeur les vignerons du hameau et la gastronomie populaire.

Les vignerons du hameau de Stará Hora offrent la possibilité de visiter une ou plusieurs caves vinicoles ouvertes au public, souvent pendant la grande festivité annuelle Oberačka po sebechlebsky – Vendange à la façon de Sebechleby, un festival vinicole et de la gastronomie populaire, mais aussi du tourisme et des groupes folkloriques.

Le hameau des caves vinicoles à Stará Hora (la vieille montagne), classée le 21 janvier 1981 Réserve du monument de l’architecture populaire, compte 115 caves et maisonnettes vinicoles du 18e et du 19e siècle, du type régional de la région du Hont. Tous ces édifices vinicoles sont occupés par leurs propriétaires, des vignerons de Sebechleby. Les caves vinicoles étaient creusées à la main dans le sous-sol du tuf volcanique, elles datent de 1704,1721 et 1764 pour les plus anciennes, et cette localité vinicole est occupée depuis le 13e siècle par des vignerons de Sebechleby.

Un petit musée du hameau de Stará Hora possède une collection d’objets traditionnels de la culture populaire locale de Hont. Une vidéo permet d’appréhender la vie de ce hameau. La petite chapelle rurale Saint-Urbain, de style baroque, édifiée en 1732 au milieu du hameau, attire l’attention pendant le mois de mai, lors de la fête patronale (le 25 mai).

Hors de la festivité, il existe aussi la possibilité de visiter le hameau de Stará Hora et certaines caves avec dégustation et achats de vins blancs et rouges au goût particulier du cépage Concordia sur demande à des périodes différentes.

Le cépage Concordia, est connu pour sa résistance au gel dans les régions froides et sa fertilité, il est peu exigeant sur l’emplacement et convient aux sols sablonneux.

Pour visiter la région de Hont, ses caves vinicoles et ses lieux accessibles d’une autre manière il est proposé une randonnée à vélo. Le circuit cyclo-touristique appelé Greenway, d’une distance de 29 km, passant par neuf communes vinicoles de la région de Hont, est destiné aux cyclistes expérimentés.

https://www.starahora.sk

Le Burčiak est servi

Alice Hura – Charles Bugan

En Slovaquie, la saison du Burčiak a commencé avec la fin du mois d’août. C‘est une boisson que les slovaques aiment et qui, pendant dix semaines, leur sera proposée.

Le Burčiak est un phénomène propre à la Moravie et dans le massif montagneux Malé Karpaty – les Petites Carpates de la Slovaquie de l’ouest et ne se produit pas dans d’autres pays. Rien qu’en Slovaquie 300.000 litres environ sont produits.

C’est un produit intermédiaire dans la production de vin, avec une teneur en alcool allant jusqu’à six pour cent, qui est créé quelques jours après le début de la fermentation du moût clarifié. Les œnologues en parlent comme une sorte de vin blanc nouveau, un vin qui n’a pas totalement fermenté et qui se conservera doux dans le tonneau durant une semaine.

Un Burčiak sans impuretés et sans pesticides doit avoir une couleur claire, laiteuse, cela signifie alors qu’il est de très bonne qualité, par contre, un Burčiak brun foncé est l’indicateur d’une piètre qualité car trop fermenté.

Cette année, et ce déjà depuis le 15 août, il est possible de déguster cette boisson élaborée à partir de raisins purs avec une teneur en alcool d’environ 5 à 7 % en volume et du sucre résiduel au goût.

Le terme Burčiak vient du verbe de l’ancien slave buriti qui signifie mouvementé, agité, remuer vivement en divers sens.

On dit que…

Certaines personnes affirment que vous devez boire autant de Burčiak qu’il y a de sang circulant dans vos veines (cela fait quand même environ 5 litres !) et une superstition populaire dit qu’après en avoir bu cinq litres, le sang dans le corps semble changer ! Mais selon les experts, bu en grande quantité, cela nuira plutôt à l’organisme alors qu’il serait sain à petites doses.

N’oublions pas que c’est de l’alcool et que, comme toujours, c’est l’abus qui est nocif.

Il faut se méfier de la contrefaçon vendue ʺà la sauvetteʺ, ce n’est qu’un vin blanc de piètre qualité auquel on a ajouté du sucre…

NB : le Burčiak étant un vin toujours en fermentation, le récipient le contenant doit toujours avoir une petite ouverture afin que le gaz puisse s’échapper librement.

Šibeničky et Juraj Jánošík

Alice Hura – Charles Bugan

Šibeničky signifie « les petits gibets ». C’est aujourd’hui un site de mémoire qui témoigne de l’exécution du héros populaire slovaque Juraj Jánošík en 1713, inauguré l’été 2021.

Topographiquement, ce site se situe aux limites de territoires anciens, à l’est de la ville de Liptovský Mikuláš. Un territoire, Vrbica, appartenait à cette époque au domaine du château de Hradok (aujourd’hui Liptovský Hrádok) et un autre territoire qui appartenait alors au village d’Okoličné. Aujourd’hui, Vrbica et Okoličné sont des quartiers de la ville de Liptovský Mikuláš.

Le 17 mars 1713, Juraj Jánošík personnage vivant hors la loi, y a été exécuté après deux jours passés dans la prison du manoir de Vranovo (Paludza), situé à l’ouest de Liptovský Mikuláš, et après une série de questions posées afin de connaître la vérité (en fait il fut torturé). Apparemment, Jánošík n’aurait commis aucun crime, ce qui ne semble pas avoir été le cas de ses congénères. Le court délai entre la condamnation et l’exécution de la sentence se justifie par le fait que la Justice voulait que ce soit un exemple !

Juraj Jánošík, devenu chef de malfaiteurs, a donc été jugé et condamné à mort par l’autorité de justice régionale de Liptovský Mikuláš. Il est possible que sa condamnation à mort ait été proclamée en ce lieu, là où il sera suspendu à un crochet placé sous ses côtes du côté gauche jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Les historiens identifient ce lieu comme approximatif, mais dans le passé ce lieu d’exécution était marqué par trois arbres. Ces arbres survivants jusqu’aux années 50 du 20e siècle. Ce lieu en tant que place d’exécution a servi encore au début du 19e siècle.

En 2018, après 305 années, le maire de la ville de Liptovský Mikuláš et le maire de Terchová, le village natal de Juraj Jánošík, ont signé un décret signifiant la paix symbolique afin d’éliminer une tache historique et la responsabilité pour la mort de celui qui est devenu un héros populaire.

Juraj Jánošík (1688-1713), originaire de Terchová, fut un militaire engagé dans la révolte anti-habsbourgeoise du prince transylvanien François II Rakóczi. Il sera ensuite un soldat volontaire de l’armée impériale qu’il désertera pour devenir membre, et capitaine d’un groupe de bandits dans les montagnes slovaques. Les faits de banditisme feront qu’il sera recherché, arrêté et condamné à mort publiquement le 17 mars 1713.

Juraj Jánošík, personnage venu du peuple, sorte de Robin des Bois de ces temps, celui qui prenait aux riches pour donner aux pauvres, va devenir un héros légendaire slovaque dont on retrouve constamment la trace dans l’art populaire slovaque depuis le 18e siècle.

Voir aussi notre article : Jánošík, rebelle d’honneur et héros légendaire populaire slovaque

http://vaheurope.eu/?p=996

100 ans de Krásy Slovenska

Alice Hura – Charles Bugan

Maintenant que nous apercevons la sortie du tunnel Covid 19, ils nous semblent bon de reprendre nos articles et nous commençons avec une revue qui fête son centenaire et qui présente les beautés de la Slovaquie.

Le centième anniversaire du magazine slovaque Krásy Slovenska – Beautés de la Slovaquie.

C’est en 1921 que le magazine slovaque Krásy Slovenskales beautés de la Slovaquie, commence son existence en montrant les particularités de la nature et de la culture de la Slovaquie.

Le magazine périodique Krásy SlovenskaLes beautés de la Slovaquie propose, depuis son début, des informations pour découvrir les endroits remarquables, souvent des hautes montagnes.

Le premier numéro de cette publication illustré slovaque, sorti en janvier 1921, offrait les informations nécessaires dans l’intention de découverte du tourisme de montagne et de séjours dans les Hautes Tatras et dans la région de Liptov. Ainsi, à partir de son début, le magazine est devenu un guide de la découverte de la Slovaquie.

Dès le nouveau millénaire, et ce à partir de 2004, c’est un nouvel éditeur du magazine slovaque Krásy Slovenska, le groupe slovaque Dajama, qui sort un nouveau projet de cette publication. Divisé en deux sections l’une destinée à la nature et à la culture slovaque : l’édition Prírodné krásy Slovenskale patrimoine naturel de la Slovaquie et l’autre, l’édition Kultúrne krásy Slovenskale patrimoine culturel de la Slovaquie. Les publications, publiées aussi en anglais, sont rédigées par des spécialistes et propose de découvrir les grands sites de la Slovaquie, riche de son passé, de ses beautés naturelles et d’autres découvertes.

L’édition Prírodné krásy Slovenska – le patrimoine naturel de la Slovaquie

Les publications thématiques montrant les particularités de la nature slovaque, sortent les titres comme : les plus belles montagnes, les plus belles vallées, les plus hautes montagnes, les parcs nationaux, les paysages protégés, d’eaux, d’arbres remarquables, les sites de rochers remarquables, les grottes, les lacs de montagnes, la faune et flore, etc. Cette édition livrée au patrimoine naturel de la Slovaquie, inspirée des recherches conduites récemment dans l’intention de faire découvrir l’environnement et les paysages où vit la population slovaque.

Son premier titre : Les plus belles montagnes de la Slovaquie (édité en 2007), est une sélection de 33 montagnes des Carpates slovaques, où le magazine présente leurs beautés et raconte leurs légendes. Sans aucun doute, c’est le mont Kriváň (2494 m) qui est considéré comme le plus beau mont et comme symbole national de la Slovaquie. Dans l’histoire du magazine, ce mont garde sa première place à l’échelle de la popularité lors du concours organisé pour les lecteurs du magazine.  

L’édition Kultúrne krásy Slovenska – le patrimoine culturel de la Slovaquie

L’édition montrant l’héritage culturel de la Slovaquie est publié en de nombreux titres. Parmi eux, on trouve : les églises en bois, le patrimoine mondial de l’UNESCO en Slovaquie, les châteaux et manoirs, les castels, les plus beaux châteaux en ruines, les églises romanes, les églises gothiques de campagne, les parcs et jardins magnifiques, la culture populaire, l’architecture populaire, l’archéologie en Slovaquie, les musées en plein air – les écomusées, les monuments techniques exceptionnels, les plus belles villes, les synagogues, les forteresses et fortifications, les musées régionaux, les musées de toute la Slovaquie, les habitats fortifiés slaves de la Grande Moravie, etc…

Les publications proposent des ballades à la rencontre des vestiges culturels, des traditions populaires, des sites archéologiques et des sites visitables exceptionnels de la Slovaquie. 

Depuis cent ans, le magazine illustré Krásy Slovenska présentant presque toutes les beautés de la nature slovaque et les découvertes du patrimoine culturel de la Slovaquie, a le plaisir de remercier et formule des souhaits de bonheur à tous ceux qui ont bien voulu les aider dans la réalisation de ce magazine.  

http://www.krasy-slovenska.eu/

https://dajamabooks.sk/produkt/krasy-slovenska-2021-1-2/

28 avril 1950, la fin de l’Église gréco-catholique

Alice Hura – Charles Bugan

Pour les gréco-catholiques slovaques le 28 avril 1950, est un souvenir douloureux, et toujours présent dans leur mémoire, qui signifiait la fin de l’Église gréco-catholique.
Après le coup de force du 15 avril contre les monastères catholiques, le 28 avril 1950, marque la date de la ″liquidation″ totale de l’Église gréco-catholique par le gouvernement communiste tchécoslovaque. Après 300 années d’existence de l’Église gréco-catholique la dictature communiste supprime la religion ancestrale des Ruthènes slovaques.

Le parti communiste gouvernant la Tchécoslovaquie opte pour l’orthodoxie moscovite, et convoque une assemblée le 28 avril 1950 dans la ville de Prešov : ″Pour un retour à l’Orthodoxie russe″, en présence de 820 délégués dont 747 membres de comités communistes et 73 clercs gréco-catholiques. Cette assemblée proclame l’élimination de l’institution historique de l’Église gréco-catholique ou Uniate, installée depuis 1646, et historiquement connue sous le nom d’Union d’Oujgorod.

Pour rappel, c’est en 1596 que par l’Union de Brest-Litovsk (en Biélorussie aujourd’hui), une partie des orthodoxes ukrainiens se rallient à Rome, tout en conservant leur rite ; ils constituent ainsi la première communauté « Uniate » de l’orthodoxie.

En 1645, le prince de Transylvanie, Georges Ier Rakóczi prend la tête du soulèvement anti-habsbourgeois en Hongrie royale, et ce seigneur, protestant, va imposer la foi réformée aux orthodoxes slovaques et ruthènes, par la devise ″cuius regio, eius religio″. Le 24 avril 1646, 63 prêtres orthodoxes du pays slovaque oriental s’unissent avec l’Église catholique contre l’expansion du protestantisme du prince Rakóczi, et pour faire admettre l’utilisation de la langue liturgique slave ancestrale et une discipline religieuse orthodoxe. Cela aboutira à la mise en place de l’uniatisme. Le premier évêque uniate, gréco-catholique, Peter Parthenij Petrovič, ancien prêtre orthodoxe serbe, sera nommé en 1651.
L’église gréco-catholique – Uniate, sous l’aile de l’Empire habsbourgeois, sera officiellement confirmée le 14 mai 1648 par archevêque Lippay, Primat hongrois d’Esztergom, et par le synode épiscopal de Trnava (Nagyszombat en hongrois) en septembre de la même année.

Après la fondation de la République tchécoslovaque en 1918, une forte position avait le courant ruthène est soutenu par le clergé de l’Église gréco-catholique. Mais ensuite, entre les deux guerres, une orientation ruthène en Slovaquie se caractérisée peu à peu en trois tendances ethniques : pro-russe, ruthène et pro-ukrainienne. Cette dernière tendance ayant pour ambition l’influence sur l’évolution de la culture ruthène. Après 1945, un Conseil national ukrainien est créé en Slovaquie. Il va devenir l’organisme politique et national des Ruthènes de la Slovaquie orientale, dans le but d’améliorer le niveau de vie tant du point de vue politique, économique, social et culturel, mais avec une orientation russophile pour les Ruthènes slovaques.

Après le 28 avril1950, les temples et les biens de l’Église gréco-catholique sont transférés aux mains des orthodoxes soumis à Moscou. Des 328 prêtres gréco-catholiques, seulement 23 vont se convertir à l’orthodoxie russe. Les deux évêques gréco-catholiques sont emprisonnés, où l’un d’eux, Pavel Peter Gojdič va y décéder, en 1960, à l’âgé 72 ans. Quant aux familles des prêtres désobéissants, elles sont expulsées par la force dans ce qui était la région des Sudètes avant la deuxième guerre mondiale, au nord de la Bohême, à plus de 700 kilomètres de la région ruthène de Slovaquie.

En 1950, l’église gréco-catholique de Slovaquie comptait environ trois cents milles croyants ruthènes et slovaques, mais après 1991, seulement 16937 personnes proclament leur confession gréco-catholique.

L’évêque orthodoxe Alexeï de l’Éparchie de Prešov (1950-1955), de son nom d’origine Alexandre P. Dechterev, ancien officier russe et ex-agent de la police secrète du MVD – le Ministère des affaires intérieures à l’époque soviétique – va suivre une formation à Kiev grâce à laquelle il sera installé ensuite au poste d’évêque orthodoxe pour les Slovaques, il est ainsi à la tête de l’Église orthodoxe en Slovaquie sous le gouvernement communiste staliniste.

En 1968, lors du Printemps de Prague, l’état tchécoslovaque va permettre le rétablissement de l’Église gréco-catholique. Les interlocuteurs ruthènes slovaques refusent en public une orientation ukrainienne dans la linguistique ruthénienne et demandent une reconnaissance de la minorité ethnique des Ruthènes en Slovaquie avec le rétablissement de l’Église gréco-catholique. Après 1989, la question de l’identité ruthénienne est de nouveau ouverte.

Dès 1990, après la Révolution de velours, l’état tchécoslovaque va, par la loi de restitution, remettre les biens et les temples occupés par les orthodoxes russes depuis 1950 aux gréco-catholiques. Cela ne se fera pas sans heurts, et de nombreux incidents vont opposer les habitants des villages des deux obédiences.

La culture ruthène en Slovaquie

Cette culture ruthène montre un ensemble d’églises en bois avec des icônes, et constitue, en outre, le folklore ruthène avec des chansons rituelles et le rite calendaire de Pâques, de Noël, etc…, mais aussi avec des chansons de mariage, et de danse, des berceuses, des ballades et des contes populaires. Les Ruthènes slovaques se divisent en deux groupes dialectiques : un est le groupe occidental des Lemkos dans la région de Veľký Lipník jusqu’à Vyšná Jablonka ; l’autre est le groupe oriental des Boïkos aussi appelés Pujdaci, situé géographiquement des environs de la vallée de la petite rivière Pčolinka et de la région en amont de la rivière de Cirocha, jusqu’au cours supérieurs de la Latorica et de l’Už – Uh en slovaque et Ouj en francais.

Signalons encore que trois églises en bois Gréco-catholiques – Uniates sont reprises au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008. Il s’agit des églises Saint-Nicolas à Bodružal, de l’Archange Saint-Michel à Ladomirová et Saint-Nicolas à Ruská Bystrá.

PS : pour les besoins de notre exposition photos dont le thème était ″Les églises en bois de Slovaquie″, nous avons visité un grand nombre de ces églises uniates de l’est de la Slovaquie et nous pouvons vous garantir que les églises visitées étaient du plus haut intérêt, et nous pensons notamment à celles des villages de Ladomirová, d’Uličské Krivé, de Miroľa, de Brežany…

Inconvénient, la visite de l’intérieur de ces églises en bois n’est pas toujours facilement accessible et il est très souvent interdit de photographier.

Liens

http://vaheurope.eu/?p=125 : L’église en bois de Matysová

http://vaheurope.eu/?p=104 : Le village d’Inovce et l’église en bois de l’Archange Saint Michel

Sources

Dejiny Slovenska a slovákov. Milan S. Ďurica. Slovenské Pedagogické nakladateľstvo. 1995

Encyklopedia ľudovej kultúry Slovenska 1 – 2. Ed. VEDA Slovenskej akademie vied. 1995

Drevené kostoly. Miloš Dudáš, Ivan Gojdič, Margita Šukajlova. Dajama. 2007

2000 ans de chrétientés ; Gérard Chaliand – Sophie Mousset ; Ed Odile Jacob, janvier 2000

Les Uniates. Jean-Claude Roberti. Ed. du Cerf. 1992

Document UNESCO : http://whc.unesco.org/fr/list/1273

La vénération de saint Georges dans la culture populaire slovaque

Alice Hura – Charles Bugan

Les Slovaques, comme d’autres peuples slaves et européens, célèbrent la Saint-Georges. Cette fête est liée à l’accueil du printemps du culte rendu au feu purificateur et du soleil des anciennes divinités slaves.

Malgré la lutte acharnée de l’Église contre les vestiges des rites païens slaves, la vénération pré-chrétienne des forces de la nature continua dans les campagnes slovaques et ne disparaîtra qu’aux environs des années 50 du 20e siècle.

La figure de saint Georges, dans la mythologie chrétienne, retient surtout un cavalier sur son cheval blanc et qui pourfend un dragon. Il est fêté au printemps, le 24 avril.
Il est le saint patron des paysans, mineurs, selliers, maréchal-forgerons, tonneliers, voyageurs, orphelins, soldats, cavaliers et du bétail (chevaux et bestiaux). La légende du martyre de saint Georges s’est répandue dès le XIIe siècle.
Il est le saint patron de l’Angleterre et de l’ordre Teutonique.
Il fait partie des quatorze saints auxiliateurs et est invoqué contre les maux de tête, les maladies contagieuses et dartreuses.

Dans la tradition populaire slovaque, il était lié au début du printemps, à l’agriculture et, surtout, à la première sortie du bétail vers les pâturages. C’est un tournant entre l’hiver et l’été, et ce jour était lié à de nombreuses pratiques magiques, rituelles et imaginations populaires.

Cependant, les jours avant la fête de la Saint-Georges sont marqués comme défavorables, comme certains dictions slovaques le montre : un grondement de tonnerre avant cette fête signifie une année de récolte déficitaire, ou encore, jusqu’au jour de la Saint-Georges, rien ne pousse si on le tire avec la force de pince de fer mais après cette fête ″tout pousse fortement même si on le bat avec un marteau″. Mais la Saint-Georges est la figure d’accueil du printemps, c’est lui qui ouvre la terre pour l’année agricole : saint Georges viendra ouvrir le champ ou saint Georges se réveille pour ouvrir avec une clef la terre ; quand saint Georges arrive, il apporte l’été.

Certains animaux visibles et des plantes trouvées avant la Saint-Georges avaient une puissance magique. C’est le cas du trèfle à quatre feuilles, du Tussilage aussi appelé pas d’âne, du Populage des marais ou Caltha des marais ou encore Souci d’eau, du serpent, de la grenouille et du lézard. Tous avaient une vertu bénéfique qui se liait aussi à la magie de l’amour et du mariage, le mariage étant un sujet de prédilection pour les jeunes filles. Par exemple, voir un serpent avant la Saint Georges avait une importance spéciale dans la croyance populaire, il était considéré comme un gardien de trésor. Le trèfle à quatre feuilles apportait le bonheur s’il était cueilli avec les dents par un homme.

Le bétail

La première sortie du bétail au pâturage était le début officiel de la sortie commun du bétail au printemps après l’hiver et il était célébré avec solennité.

C’était surtout le cas pour les bergers de montagnes. Cette première sortie de troupeaux de moutons vers les bergeries éloignées signifiaient un changement des manières de leur vie dans les montagnes. C’était aussi le jour de la première sortie du bétail et cela recouvrait des traditions ancestrales liées avec de nombreuses pratiques de magie blanche devant assurer la prospérité et la fécondité du bétail.
Quelques exemples : pour l’élimination des forces néfastes, pour que les sorcières ne tètent pas le lait de vaches, le berger devait assurer son séjour avec le troupeau de vaches hors du village par un feu et d’autres rituels magiques. Pour cela, il recourait à un vieux rituel magique de protection de troupeaux contre les malheurs et il devait encenser le bétail ou déposer une chaîne en fer le long du chemin parcouru par le bétail, le but était d’assurer cohésion du troupeau et ne pas avoir des animaux éparpillés. On retrouve ce symbole de la chaîne dans le rituel de la Noël, sous la table du repas, pour l’union de la famille.

Le même rituel prophylactique était utilisé par les bergers dans les montagnes slovaques. C’est ainsi que chaque année, quand le berger montait avec son troupeau de brebis vers la bergerie de montagne, il devait assurer son troupeau de brebis par un rituel archaïque du feu vivant et un encensement purifiant. Le chef berger, le bača, passait trois fois autour de la bergerie et enfumait les brebis avec une fumée sortie d’un récipient en bois rempli de charbons ardents dans lequel se consumaient des herbes, des restes de cierges de Pâques, des morceaux de bâtonnet de craie qui avait servi à l’écriture des lettres des initiales des noms des Rois mages au-dessus de la porte des habitations, de la myrrhe (utilisée pour l’encens dans l’église). Puis, ce récipient était enterré à proximité de la cabane du berger et l’endroit était marqué à l’aide d’un tuteur en bois comportant un trou dans lequel on introduisait des plantes médicinales.

Les réjouissances de la jeunesse du village la nuit de la Saint-Georges

C’est une démonstration de joie, une pétulance printanière des jeunes gaillards, les jeunes hommes du village. Il représente un symbole printanier, incarné au masculin, amant de la Terre.

Une croyance veut que saint Georges marche dans le champ et fasse naître le blé. La semaine ou 10 jours après Pâques étaient des jours de sorcières, et pour les contrer, à la nuit ou à la veille de la fête de Saint-Georges, on allume un grand feu et les jeunes hommes du village sautaient par-dessus. Cette coutume va persister jusqu’au premier tiers du 20e siècle.

Mais aussi, la nuit de la Saint-Georges, les garçons du village déplaçaient les outils et objets agricoles, ils les démontaient et allaient les placer sur les toits des granges ou dans des hauteurs (arbres par ex). Cette activité espiègle était une persistance archaïque de l’idée de se protéger contre les forces maléfiques de sorcières. Autre exemple, les dents de fer des outils coupants agricoles étaient placés devant les granges et avaient une fonction de défense contre les sorcières, elles pouvaient se blesser. Ce qui pouvait permettre, le lendemain, de découvrir les ensorceleuses du village ! Cet humour et cette activité ludique des garçons étaient toléré par la commune.

Pour assurer une belle moisson, au jour de Saint Georges la jeunesse se roulent sur les pousses de blé d’hiver au champ.

Les jeux de divination traditionnels des jeunes filles

Le jour de la Saint-Georges, les jeunes filles du village chantent des chants rituels mais surtout des chants d’amour et elles tressent des couronnes de verdure ou de fleurs pour s’assurer d’un bon mariage. La couronne était jetée par la jeune fille sur certains arbres de la forêt et si la couronne restait suspendue, elle serait mariée avant la fin de l’année. Par contre si la couronne retombait par terre, la jeune fille allait rester célibataire. Pour remplir son désir à se marier avec son amoureux, la jeune fille tressait une couronne avec neuf branches de verdure avant le levé du soleil le jour de la Saint-Georges tout en prononçant des formules magiques.

L’appel du soleil par des enfants

En ce jour de Saint-Georges, dans les près et pâturages, les enfants se divertissaient en célébrant l’arrivé du printemps et du soleil par des jeux. Ces jeux rappellent l’appel du printemps des rites archaïques slaves. De nos jours, ces jeux enfantins passent par une modification stylisée et sont intégrés par les groupes folkloriques.

La tradition de la vénération de la Saint-Georges a été très intense dans les régions de la Slovaque méridionale et occidentale.

De nos jours, se sont les groupes folkloriques en Slovaquie qui assurent la mémoire des coutumes populaires.

Les représentations de saint Georges

Dans l’église Saint-Jacques de la ville de Levoča, on peut voir la statue équestre de saint Georges terrassant le dragon dont Maître Pavol (* vers 1470 – † vers 1542) serait l’auteur (une copie, plus accessible, se trouve dans le musée Dom Majstra Pavla à Levoča.

Vénéré aussi bien à l’occident qu’à l’orient, on retrouve de nombreuses icônes orthodoxes et gréco-catholiques ainsi que des représentations du saint dans l’art de l’Église catholique.

Pour terminer, signalons qu’en Belgique, le dimanche de la Trinité, lors de la ″Ducasse de Mons″ se déroule sur la Grand place, le combat du Lumeçon, le combat de saint Georges contre le dragon. C’est l’occasion de grandes réjouissances dans cette ville du Hainaut.

Sources

Encyklopedia ľudovej kultúry Slovenska 1 – 2. Ed. VEDA Slovenskej akademie vied. 1995

Malý lexikón ľudovej kultúry Slovenska. Kliment Ondrejka. Mapa Slovakia Bratislava 2003

Slovenský rok. Receptár na dni sviatočné všedné i pôstne. Ratislava Stoličná-Mikolajová. Vydavateľvo Matice Slovenskej. 2004

Une autre Russie. Fêtes et rites traditionnels du peuple russe. Nadia Stangé-Zhirovova. Ed. Peeters.1998

De la paysanne à la tsarine. La Russie traditionnelle côté femmes. Lise Gruel-Apert. Ed. Imago. 2007

Le monde mythologique russe. Lise Gruel-Apert. Ed. Imago. 2014

Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine. Ion Talos. Ed. Ellug, Université Stehdhal Grenoble. 2002

Le culte des saints catholiques en Europe centrale et orientale. Jean-Pierre Irali. Ed. Romaines. 2011

La légende dorée. Jacques de Voragine. Ed GF Flammarion. 1967

Saints guérisseurs de Wallonie et Ardennes. Daniel-Charles Luytens. Ed. Noir dessin production. 2003

Reconnaître les saints. Symboles et attributs. B. Des Graviers et T. Jacomet. Ed. Massin. 2006

Podolinec, l’église de l’Assomption

Alice Hura – Charles Bugan

Bâtie au XIIIe siècle, l’église Nanebovzatia Panny Márie – de l’Assomption de la Vierge Marie – domine la place centrale de la ville de Podolinec et se trouve sur la route des chemins de pèlerinage dont celui de Saint-Jacques de Compostelle. Elle comporte dans son chœur de très jolies peintures murales du moyen âge très intéressantes avec une longue fresque de l’Adoration des Rois mages de toute beauté. A visiter absolument.

La ville de Podolinec est située dans la région historique de Spiš. La première référence écrite date de l’année 1244.

Cette église gothique a été construite, à l’origine, selon le schéma traditionnel : une nef et un chœur à chevet polygonal. L’entrée se fait par l’ouest où se trouve une tour-clocher. Des nefs latérales ont été ajoutées dès la première moitié du XVIIIe siècle, de même qu’une sacristie dans le sanctuaire, côté nord.

Histoire

Une église se trouvait à l’origine sur le site de l’église d’aujourd’hui et est mentionnée dans la charte papale du pape Grégoire IX du 7 janvier 1235, qui est également la plus ancienne mention écrite de l’église du Haut Spiš et une des plus anciennes mentions écrites de la ville.

Cette église a été incendiée par les Tatars en 1285 et en 1287.

L’église actuelle était encore en construction en 1298, quand l’archevêque du Basile de Jérusalem de rite arménien écrit à l’évêque de Cracovie, Ján Muskat, qu’il fera tout pour aider à l’achèvement de l’église de l’Assomption et que, pour l’exécution des autels de saint Nicolas et de sainte Marguerite, des indulgences seront accordées.

Cette église a été achevée à la fin du XIIIe siècle. Elle sera encore reconstruite en partie et voûtée dans la seconde moitié du XIVe siècle.

En 1404, l’église a brûlé. Mais la tour, la nef principale avec le presbytère et la sacristie ont été préservées du bâtiment d’origine.

Les éléments architecturaux les plus anciens du bâtiment comprennent les portails (entrées) avec des portes gothiques, des voûtes croisées faites de nervures qui s’insèrent dans des consoles à tête humaine, la clef de voûte qui est ornée du visage du Christ, et les fenêtres. Dans le chœur se trouvent trois sièges gothiques en pierre qui étaient destinés au clergé et le pastophorium avec une grille en fer qui devait contenir les hosties dans l’église médiévale. Autre élément des plus anciens, l’arc triomphal.

L’église va encore subir des travaux et transformations au cours des années qui suivent, après le tremblement de terre vers 1662, un nouvel incendie en 1671, et il est probable qu’en 1684, un autre incendie ait touché l’église. La Renaissance va aussi apporter son lot de nouveaux éléments, comme le clocher qui se trouve devant l’église.

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la recatholisation va apporter son empreinte par l’art qui va la caractériser dans le pays : le baroque. L’église sera agrandie par une première nef latérale, la nef de sainte Anne de Metercie au nord (1), puis avec la nef de sainte Cunégonde (* 1234 – † 1293) en 1718, au sud. (2)

Sous la nef de sainte Cunégonde et sous la nef principale se trouvent des cryptes qui contiennent un grand nombre de squelettes humains. Les cryptes ont été découvertes par hasard lors de travaux au XXe siècle, lorsque l’ancien étage de l’église s’est effondré, entraînant dans sa chute un garçon qui aidait aux travaux. Sous le choc, le sol de la nef de sainte Cunégonde s’est écroulé permettant ainsi la découverte des cryptes.

Par la suite, un récipient en cuivre a été placé dans la crypte avec un document décrivant qui et quand s’y trouvait, ensuite l’ouverture a été murée.

L’entrée d’origine de la crypte principale devait probablement être située devant l’entrée principale de l’église sous un treillis forgé.

Autour de l’église se trouvait également un cimetière.

Derrière l’église on aperçoit le clocher de l’église du monastère baroque fondé par l’Ordre des Piaristes de 1647 à 1651. Ils l’occuperont jusqu’en 1919. Le monastère est aujourd’hui occupé par les Rédemptoristes.

Les fresques du chœur

L’ensemble du chœur est recouvert de rares fresques médiévales datées des années 1360 – 1430 en plusieurs couches, ce qui signifie que sur les peintures originales un nouvel enduit a été appliqué et qu’ensuite elles ont été repeintes avec de nouvelles scènes. Cela expliquerait, peut-être, que l’on retrouve une scène d’un évangile apocryphe sur l’arc triomphal.

Les peintures actuelles ont été découvertes entre 1910 et 1920 par le restaurateur L. Táry.

Les fresques sont conservées sur les murs et les voûtes du chœur et sur l’arc triomphal. Il est possible que les murs de la nef aient été décorés mais la construction des nefs latérales les a fait disparaître.

Les fresques sur les murs sont disposées en trois registres et les scènes sont séparées par un cadre en ocre. Les peintures les mieux conservées sont sur les murs nord et sud. Celles derrière le retable n’étaient plus visibles pour la plupart lors de notre visite en septembre 2019. Un enduit y était déposé, est-ce dans l’attente d’une restauration profonde ? Nous n’avons pas reçu l’information.

Les fresques murales représentent un cycle christologique dans un certain désordre.

Sur le mur nord

Le registre inférieur est entièrement dévolu à l’Adoration des Rois. Enfin presque car une petite scène, étroite, située juste derrière Marie interrompt le mouvement de l’Adoration. C’est incontestablement la plus jolie et la plus précieuse fresque. Nous proposerons notre étude de la représentation et de la scène qui la suit dans un autre article.

Le registre du milieu présente l’arrestation de Jésus et le baiser de Judas, Jésus devant Pilate, le déshabillage de Jésus, sa flagellation et sa présentation devant le grand prêtre Caïphe curieusement représenté avec une couronne sur la tête !

Le registre supérieur est composé de l’Entrée dans Jérusalem, la Cène.

Au-dessus, dans un médaillon, saint Luc représenté par son symbole, le taureau.

Dans l’abside

N’étaient plus visibles que :

Registre supérieur, le Lavement des pieds
Registre du milieu, la Pose de la Couronne d’épines et le port de la croix.
Registre inférieur, la Mise en croix de Jésus et la Crucifixion.

Sur le mur sud

On ne voit plus que trois scènes du registre inférieur. La Résurrection, l’Apparition à Marie-Madeleine et la Pentecôte.
Une fenêtre plus récente que les peintures a été percée.
Au-dessus, dans un médaillon, saint Marc représenté par son symbole, le lion.

Dans les voûtains du plafond, on retrouve la Vierge à l’Enfant, le sein d’Abraham, le Christ bénissant, des anges dans des médaillons et des anges musiciens, le tout dans un décor floral.

L’arc triomphal

Dans l’intrados, nous retrouvons des prophètes. Sur le piédroit côté sud, saint Nicolas Évêque. (3)
Du côté nord, la chaire est fixée sur le piédroit, il n’est donc plus possible de voir la peinture qui s’y trouve.

Coté chœur, sur le nord, l’Apparition à Thomas et côté sud, une représentation très rare de la Vierge Marie et de Jésus enfant, qui a une attitude anormale, voyons cela.
Marie, main gauche levée, s’adresse à un homme qui a sa main droite sur le cœur (un geste que l’on voit souvent aujourd’hui, lors de l’exécution des hymnes nationaux, mais qui ici à une autre signification !). Marie tient son Fils enfant par la main droite. Celui-ci se détourne de la scène et porte un panier dans la main droite, panier dans lequel on peut distinguer une fleur à 4 pétales, en forme de quadrilobe. La tunique de l’Enfant est ornée d’un motif de cinq fois trois points.
Selon la littérature (4), il s’agirait d’un homme qui instruisait la jeunesse, comme on peut le lire dans les textes apocryphes de l’Évangile de l’enfance chapitres XLVIII et XLIX et dans l’Évangile du Pseudo-Matthieu, chapitres XXXVIII, XXXIX ou XXV. Ce maître-enseignant devrait être Zachée ou Lévi !

La voûte du chœur

La voûte au-dessus du chœur est, comme c’était la coutume dans les églises médiévales, décorée de figures et de symboles des représentants du ciel. Les médaillons de la décoration en arc, qui sont entourés par un ornement composé de feuilles et de fleurs, représentent les figures des représentants du ciel en partie selon l’iconographie byzantine à savoir Marie Orante au nord, la Sainte Trinité au sud, le sein d’Abraham à l’ouest. Ces trois représentations sont entourées de deux médaillons représentant des anges. Quant au quatrième médaillon, celui de l’est, il représente le Christ avec le livre de vie et autour de lui, deux médaillons représentant chacun un évangéliste sous la forme du tétramorphe, à savoir d’un côté l’aigle de Jean, de l’autre, l’ange de Matthieu.

La clef de voûte est ornée d’une fleur.

Les arêtes sont ornées d’un motif en forme de triangles et de chevrons.

Quant à la décoration de la voûte de l’abside, elle comporte des anges avec des instruments de musique et côté sud, une fenêtre ronde au-dessus d’une fenêtre classique en demi-cercle percée plus tard endommageant ainsi une partie des fresques, comme c’est le cas de la fenêtre du mur sud !

Au-dessus du retable, la clef de voûte comporte deux clefs croisées, les clefs de saint Pierre, qui pourrait être le symbole de la papauté.

La chaire à prêcher

Elle est placée contre le piédroit de l’arc de triomphal côté nord.
C’est une sculpture sur bois polychrome et marbrée datée vers 1723. Le dais de la chaire est surmonté d’un Agneau de Dieu. Un nuage avec une colombe dans un halo, symbole du Saint-Esprit est peint sur le plafond du dais. Sur la partie verticale on remarque le blason de la famille Lubomir, le même que sur le retable principal au-dessus de la Vierge, ce qui permet de dater la chaire de la même période.

Les fonts baptismaux

Sous la chaire à prêcher près de l’arc triomphal, sur un socle circulaire en pierre, se dresse les fonts baptismaux en bronze gothique, très probablement des années 1660. Il a été fabriqué par un atelier de la ville de Spišská Nová Ves. Il pourrait s’agir d’une œuvre du plus célèbre fabricant de cloches, Maître Konrad. Le pourtour du manteau est décoré de reliefs du Calvaire avec la Vierge Marie et l’apôtre Jean. A différents endroits, on peut distinguer, dans des médaillons, des reliefs d’oiseaux, d’anges, de l’Annonciation et des décors de végétal. La représentation de l’ange dans les reliefs des fonts baptismaux est identique au médaillon en cuivre trouvé à Vyšehrad près d’Esztergom lorsque Maître Konrad a coulé la plus grande cloche connue de l’Europe médiévale en l’honneur de Louis Ier, roi de Hongrie, de la famille Anjou (*1326 – † 1382).
Un couvercle en cuivre rouge repoussé, surmonté d’une croix, vient se poser sur le pourtour orné de deux têtes. Les commanditaires, les auteurs ? Les dimensions des fonts baptismaux sont : 100 cm de haut et 63 cm de diamètre. Le couvercle est surmonté d’une croix.
Au Moyen Age, le baptistère était situé à l’extrémité de la nef à l’entrée ouest de l’église. Cet emplacement du baptême symbolisait le fait qu’un nouveau-né ne pouvait entrer dans l’église que par le premier sacrement : le baptême.

Le pastophorium

Situé comme il se doit sur le côté nord, cette niche en pierre est du gothique tardif à été ajoutée après la peinture de la fresque de l’Adoration des Rois. Ce lieu où étaient stockées les hosties dans l’église médiévale, est fermé par une grille en fer. Une peinture donnant l’illusion d’un dais entoure la majeure partie du pastophorium, semblant rappeler ainsi le Saint des Saints (Ex 26, 7-14 et 26, 31-35 et Hébreux 9, 1-7) ou la Tente de la Rencontre.

Notes :

1 Sainte Anne de Metercie est une peinture baroque du XVIIe siècle, qui représente sainte Anne, la Vierge Marie et Jésus enfant et qui se trouve à Rožňava. Cette peinture est remarquable car à l’arrière-plan, on peut y voir des scènes du travail d’extraction manuelle du minerai par les mineurs dans la région de Gemer vers 1513, date de la réalisation de la peinture qui est, ainsi, un mélange d’art sacré et d’art profane.

2 Cunégonde est la fille du roi Béla IV de Hongrie, la nièce de sainte Élisabeth de Hongrie et la sœur de sainte Marguerite de Hongrie. Quand son mari, le roi de Pologne Boleslas meurt en 1279, elle va rejoindre le monastère des Clarisses de Starý Sacz. Béatifiée en 1690 par le pape Alexandre VIII, elle ne sera canonisée qu’en 1999. La peinture centrale de l’autel la représente en habits de Clarisse.

3 Difficilement identifiable car ne possédant pas d’attribut permettant sa reconnaissance, nous pensons qu’il faut recourir au courrier du Basile de Jérusalem, cité plus haut, pour proposer le nom de saint Nicolas. Une autre possibilité était la représentation de saint Martin, très populaire à l’époque dans la région, mais nous retenons saint Nicolas, comme le pense aussi Monsieur Mgr Hudáček, curé de la paroisse.

4 Středoveka nástenna malba na Slovensku, page 129 et Stredoveká nástenná maľba na Spiši page 247

Visite : l’église est fermée hors heures des offices, il est donc préférable de prendre contact pour une éventuelle visite.

Mgr. Štefan Hudáček, farár
052/43 912 04

Nous le remercions pour sa disponibilité et son aide précieuse.

Liens utiles :

https://www.dokostola.sk/farnost/podolinec

https://farnostpodolinec.webnode.sk

Info : www.vaheurope.eu

Mail : vaheurope@gmail.com

PS : nous reviendrons avec deux articles. L’un sera consacré à la fresque de l’Adoration des Rois. Nous essayerons de décrypter cette scène qui est, ici, très intéressante. L’autre présentera les autels.

Sources :

Středoveka nástenna malba na Slovensku, page 129

Stredoveká nástenná maľba na Spiši, page 247

Les Évangiles apocryphes

Le culte des saints catholiques en Europe centrale et orientale. Jean-Pierre Irali

Ottova praktrická Encyklopédia Slovensko.

https://www.podolinec.eu/historia-klastora-piaristov/