L’église en bois de Matysová

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Une des curiosités de l’exposition en plein air du Skansen de Stará Ľubovna est l’église uniate (gréco-catholique) en bois, dédiée à saint Michel archange, construite en 1833. Cette église fait partie des monuments importants de l’architecture sacrale en Slovaquie de l’Est. C’est un bâtiment à une nef, construit avec des rondins, contenant un chevet polygonal et une antichambre, le babinec, au-dessus de laquelle se trouve une haute tour-clocher.

L’intérieur de l’église est décoré par 1’iconostase avec une architecture classique décorative à cinq registres et datant de la première moitié du 18e siècle.

L’église a été transférée au musée en plein air de Stará Ľubovňa en 1979 et elle a été de nouveau consacrée en 1991. Depuis, la liturgie s’y tient depuis lors des fêtes religieuses importantes, les mariages… et l’office se déroule en slavon (vieux slave).

Situation

Stará Ľubovna et son skanzen – le musée en plein air se trouve au nord-est de la Slovaquie, dans la région de Špiš, à 375 km de Bratislava et à 14 km environ de la frontière polonaise.

Histoire de l’église

Cette église à l’origine se trouvait dans le village de Matysová, village situé à environ 8 km au nord-est de la ville de Stará Ľubovňa, proche de la frontière entre la Slovaquie et la Pologne.

Matysová, est un ancien village montagnard typique avec des maisons regroupées et bordant la rue, avec ses fondements bâtis tout autour de la rue principale. Ce village était mentionné pour la première fois dans les sources d’archives en 1408. Il a appartenu initialement au comte Imrich Perényi, qui l’avait reçu en don du roi de Hongrie Sigismond de Luxembourg. Plus tard, le village a appartenu à la famille noble Palocsay-Horváth.

L’église se trouvait à l’origine sur une petite colline de moyenne élévation au milieu du village, là où autrefois se dressait une église en bois encore plus ancienne. Les Maîtres charpentiers ont construit cette « nouvelle » église en bois d’épicéa en 1833.

Depuis le 19e siècle, et comme en témoignent les documents de ses rénovations, entre 1937 et 1938 a été réalisée une restauration générale et une reconstruction partielle de l’église. Au cours de ces travaux, au point de vue plan, l’église est modifiée par l’extension de la nef et par l’insertion d’une nouvelles galerie, l’adaptation de la partie sous le clocher (la tour) et la création de la nouvelle entrée.

En 1968, les habitants de Matysová construisent une nouvelle église, maçonnée en pierre, et décident de vendre leur église en bois au musée de Stará Ľubovňa. L’édifice y sera transféré en 1979.

Extérieur de l’église

L’édifice en bois est une construction en poutres (madriers) recouverts à l’extérieur de bardeaux. Il est identifié comme église ruthène du type local des Lemkos, un petit groupe ethnolinguistique ruthène des Carpates orientales pratiquant le rite chrétien orthodoxe.

Cependant, au point de vue architectural, les trois parties typiques de cet édifice ne se retrouvent pas clairement exprimé dans la forme principale du bâtiment. Le Sanctuaire est à chevet polygonal, la nef rectangulaire comprenant le babinec et le couloir extérieur d’entrée, ne font qu’une seule unité.

Seuls le toit avec la tour-clocher et deux petites tourelles situées au-dessus de la nef et du sanctuaire, révèlent un édifice en trois parties à l’origine typique des édifices de rite byzantin.

La remarquable grande tour-clocher, située à l’ouest et qui contient trois cloches, a été bâtie à partir d’un plan de forme carrée à sa base terminée par un toit baroque caractéristique et ornée d’une croix décorative en fer forgé.

On remarquera aussi les fenêtres à arc segmentaire qui sont un des éléments très intéressant de l’architecture de cette église.

Sur la droite et avant l’entrée de l’église, une croix en bois est érigée (copie de 1912), on peut y voir sur ces faces en relief sculpté les symboles du martyre du Christ.

Intérieur de l’église

– Le babinec

Dès la première porte passée on se trouve dans un court babinec. A droite, une échelle de type « meunier » permet d’accéder à la tribune (cet accès était interdit lors de notre visite) bâtie, en partie, au-dessus du babinec et de la tour-clocher.

– La nef

Après le passage de la deuxième porte, massive, comportant une représentation symbolique du soleil sur la face externe, on entre dans l’espace intérieur de l’édifice sous un plafond plat bas, tribune oblige, réalisé avec des poutres en bois.

Après la tribune, on entre dans la nef à proprement parlé. Là, on remarque un plafond bas divisé axialement en croix dont les quatre parties sont lattées donnant ainsi un effet de losanges multiples. Face à nous, l’iconostase de la première moitié du 18e siècle et devant cette iconostase, la cloche de saint Michel archange est posée sur un socle.

Au centre de la nef se trouve un objet rond accroché au plafond. Son origine est liée à une légende qui existe toujours au village de Matysová. Pendant de nombreuses années, il a été présenté comme un lustre alors que la légende raconte que c’est pendant l’épidémie de choléra de 1633, alors que de nombreux villageois mourraient, que cet objet fut créé après la vision lors d’un rêve. En fait, il s’agit d’une représentation de l’espace symbolique du trône de Dieu selon la Bible (la vision du prophète Ezéchiel – EZ1; EZ10 – et l’Apocalypse de Jean – Ap 4,2 à 10; AP7, 11).

A l’Est, l’iconostase et le sanctuaire

– Le sanctuaire

Situé derrière l’iconostase, cet endroit, réservé au prêtre, n’est pas, dans cette église, accessible. On ne pourra donc qu’essayer d’apercevoir le mobilier qui s’y trouve. On peut juste y voir une fenêtre de chaque côté.

Sur l’autel du sanctuaire de l’église de Matysová se trouve une icône qui représente la Descente de la Croix. Une plus petite icône qui se trouve sur la table de service du sanctuaire représente la Mère de Dieu.

– L’iconostase

C’est l’élément remarquable qui attire souvent le premier regard lorsque l’on pénètre dans une église de rite orthodoxe ou gréco-catholique. Dès l’entrée dans la nef, votre regard est attiré, comme la limaille de fer par un aimant, dans cette direction.

Une grande partie de la décoration de l’église est fixée sur l’iconostase à quatre registres datant de la première moitié du 18e siècle (1763), comportant une architecture décorative en bois dorée sur fond noir, dans un style de l’art traditionnel du baroque tardif de la région.

La partie inférieure ne possède pas de représentation.

Au niveau du 1er registre, le registre principal, l’iconostase comporte les icônes locales sur une rangée avec la Porte royale et la Porte diaconal, une icône de saint Nicolas, une icône de la Mère de Dieu, une icône du Christ Pantocrator et une icône de l’Archange Michael, patron de l’église.
Sur cette icône de saint Michel archange de la rangée principale, sont aussi représentés, en plus du saint, deux plus petites figures agenouillées : un homme et une femme en costumes folkloriques traditionnels. Ce sont très vraisemblablement les mécènes de cette église.

Le deuxième registre contient 12 petites icônes de fêtes avec au milieu un Mandylion

Le troisième registre est une Déisis. Au milieu, la Mère de Dieu et saint Jean-Baptiste entoure le Christ et de chaque côté on retrouve les icônes de six apôtres.

Le quatrième registre termine l’iconostase et comprend des médaillons avec demi-figures des prophètes de l’Ancien Testament et, au centre, l’icône du Calvaire incorporée au sommet de l’iconostase qui est la plus ancienne de l’ensemble, elle est datée de 1711.

L’auteur de l’iconostase est probablement Piotr Perehrymskij.

La porte royale dorée est décorée par six médaillons, dont quatre représentent les évangélistes, saint Jean et saint Luc à gauche, saint Marc et saint Matthieu à droite. Sur le dessus, deux médaillons plus petits représentent l’Annonciation avec l’archange Gabriel à gauche et la Vierge Marie à droite. L’ensemble de la porte royale comporte un motif stylisé de vignes avec des raisins et des feuilles d’acanthe. La porte royale est surmontée d’une croix.

Sur le mur nord

A gauche de l’iconostase, sur le mur nord, un autel latéral baroque comprend l’icône de la Transfiguration. Elle est datée de la fin du 17e – début du 18e siècle. Elle exprime l’événement par lequel le Christ a révélé à ses disciples sa nature divine.

Vers le fond de l’église, l’icône du Pantocrator domine. C’est une tempera sur bois du 17e siècle.

Le Christ est assis sur un trône massif en forme de banc. Derrière lui, sur le dossier, dans des tons bleus, la représentation de la puissance céleste avec les Chérubins et les Séraphins. Il tient de la main gauche l’Evangile et de sa main droite il bénit. Le Christ à une expression souriante. Il faut remarquer que le Christ n’a pas un regard convergent. Son œil gauche est comme l’œil droit, il a été reproduit à l’identique. Car selon la croyance de l’époque, la justice divine ne peut avoir un mauvais regard. Une superstition locale attribuait une mauvaise vision à l’œil gauche. 1

Sur le mur sud

En partant de l’iconostase, quatre icônes garnissent le mur sud (droit).

La première icône, du milieu du 17e siècle, représente la Crucifixion.

Le centre de l’icône est dominé par la croix portant le corps du Christ stylisé. Il porte une couronne d’épines et les pieds sont cloués seulement avec un clou (alors que chaque pied est cloué individuellement dans la tradition de l’iconographie orthodoxe). Cette icône date de l’unification de l’Eglise d’Orient à Rome durant la période de l646. L’icône combine le schéma iconographique oriental et la vision chrétienne occidentale. Ce mélange de style est typique dans les icônes qui vont être créées ultérieurement dans cette région et dans cette église « uniate » gréco-catholique.

La deuxième icône est située sous l’icône de la Crucifixion. Il s’agit du Mandylion ou La Sainte Face. Datée du milieu du 17e siècle. En-dessous, l’inscription en cyrillique « image non faite de main d’homme de Notre Seigneur jésus Christ ».

La troisième icône représente le saint patron de l’église : saint Michel archange. Cette icône du 17e siècle (1640), est une détrempe sur bois de 130 cm x 120 cm. Elle représente au centre l’archange saint Michel en jeune homme vêtu d’une armure tenant une épée levée dans sa main droite. Il est debout, les deux pieds posés sur un serpent. Tout autour de lui, dix scènes hagiographiques sont placées sur le pourtour de l’icône. Cette icône est un don fait par un bienfaiteur du nom de Štephan Soltys Matysovský en 1640.

La quatrième icône suspendue est l’image de la Résurrection. La composition est dominée par la figure du Christ ressuscité qui sort de la tombe tenant dans sa main droite la bannière de la Résurrection. Deux soldats sont effrayés par la scène tandis qu’un troisième dort, le visage posé contre son poing droit.

Sous la tribune on découvre des icônes et une croix de procession. Parmi celles-ci, sur la cloison sud et à côté de la fenêtre, l’icône qui est certainement la plus précieuse de cet ensemble représente sainte Barbe (Barbara – Barbora). Sainte Barbe se trouve devant la tour où elle fut enfermée et tient, de la main droite un ciboire et de la main gauche l’épée de son martyre (elle fut décapitée par son père). Sur la cloison ouest, l’icône de saint Michel archange.

Signalons en passant que, souvent, ces deux icônes sont aussi utilisées, et invoquées, pour protéger les habitations de la foudre.

A gauche de l’icône de saint Michel, une icône de sainte Anne et à droite une icône de la Crucifixion. Elles sont toutes deux du 19e siècle

Dans ce « coin », on peut aussi voir un petit bijou, une très jolie chaise en bois à dossier sculpté en forme de trèfle. C’est un travail d’art « populaire » de la moitié du 19e siècle.

A l’ouest

Sur le parapet du chœur, est installée l’icône de la Déisis (l’Intercession) datée de 1640.

Au centre, on voit le Christ bénissant et tenant le Livre assis sur un trône. Il est entouré de la Mère de Dieu d’une part et de saint Jean-Baptiste, qui se tournent vers lui dans un geste de demande d’intercession. Ils sont suivis par les apôtres.

A gauche, derrière la Mère de Dieu, Pierre facilement reconnaissable par sa clef, Matthieu, Marc, Simon, Bartholomé et Philippe.

A droite, derrière Jean-Baptiste, Paul, Luc, Jean, Jacques, André et Thomas.

NB : La plupart des icônes individuelles qui ornent les murs de l’église appartiennent à un groupe appelé « icônes de Mušínský » (Pavol Mušínský) des environs de la 2e moitié du XVIIe siècle. Elles faisaient partie du substrat de l’iconostase de l’église plus ancienne en bois de Matysová.

1 Le regard du Christ Pantocrator ne se dirige pas directement vers le visiteur, il pose son regard « au-delà de tout ce qui est ». L’intensité du regard surprend et fascine souvent l’observateur.

Références :

Documents du skanzen de Stará Ľubovna : Chrám sv. Michala Archanjela z Matysovej

Drevené kostoly. Miloš Dudáš, Ivan Gojdič, Margita Šukajlova. Dajama. 2007

Ikony. 17. Storočia na východnom slovensku. Vladislav Grešlik. Prešov 2002

Ikony Šarišského muzea v Bardejov. Vladislav Grešlik. Ars Monument. Bratislava 1994

L’icône ukrainienne XIe – XVIIIe s. Des sources byzantines au Baroque. Lioudmila Miliaeva. Parkstone Aurora 1996

Icônes et saints d’Orient. Alfredo Tradigo. Guide des Arts. Ed. Hazan. 2005

L’icône, fenêtre sur le Royaume. Michel Quenot. Les Editions du Cerf. 2001

Drevené kostoly, chrámu zvonice na Slovensku. Miloš Dudaš, Alexander Jiroušek. Realizované s finančnou podporou Ministerstva kultúry Slovenskej republiky. JES. 2013

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La Slovaquie à la présidence de l’Union Européenne

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

La Slovaquie occupe depuis ce 1er juillet 2016 le siège de la présidence de l’Union Européenne et ce jusqu’au 31 décembre 2016, par l’entremise de son premier ministre Robert Fico.

Quel honneur pour ce petit pays d’Europe centrale (49 035 km2 et 5.421.349 d‘habitants en 2015). Entrée dans l’UE le 1er mai 2004, cette présidence se fait en des temps difficiles pour l’UE avec le Brexit et la crise qui en découle, la crise des émigrés et la politique d’asile de l’UE, la lutte antiterroriste, la crise de la Grèce, la crise Russo-ukrainienne et ses conséquences humaines et économiques…

Gageons que Robert Fico sera un bon négociateur pour avancer positivement dans la résolution de ces dossiers.

http://europa.eu/about-eu/countries/member-countries/slovakia/index_fr.htm

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Le village d’Inovce et l’église en bois de l’Archange Saint Michel

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Situation

Le village est situé à l’Est de la Slovaquie sur la partie nord du massif de Popričné (1024 m d’altitude) des Beskydes, dans le vallon érosif d’un cours d’eau des monts de Vihorlat. Le territoire du village se trouve entre 360 et 984 m d’altitude et il s’étend sur une superficie de 1059 ha. Nous sommes à 2 km environ de la frontière avec l’Ukraine occidentale et à 530 km de la capitale slovaque Bratislava.

Histoire

Bien que le village existât (1) avant la première mention écrite connue du village d’Inovce date de l’année 1555, lorsqu’il avait pour nom Inoc. Le village fut fondé par les colons valaques (ruthènes) au service des nobles de la ville de Humenné (en hongrois Hommona). Le village fut la propriété d’une famille noble de Humenné, les Drugeth du comté de Zemplin (Georg III Drugeth, 1583 – 1620, était le mari de Catherine Nádasdy, fille d’Elisabeth Bathory). Les Drugeth étaient alors une des familles les plus riches de la Hongrie royale. Mais, à l’époque la région était difficilement accessible, c’est pourquoi ce village jamais compté beaucoup d’habitants. Puis, au 18e siècle, son propriétaire était la famille lbranyi et au 19e siècle, la famille Izépi.

(1) Selon la tradition, le village existait bien avant 1500 et il aurait été composé de 200 maisons et environ 2000 habitants à l’époque (bûcherons, bergers, éleveurs, fruiticulteurs).

En 1700, le choléra a frappé le village et donc aussi les habitants. Par conséquent, en 1715, il n’y avait plus que 14 ménages.

En 1787, le village était composé de 27 ménages et 163 habitants. En 1828, 34 maisons et 251 habitants. Les habitants du village vivaient de l’élevage de bestiaux, de la culture des arbres fruitiers et travaillaient en qualité de bucherons.

Le 31 décembre 2005, il y avait 234 habitants.

Dans le village, sur la pente au-dessus du village d’où s’ouvre une vue magnifique sur la campagne, il y a une remarquable église en bois consacrée à l’archange Saint Michel construite en 1836 et qui est aujourd’hui classée monument culturel national slovaque.

Le personnage célèbre du village est sans conteste Móric Ballagi (18 mars 1815 – 1er septembre 1891). Originaire d ‘lnovce, il fut pédagogue, rédacteur et publiciste.

L’église de l’Archange Saint Michel

Il s’agit d’une église de rite gréco-catholique (uniate) qui est classée monument culturel national. Les offices s’y déroulent toujours de nos jours.

A l’origine, cette église en bois se trouvait, selon les documents de la commune, dans le village de Baškovce. L‘église a été démontée et transférée en 1836 du village de Baškovce au village d‘Inovce, où elle a été rebâtie sur le sommet d’une colline, mais elle fut encore démontée et transférée sur son site actuel.

Comme on le verra, l’ensemble de l‘église est un exemple type de construction avec une influence byzantine mélangée avec l’art et surtout la peinture baroque et classique du début du IXXe siècle.

Extérieur de l’église

C’est une construction en bois érigée en 1836 et réalisée avec des madriers, de type « triple espace » comprenant sanctuaire – nef – babinec (2), avec un plan carré, un espace fermé sous la haute tour – le babinec (pièce d’entrée) – et un chevet polygonal.

(2) Babinec,est une expression issue du mot slave « baba » – femme, qui indique l’endroit qui leur était réservé. C’est là où les femmes « âgées » allaient s’asseoir pendant l’office.

L’art du travail des charpentiers, visible, est remarquable car les madriers sont assemblés en queue d’aronde ou chevillés, mais jamais cloués. (3)

(3) Dans les constructions d’églises en bois en Slovaquie, il n’est pas fait usage de parties métalliques dans l’assemblage des éléments en bois par respect de la symbolique qui fait référence aux clous en fer qui ont servi à la crucifixion du Christ.

Les fondations sont en pierres. (4)

(4) Les pierres sont utilisées pour isoler la structure en bois du sol (humidité) mais elles permettent aussi de construire l’édifice sur un plan horizontal correct.

Le toit en croupe (débordant), est couvert de bardeaux. Il descend si bas que la fenêtre de la nef située sur le côté sud est insérée comme une niche dans le versant du toit.

Une caractéristique intéressante se retrouve dans la conception de la construction de l’édifice : cette église à deux tours. (5)

La plus haute est située sur le babinec, le porche d’entrée de l’église. Bien qu’elle soit renforcée par des soutiens en bois, elle ne comporte pas de cloche (6). L’autre, plus petite, est située au-dessus du sanctuaire. Ces deux tours sont en forme de bulbe de pavot et chacune est surmontée par une croix à trois branches.

(5) On retrouve cette caractéristique sur d’autres églises uniates en bois de l’Est de la Slovaquie comme à Ruská Bystrá, Uličské Krivé, Ruský Potok, Topoľa, Hrabová Roztoka. En général, on retrouve 3 tours sur les églises de rite orthodoxe ou gréco-catholique.

(6) Une photo en noir/blanc probablement antérieure à la restauration de 1960 montre sur cette haute tour des abat-sons ce qui voudrait dire qu’auparavant cette tour était bien un clocher. Des problèmes de stabilité de l’édifice sont certainement à l’origine de l’enlèvement de la cloche et de son placement dans le clocher extérieur. On peut voir aussi que la porte d’entrée n’est pas celle d’aujourd’hui.

L’église a été partiellement réparée dans les années 1990. Lors de la restauration quelques poutres ont été changées ainsi que des bardeaux du toit.

A côte de l’église, on trouve outre un clocher en bois de construction plus récente et considéré comme une composition populaire, un calvaire en pierre face à l’entrée de l’église et sur le côté Nord, le cimetière. L’aire est terminée par des tilleuls (arbre sacré des slaves) imposants.

Intérieur de l’église

Le babinec

L’entrée de l’église est créée par une seule porte battante avec une garniture en fer originale (lire plus bas « en sortant… »). Elle ouvre directement dans la pièce d’entrée, le babinec. Là, on peut y voir un appareil bizarre, il s’agit d’un « rapkač » (photo 15) – une grande crécelle sur pied (en 2013, il a plus de 100 ans). Ce rapkač est utilisé avant Pâques, car les cloches sont « muettes », dès lors, on appelle les fidèles pour l’office en actionnant le rapkač.

La nef

La nef a un plafond plat composé de planches maintenues par des lattes.

La lumière naturelle pénètre dans la nef par une petite fenêtre située côté Sud.

Comme souvent, ce qui frappe le visiteur est l’iconostase et ici, on remarquera rapidement que la porte royale ne se trouve pas au centre de l’iconostase, elle est légèrement décalée vers la droite. En raison de contrainte d’espace l’iconostase ne possède qu’une seule issue – la « porte » diaconale qui permet d’accéder au sanctuaire.

Sur le mur du nord (gauche), on peut voir une croix et une bannière de procession.

L’iconostase

En raison du manque d’espace dans l’église l’iconostase a été créé incomplet, il manque la partie supérieure de l’iconostase, le registre des prophètes et le Calvaire. On remarquera que les icônes sont affectées par l’impact de la peinture occidentale, ce ne sont donc pas des icônes classiques.

Cette iconostase est une richesse d’art populaire de style néobaroque qui date de la construction de l’église (1836). Les auteurs des icônes sont anonymes mais les œuvres qu’ils ont laissées sont de toute beauté.

Les petites dimensions – largeur et hauteur – du mur oriental de la nef ayant empêché le développement de l’iconostase et donc de l’iconographie au grand complet. Cela donne une originalité rare de l’iconostase incomplet (trois registres seulement) et asymétrique.

L’iconographie et l’autel ont une architecture polychrome en bois avec une porte royale – du Tsar – de la moitié du XIXe siècle.

La porte royale

La porte royale, en blanc et or, est sculptée et comporte 6 médaillons (2 x 3). Sur les deux médaillons supérieurs nous avons l’Annonciation avec, à gauche, la Vierge Marie et à droite, l’archange Gabriel. Les quatre évangélistes sont représentés sur les quatre autres médaillons.

La porte royale ou porte du tsar est réservée aux prêtres (popes) ou au tsar pour se rendre dans le sanctuaire.

Premier registre

A droite de la porte royale, l’icône du Christ Pantocrator qui date de 1760 – 1780. Puis, l’icône de l’archange saint Michel, peinture à l’huile (80 X 70.cm) de 1842

A gauche, une Vierge à l’enfant de type Hodigitria puis, après la « porte » diaconale, saint Nicolas évêque.

Deuxième registre

Il est consacré aux grandes fêtes liturgiques et comporte en son centre et donc presque au-dessus de la porte royale, la représentation de la Cène.

Troisième registre

Le troisième registre comprend en son centre le Christ en Grand Prêtre entouré d’apôtres et martyrs.

Cette série termine l’iconostase.

On retiendra que toutes les icônes sont marquées par l’influence de la peinture occidentale qui donne une approche classique du travail de l’icône significativement différente de la tradition iconographique, style que l’on retrouve également dans le sanctuaire avec l’icône de la Piéta et la scène de la crucifixion sur le table de liturgie eucharistique.

Le sanctuaire

On trouve dans le sanctuaire un autel et une table liturgique.

L’icône sur l’autel est une Pietà datée de 1842 dont l’auteur est le peintre Michal Mankovič, ancien élève de l’Académie de Vienne (Kunstakademie).

Côté Sud se trouve une peinture sur bois (de 70 cm sur 80 cm) du Christ Pantocrator, qui est l’un des plus anciens tableaux, il s’agit d’une icône peinte par un auteur inconnu entre les années 1760 et 1780.

Au-dessus de l’autel s’élève la deuxième tour

La lumière pénètre dans le sanctuaire au travers de deux très petites fenêtres percées sur les murs du sud et du nord-est.

En sortant de l’église, ne manquez pas de remarquer la poignée de la porte d’entrée : elle est en forme de poisson, un des premiers symboles chrétiens. Quant à la porte, elle symbolise le soleil, la lumière alors que l’on se trouve à l’ouest, soleil couchant. Le soleil est en forme de losange !

Eglise gothique Saint-Martin à Čerin

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

L’église gothique Saint-Martin de Čerin consacrée en 1315 fait partie des monuments les plus précieux de la région de Banská Bystrica. Abandonnée et tombée en ruine après 1950 elle sert à nouveau au culte depuis les années 1990.
Cet abandon fut aussi néfaste pour les merveilleuses fresques gothiques qui ornent l’intérieur de l’église et une restauration était devenue nécessaire. Pour cela, une souscription populaire a permis de récolter la somme de 70.000 euros et les travaux de restauration ont commencés depuis peu de temps. Ce travail devrait être terminé en octobre 2016.
Sans nul doute, l’église Saint-Martin de Čerin sera une visite incontournable dès le printemps 2017 pour les amoureux de peintures murales gothiques.

Vaheurope reviendra avec un article plus complet et des photos en 2017

Photos, voir : http://cerin.fara.sk/

A voir aussi l’article sur www.pluska.sk/regiony/stredne-slovensko/peniaze-su-bude-restaurovat-vzacne-fresky-opat-zaziaria.html?utm_source=Pluska-2014&utm_medium=produkt-box&utm_campaign=vb2014

Hôtel Šariš à Bardejov

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

Situé à 200 m environ de la place centrale de la ville de Bardejov – Radničné Námestie, cet hôtel propose le confort que peut en attendre un touriste. De plus les prix sont raisonnables.

Chambre avec télévision, téléphone, frigo avec mini-bar, petite salle de bain et wc.

Un restaurant agréable avec une bonne cuisine vous attend. Vous y trouverez aussi un bar, un salon, un sauna, une salle de gym, massage.

Le parking sur la place Námestie SNP se trouve à l’arrière de l’hôtel (voir photo). Lors de notre passage, ce parking était gratuit.

Nous sommes arrivés le 7 août vers 22h15, sans réservation. L’accueil fut très agréable ainsi que notre séjour.

http://www.hotelsaris.sk

Pour les prix, cliquez sur « Cena » (izba = chambre). Le prix de la chambre comprend le petit-déjeuner.

Ajoutez la taxe de la ville: 1€/personne/jour.

A voir absolument: l’église gothique saint Egide; le musée Šariš; le musée des Icônes et une visite des remparts. Tout cela concentré dans le centre historique de la ville de Bardejov. A proximité, la station thermale de Bardejovské kúpele avec le très beau skanzen (musée d’architecture populaire) et ses deux églises uniates en bois; le musée de la bataille du Col de Dukla avec sa tour « point de vue », le skanzen de la ville de Svidnik, les églises en bois de Ladomirova, Bodružal…

http://www.muzeumbardejov.sk

Besoin d’infos, écrivez-nous : vaheurope@gmail.com

Hôtel Ačko à Ružomberok

Mgr Alice Hura – Charles Bugan

L’hôtel Ačko de Ružomberok ne manque pas de charme. Avec ses 3 étoiles, voici un hôtel sympa dont l’architecture extérieur attire le regard et fait s’arrêter des autocars… japonais pour la photo traditionnelle des touristes découvrant un lieu particulier.

Situé à l’entrée de la ville de Ružomberok en venant de Žilina, juste à côté du stade de football et au pied de la station de ski et bike de Malino Brdo de Ružomberok – Hrabovo, l’hôtel Ačko à la particularité de posséder une piscine privée avec un bassin de 13 m sur 5. Sauna, solarium font aussi partie de l’équipement de l’hôtel.

Bien situé dans la région de Liptov, à partir de l’hôtel Ačko de nombreuses excursions sont possibles dans la région. Citons le village de Vlkolínec (UNESCO), les églises en bois de Svätý Kríž et de Leštiny (UNESCO), les petites églises gothiques de Ludrová – Kút (Ružomberok), de Martinček avec leurs fresques murales, le lac du barrage de Liptovská Mara avec ses possibilités de sports nautiques, le grand parc thermal de Bešeňová (piscines thermales et toboggans GinoParadise), le spa de Lúčky – Kúpele, l’aquapark thermal de Tatralandia sans oublier la proximité des montagnes des Nízke Tatry – Basses Tatras et son centre touristique Jasná ou les montagnes de Choč avec ses vallées Kvačianska dolina et Prosiecka dolina …

Quelques adresses web utiles :

http://www.hotelacko.sk

http://www.vlkolinec.sk/
http://www.kupele-lucky.sk
http://www.ginoparadise.sk/
http://www.tatralandia.sk/en/home-page/

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