Cortège de carnaval à Hrboltová

Charles Bugan

La marche du carnaval dans les villages telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui dans les régions du Nord de la Slovaquie, porte le nom de Bursa – Fašiangova bursa.
Il s’agit d‘un cortège joyeux de mascarade dansant et les participants y chantent des formules de souhaits de bonheur et collectent des aliments auprès des villageois dans un panier (œufs, saucisses, lard, beignets frits) qu’ils se partageront ensuite lors du repas de carnaval.

Dans le petit village de Hrboltová, ce samedi 8 février était le jour du cortège carnavalesque. On y retrouvait des personnages masqués de la tradition, comme l’ours, des jeunes en costumes traditionnels qui déambulaient en musique dans le village tout en chantant et racontant des blagues dans le but d’apporter du bonheur et de la joie et au point d’arrêt une dégustation de vin chaud et de délicieuses pâtisseries typiques comme les šišky, fanky, pampúchy, un véritable régal – miam.

Quelques photos de ce bon moment sous le soleil

Fašiangy – le Carnaval rural en Slovaquie

Alice Hura – Charles Bugan

Le carnaval semble être un reste des fêtes populaires ancestrales telles que les Bacchanales, les Lupercales, les Saturnales, la Fêtes des Fous…
Le carnaval avait lieu naguère le lendemain de la fête des Rois (6 janvier) et pouvait se prolonger jusqu’au mercredi des Cendres (après le dimanche de Quinquagésime). Il s’achevait donc sur les Jours Gras dont le point culminant était la cavalcade du Mardi-Gras.
En Slovaquie, il fait partie du cycle saisonnier et annonce la période de l’avant printemps, du réveil de la nature. C’est aussi une période festive qui permet des excentricités et qui s’achève par un repas symbolique autour de l’abattage d’un porc.

L’étymologie du mot fašiangy

En Slovaquie, cette période est déjà connue depuis le Moyen Age sous l‘appellation Fašiangy. L’étymologie du mot faschang est une ancienne appellation d’origine allemande ou d’un patois allemand. Selon certaine source, le mot vast-schanc désigne un débit de boissons avant le carême ou fastnacht – fast-nacht qui désigne la nuit avant le carême. Ce mot sera dénaturé ou plus probablement ʺslaviséʺ dans la langue slovaque.

En Slovaquie, nous trouvons aussi une autre ancienne appellation – Masopust – qui est le mot slave utilisé pour désigner la période du carnaval. Il est à noter que ce terme est toujours utilisé de nos jours dans certaines régions de l’ouest de la Slovaquie, dans la région de Moravie et en Tchèquie.

Il est très probable que sur le territoire slovaque, au Haut Moyen Age, vers le IXe siècle (9. storočia), les mots Masopust, Mjesopust, Mjasnica étaient utilisés pour désigner la période carnavalesque mais que la colonisation allemande qui va succéder aux invasions Tartares, va introduire l‘appellation d’origine germanique – fašiangy.

Traditions du carnaval

Dans le calendrier populaire slovaque, la période du carnaval est la deuxième partie de l’hiver. Il est donc normal de retrouver dans les rituels d‘anciens actes à caractère magique pour le souhait de prospérité pour les mois qui vont suivre. Prospérité au point de vue des cultures mais aussi au point de vue de la bonne santé des Hommes et, bien entendu, du bétail.

Le repas traditionnel est donc la représentation de ce souhait de prospérité, comme à Noël. Le menu sera composé essentiellement de pâtes, des nouilles longues qui sont cuites le jour du 25 janvier (c’est le jour de la conversion de saint Paul), à la Chandeleur, le 2 février et puis en dernier, lors de la période du carnaval.

D‘autres anciennes traditions slovaques consistent à pratiquer la ʺglisseʺ en luge sur la neige (cela fait partie du rituel de la période), de danser des danses populaires accompagnées de bonds en hauteur dans le but d’influencer, dans le bon sens, une bonne récolte des plantes textiles, lin et chanvre.

A la maison, la période du carnaval était une étape dans le travail ménager. Jadis, c’etait le temps du filage à la main, mais aujourd’hui, évolution de la société, c’est le temps de l’abattage d’un porc et les fêtes s’organisent ensuite autour de la dégustation de charcuterie, de gratons ou de boudin.

C’est aussi le temps de mariage traditionnel et des activités de préparation des jeunes villageoises en vue de leur mariage. Les femmes des villages vont aussi organiser des réunions dansantes à la maison, activité plus rare dans la région du nord-est de la Slovaquie, où les jeunes femmes mariées préfèrent se réunir et danser dans une taverne.

Enfin, c‘est le temps de cortèges masqués accompagnés de musique qui vont déambuler dans les rues du village et qui vont récolter des aliments dans leurs paniers, œufs, saucisses, lard, beignets frits seront le butin de cette collecte afin de festoyer et danser ensemble dans l’auberge locale, en principe, le jour du carnaval avant le Mercredi des cendres.

Selon des ethnographes, les masques de carnaval plus archaïques sont les masques zoomorphes, symbolisant des animaux. C’est ainsi qu’en Slovaquie nous observons la présence d’animaux comme le taureau ou l’auroch sous le masque du Turoň, de la chèvre, de l’ours et du cheval. Nous reviendrons avec un article consacré à ces masques et à leur symbolisme.

Hélas, aujourd’hui, le carnaval est beaucoup plus modeste qu’autrefois, les jeunes de la ville le fête le plus souvent en discothèque et les adultes au bal ou en rencontre avec des amis.

Cependant, dans toutes les écoles maternelles, dans de nombreuses écoles primaires et même aux collèges, les élèves, avec l’aide des parents, organisent des bals masqués accompagnés parfois de concours.

Traditions et interdictions

Traditionnellement, dans les derniers jours de Carnaval, il est d’usage, surtout dans les villes et villages touristiques ainsi que dans les régions des montagnes, que les jeunes de groupes folkloriques habillés en costumes traditionnelles ou déguisés et portant un masque organisent des spectacles dans les rues avec des plaisanteries, des blagues dans le but d’apporter du bonheur et la joie.

Entre tradition et interdictions

Jadis, des interdictions en cette période de carnaval étaient établies dans les régions sous majorité de la religion protestante. C’est ainsi qu’une des plus vieilles interdictions qui date de 1585, stipulait dans les articles d’ordres des protestants de la ville de Muraň, dans la région de Gemer, qu’il était interdit d‘utiliser des masques, de se maquiller, de se déguiser avec de vieux manteaux de fourrure et de commettre des extravagances et loufoquerie avec des masques de carnaval.

La marche du carnaval dans les villages – Fašiangové obchôdzky

La marche du carnaval dans les villages est pratiquée aujourd’hui dans les régions du Nord de la Slovaquie sous l‘appellation de cortège carnavalesque Bursa – Fašiangova bursa. Il s’agit d‘un cortège joyeux de mascarade dansant et déambulant dans les rues, où les participants chantent des formules de souhaits de bonheur et collectent des aliments auprès des villageois dans un panier (œufs, saucisses, lard, beignets frits).

Le repas des jours du carnaval – Fašiangové jedlo

Comme nous l’avons dit plus haut, le temps du carnaval est le temps de l’abattage d’un porc et de la préparation de charcuteries. Des réunions festivent vont ensuite s’articuler autour de la dégustation de plats de viande de porc rôtie et fumée, de goulasch et de charcuterie – boudins, saucisses fumées, jambon fumé, lardons fumés, lard, fromage de tête de porc et tête de porc bouillie, chair à boudins, saindoux, langue fumée, rillettes, rillons de porc et les femmes prépareront les beignets frits traditionnels du carnaval.

On trouvera aussi de la pâtisserie frite, les beignets du carnaval šišky, fanky, pampúchy ou pampušiky, koblihy et des omelettes salées ou sucrées.

En accompagnement de ces différentes dégustations, le vin rouge chaud, l’alcool, la bière et les différents distillats traditionnels slovaques Medovina (Hydromel) et l’eau-de-vie chaude – Hriatô – sont toujours servis.

La journée se termine par l’enterrement de la contrebasse – Pochovávanie basy, une mise en scène des funérailles d’une contrebasse qui achève les festivités du mardi-gras.

Sources

Zborník Slovenského Národného Múzea
Slovenský Rok, Ratislava Stoličná-Mikolajová, Ed Vydavatel’stvo Matice Slovenskej
Lúdovej Kultury Slovenska, Mgr Kliment Ondrejka, Ed Mapa Slovakia

PS : Voir notre article suivant sur le cortège du village de Hrboltová de ce samedi 8 février 2020

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La veille du Nouvel an en Slovaquie

Alice Hura – Charles Bugan

Le jour de la Saint-Sylvestre jour du réveillon de l’an nouveau, est appelé Journée de Sylvestre dans la culture populaire slovaque.
Les coutumes traditionnelles pratiquées le jour de la Saint Sylvestre en Slovaquie ressemblent en majorité avec les coutumes de la Veille de Noël cependant, elles n’atteignent pas la même intensité ni la même ritualisation.

Les prophéties agraires et les superstitions

Dans la croyance populaire slovaque les prophéties agricoles étaient pratiquées le dernier jour de l’année, à la Saint-Sylvestre, pour assurer la bonne prospérité économique dans la ferme, la fertilité des champs et la fécondité du bétail. Par exemple un rite concernant l’étable bien peuplée de vaches et de brebis, était pratiqué dans le village de Ždiar dans les Tatras. Là, la maitresse de maison ficelait en faisceau des cuillères en bois afin d’assurer la subsistance du troupeau de bétail domestique.

Comme pendant les fêtes de Noël, on respectait de nombreuses superstitions fixées à ce jour : rien n’était prêté de la maison, et le non-respect de cette interdiction allait signifier une diminution des volailles.
De même que la visite d’une femme, tôt le matin, était mal perçue donc, si c’était possible les femmes restaient le matin de ce jour à la maison. Pour rompre cette malédiction il était pratiqué tôt le matin un cortège des vœux de polazníci composé de jeunes hommes qui circulaient de porte en porte aux maisons du village en souhaitant tout le bonheur. Leurs vœux protégeaient la maison.

D’autres coutumes :

Le maître de la maison essayait depuis le matin de casser la coquille d’une noix avec son majeur. S’il réussissait, cela devait apporter la paix et l’amour à la famille.

La maîtresse de maison, frottait avec de l’ail les portes de la maison et de l’étable pour empêcher l’entrée des puissances néfastes. Quant au maître de maison, il frottait la robe des chevaux avec la plus belle pomme pour qu’ils deviennent plus beaux.

Parfois, jadis, après le repas du réveillon, des noisettes et un morceau de pomme étaient jetés dans le puits pour assurer une eau de bonne qualité et la bonne santé.

Les vœux

Dans la région ethnographique de Zamagurie (nord de la région de Spiš) le cortège des garçons circulaient tôt le matin dans le village et ils offraient des bâtons de noisetier à chaque maison visitée.

Dans les régions de Liptov, de Spiš, de Horehronie et d’Orava, autrefois, la jeunesse attendait l’arrivée du Nouvel An dans une maison du village où se rassemblaient les fileuses pour travailler ensemble ou dans l’auberge du village.

Dans la région de Hont, les jeunes hommes chantaient les chants traditionnels sous les fenêtres des maisons du village.
Dans les environs de la ville de Rožňava, les garçons allaient chanter à minuit sur la tour de l’église.
Dans la région ethnographique de Kysuce, le cortège des polazníci circulaient de maison en maison dans le village.
Dans la région de la Haute Nitra, les filles jetaient sur les portes de maisons où habitaient les garçons des marmites en argile remplies de pommes et de noix. Ces marmites les filles les appelaient « nouvelles années ».

Les jeux déguisés et masqués Babinovanie et Kurinovanie

Babinovanie est un spectacle joué par un groupe déguisé et/ou masqué à la Saint-Silvestre dans les environs de la ville de Považská Bystrica (région de la vallée du Váh). Ce spectacle est enrichi par des éléments constitutifs d’un métier traditionnel de la région, pratiqué par un artisan le drotár qui pratique un artisanat particulier avec du fil de fer.

Dans la microrégion d’Uhrovská dolina (dans quelques localités autour du château-fort d’Uhrovec, dans le district de Bánovce nad Bebravou), on appelait le dernier jour de l’année « babí deň – jour de baba » et il y avait un cortège des vœux appelé babinovanie qui était une quête collective et la proclamation de souhaits de bonne année par les garçons du village. A la tête du cortège des dix ou vingt garçons, un accordéoniste avec un bailli des garçons, un autre portait un sac pour collecter les récompenses et selon la tradition, ils circulaient dans les rues du village et s’arrêtaient devant les maisons où ils chantaient d’abord un chant religieux. Après avoir été invité par le maître de maison ils entraient et continuaient en récitant des vers de souhaits de bonheur, de bonne santé, de fortune pour la nouvelle année. Ils obtenaient une récompense sous la forme de noix, de graines de blé, de pommes, de petits pois, de haricots secs, de prunes sèches et un peu d’argent.

Le « Kurinovanie » un rituel agraire ancestral

Le rituel de Kurinovanie est effectué par la tournée des kurine baby ou kuriny-babiny – appellation suivant la localité – qui constituent un groupe de garçons costumés et masqués en femmes et mené par un couple vêtu en paille, appelés kurine baby et accompagné parfois d’une vingtaine de participants qui sortent à la Saint-Sylvestre, et passaient de maison en maison dans le village. Leurs vœux étaient des gages de prospérité et étaient censés rendre féconde la volaille pour la prochaine année qui va commencer. Aujourd’hui, ces cortèges composés uniquement d’hommes sont considérés comme un simple aspect de la joie populaire, mais leur fondement le fait remonter à des croyances ancestrales.

Dans le milieu rural de la Slovaquie orientale, la tradition de kurinovanie était effectuée par le cortège des garçons déguisés en femmes Kurine baby. Ils prononçaient leurs vœux en quêtant et formulaient les souhaits selon la tradition. Le cortège était mené par deux garçons vêtus de costume féminin, l’un avait sur la tête un chapeau formant une couronne tressée de paille avec une sonnette, l’autre vêtu d’un manteau en fourrure ceinturé d’une corde de paille tressée et d’une jupe grossièrement façonnée en paille de blé. Quand le cortège de Kurine baby sortait dans les rues du village, il était déjà attendu par les maitresses de maisons car selon la coutume, chacune des maitresses de maisons attrapait une poignée de paille du déguisement porté par les Kurine baby du cortège, et tout de suite elles donnaient la paille à la couvée de poules, pour assurer que les poules pondent bien leurs œufs.

En Slovaquie septentrionale, la coutume d’un cortège similaire était enregistrée au début du 20e siècle, dans le village de Štiavnik près de Bytča (région de Žilina). Là, la coutume du cortège de garçons déguisés en femmes vêtus en paille était appelé Kuriny-bariny. Ils portaient des vêtements de paille de blé et allaient de maison en maison où ils exprimaient ensuite leurs vœux de fertilité et de fécondité pour l’année qui commence en récitant une formule drôle avec des jeux de mots populaires archaïques comme par exemple cette bienvenue à la nouvelle année : « Kuriny, bariny, babiny kury, dedove fúzy, baba mala fúzy, dedo mrňúsy. Odíde nám starý rok, a príde nám nový, vitajte ho, vitajte » formule intraduisible car utilisant de vieux mots de dialecte (1).

Dans la ville de Bytča, à la Saint-Silvestre, dernier jour de l’année, se perpétue la tradition des Kuriny-bariny. La jeunesse se rassemble le 31 décembre pour aller en mascarade, avec à la tête du cortège un couple déguisé composé d’un garçon déguisé en femme avec son visage caché sous une dentelle et tenant une poupée emmaillotée. Il est accompagné d’une fille déguisée en homme. Ce couple est entouré de personnages déguisés porteurs d’instruments de musique ou des imitations d’instruments de musique.

L’appellation dialectale « kurina baba » est dérivé des mots kura et baba au singulier : la poule – kura, la vieille – baba, et au pluriel les kurine-baby ou kuriny-babiny ce qui signifie les poules et les vieilles », représente une variante d’un calembour de mots populaires et est un élément souvent personnifié.

Le caractère magique du cortège déguisé apparait dans le but d’assurer non seulement que les poules pondent bien des œufs ou que la volaille se porte bien – la fécondité de la volaille – mais aussi de toute la prospérité agricole. Cette sorte de mascarade se déroule aussi avec d’autres masques anthropomorphes par exemple Dedo – le Papy, Baba – la Vieille ou Starý – le Vieux, appartenant à la représentation des masques plus anciens et des masques anthropomorphes authentiques des coutumes populaires slovaques. Ils trouvent leur origine dans l’ancien culte slave des ancêtres qui n’est pas le culte des morts, c’est le culte de la continuité de la vie et pour cela, ces masques réapparaîtront dans le rite des noces dans les traditions slovaques.

Le réveillon du jour de l’An

Le repas pour le dîner de la soirée de la Saint-Silvestre était presque le même que celui de la veille de Noël mais sans restrictions religieuses sur la viande qui étaient donc servie. La soupe traditionnelle de choucroute kapustnica avec saucisses ou viande de porc fumée et champignons des bois, était servie d’abord, puis suivait le repas de pâtes traditionnelles avec le pavot. Ces mets s’appellent les opekance en Slovaquie centrale et septentrionale, les bobalky en dialectes de la Slovaquie orientale et les pupáky en Slovaquie occidentale. Ce repas est accompagné de Medovina, une délicieuse boisson à base de miel, ressemblant à l’hydromel.

De nos jours, la tradition culinaire du repas du Réveillons du jour de l’An, est enrichie d’un menu type buffet froid où ne manquent pas la salade de pommes de terre classique, les cornets de jambon farcis de mousse au raifort, les sandwiches et canapés, les pâtisseries (cakes au chocolat, tartelettes, biscuits, petits gâteaux de pain d’épice, etc.), la petite pâtisserie salée et les boissons de toute sorte.

Autrefois, l’atmosphère de la soirée du dernier jour de l’année était illustrée par le bruit des claquements de fouets de bergers et par le tir d’accompagnement de coup de fusils par les garçons.

Dans les villages de la région de Hont, ce-soir-là, les hommes enflammaient des torches improvisées faites de fourches en fer et de chiffons et circulaient dans le village en entonnant des chants pour l’arrivée du Nouvel An.

En milieu urbain, la tradition du Bal de la Saint Silvestre se perpétue de même que le feu d’artifice annonçant l’arrivée de la Nouvel Année.

Texte extrait de notre conférence : Les traditions de Noël en Slovaquie

Note

1 Voici quand même un essai de traduction : « Kuriny ?, bariny ?, babiny kury ?, la moustache du vieux, la vieille à la moustache, dedo mrňúsy. La vieille année s’en va et arrive la nouvelle année, bienvenue, bienvenue ». Peut-être faut-il chercher dans d’autres traditions, nous pensons au carnaval. L’utilisation et l’origine de ces mots demeurent obscures.

Sitologie

https://www.drotaria.sk : pour l’artisanat de drotár (objet en fil de fer)

Sources

Vianoce na Slovensku…od Ondreja do Troch kráľov. Par Zuzana Drugová, 2008. Slovak edition – OTTOVO NAKLADATELSTVI, 2009

Ľudová kultúra. Par Zuzana Beňušková. Kultúrne Krásy Slovenska. Dajama

Malý lexikón ľudovej kultúry Slovenska. Kliment Ondrejka. Mapa Slovakia Bratislava 2003

Slovenský rok. Receptár na dni sviatočné všedné i pôstne. Ratislava Stoličná-Mikolajová. Vydavateľvo Matice Slovenskej. 2004

U nás taka obyčaj. Slovenské ľudové tradicie. Vojtech Majling. Computer Press, Brno. 2007

Z ľudovej kultúry Turca. Eva Pančuhová, Zora Mintalová a kolektiv. Matica slovenská. 2004

Le village de Slatvina et son église gothique

Alice Hura – Charles Bugan

Le village de Slatvina

Un peu plus loin que le château-fort de Spiš, vers l’est dans la vallée de la rivière Hornád, au pied de la montagne de Branisko et sous la colline de Sľubica (1129 m), se trouve l’humble village de Slatvina que nous découvrons un peu par hasard.

C’est vers 1246 qu’est connue la première mention écrit du village sous le nom de Zek ou Szék. L’appellation actuel du village de Slatvina (à l’ancienne époque en hongrois Szlatvin) est d’origine slave et signifie un lieu de marécage, un marais près d’une source minérale.

Au lointain des années ce village dépendait des seigneurs de la famille noble des Zek jusqu’à leur extinction en 1525, puis ce village est devenu une partie du domaine du château-fort de Spiš, alors sous les Zápolya, puis des Thurzo, peu de temps sous d’André Báthory et enfin des Csáky dès 1638 jusqu’à l’abolition du servage en 1848.

Le développement du domaine agraire de Slatvina dès sa fondation du XIIe au XIIIe siècle (12. stor – 13. stor) jusqu’à l’abolition du servage n’était pas marqué, mais une augmentation de la population locale du XIXe au XXe siècle (19. stor – 20. stor) va provoquer une migration des villageois vers les USA et le Canada.

Le caractère exceptionnel de l’eau minérale de Slatvina est un ensemble d’éléments minéraux, surtout de lithium.

Le développement du village au XIXe siècle (19. stor)

La nouvelle époque du développement du village commence au milieu du XIXe siècle (19. stor), quand le comte Csáky va ériger au-dessus de la source minérale un pavillon de la petite station thermale et commencer à exploiter les vertus curatives d’eau minérale de Slatvina.
C’est l’entrepreneur Gédéon Majunke de Spišské Vlachy, qui peut être considéré comme le développeur de la petite station thermale de Slatvina, et le distributeur des bouteilles remplies de l’eau de source minérale. Les bouteilles d’eau minérale de la source Anna de Slatvina ont été distribuées sous la marque Szlatvini dans toute la monarchie habsbourgeoise lors du XIXe siècle (19. stor).
La source de l’eau minérale de Slatvina destinée à la cure, était fournie en boisson à la buvette et était/est recommandée contre les maladies gastriques et des voies respiratoires, mais surtout contre les maladies des reins et aussi pour l’hydrothérapie au bain chaud (par chauffage d’eau minérale).

La source minérale ″Anna″ et les Bains thermaux disparus de Slatvina

Dans le village de Slatvina on y trouve la source minérale Anna, dès le XIXe siècle (19. stor) nommée en l’honneur de la comtesse Anna Csáky, l’épouse du propriétaire terrien à cette époque.
Depuis longtemps, les villageois appelaient cette source d’eau minérale ″kvašna voda″ en patois local slovaque que l’on peut traduire par ″eau pétillante″. Ils utilisaient l’eau minérale à boire pour se rafraîchir et pour la préparation d’un ferment pour la cuisson des gâteaux traditionnels au levain.

L’utilisation d’eau minérale de Slatvina dans un but thérapeutique commence à la fin du XIXe siècle (19. stor), quand Gédéon Majunke fait bâtir une première maison en pierres pour les curistes. La maison des bains était entourée d’un petit parc mais il est détruit pendant la Seconde guerre. Pour l’amusement des curistes, on y trouvait une salle de danse et une salle de jeu de quilles. Pendant la République tchécoslovaque, la petite station thermale de Slatvina, accueillait une centaine de curistes par an. Elle fut laissée à l’abandon pendant les années 30 du XXe siècle (20. stor), éliminée par la forte concurrence des stations thermales tchèques (c’est l’État tchécoslovaque, qui dirigeait la conception politique du développement du thermalisme surtout dans le pays tchèque).
En 1953, la ligne d’embouteillage d’eau minérale naturelle de Slatvina et leur répartition sur le réseau de vente est terminée.

Caractéristiques de la source d’eau minérale Anna

Elle se distingue par une teneur déterminée en un élément en lithium.
La source de l’eau minérale de Slatvina au débit de 4,5 litres par minute est froide à la température de 9,0°C et d’une acidité pH 6,1. Elle est légèrement minéralisée avec un contenu de hydrogénocarbonate-chloruré (HCO3, Cl), calcique-sodique-magnésienne (Ca, Na, Mg), naturellement carbonique, riche en sels minéraux, exceptionnellement en lithium (Li) entre 3,28 mg/l et 6,5 mg/l. Le composition minérale contenu est entre 3206,96 mg et 3466,55 par litre, plus haut niveau élevé de cabrons de l’hydrogène (HCO-3) 1586,0 mg/l, de calcium (Ca+2) 261,32 mg/l, de magnésium (Mg+2) 14,10 mg/l, de fer (Fe) 11,61 mg/l, de teneur en sodium (Na+) 424,0 mg/l, en potassium (K) 42,6 mg/l, en SO4 est 102,87 mg/l, SO2 est 19,71 mg/l. Index selon des analyses publiées de 1968 et 1978.

L’église Nanebevzatia Panny Márie – de l’Assomption Vierge Marie de Slatvina

L’église Nanebevzatia Panny Márie – de l’Assomption de la Vierge Marie de Slatvina est située sur la Route gothique de Spiš laquelle continue à l’est vers la région de Šariš et au sud vers la région de Gemer. La Route gothique est un circuit d’excursion de l’architecture rurale des églises gothiques en Slovaquie, répandues dans les régions en raison du grand nombre de petits gisements de minerai de fer et de cuivre ainsi que quelques mines d’or et d’argent. Ces mines furent fortement exploitées durant l’époque médiévale.

L’église de Slatvina bâtie à la seconde moitie du XIIIe siècle (13. stor) sur une petite colline au-dessus du village est dédiée à l’Assomption de la Vierge Marie, dominant ainsi le village. Elle fut construite à l’origine en style gothique primitif, avec un chevet plat. Le cimetière, très proche, se trouve sur le côté nord. La crypte de l’église comprend les tombeaux des seigneurs locaux, les Petróczy de Vojkovce (en hongrois Vojkócz), inhumés au XVIIIe siècle (18. stor).

Sous les Thurzo, de 1531 à 1636, l’église de Slatvina est passée dans le giron du rite évangélique. Après 1636 (1666 pour d’autres documents), elle sera restituée au culte catholique romain. N’oublions pas que l’Édit de Restitution fut promulgué le 25 mars 1629 par Ferdinand II de Habsbourg, en pleine guerre de Trente ans.

A l’extérieur, sur le côté sud, on peut voir le portail gothique qui formait l’entrée dans la nef avant que la tour-clocher soit bâtie sur le côté ouest. Cette tour clocher daterait du XVIIe siècle (17. stor) au plus tôt.

A l’origine, le toit était en bardeaux de bois. De nos jours, le toit est en plaques métalliques.

La tour n’étant pas encore élevée, un clocher séparé du bâtiment se trouvait à coté de l’église.

La paroisse du 18e siècle remplaçant une ancienne détruite après un incendie en 1782. L’église à l’origine, a servi comme église paroissiale pour les villages environnants.

La Madone de Slatvina vers 1360

Du mobilier de l’église de Slatvina de l’ancienne époque a été conservée une plastique en bois de tilleul de la Madone de Slatvina, chef-œuvre dit du Maître de Slatvina, son atelier a travaillé dans la région de Spis entre les années 60 et 70 du XIVe siècle (14. stor). Selon des historiens allemands d’art, cette madone est artistiquement semblable avec la statue de la Vierge Marie du Mont Marial à Levoča.
Les autres plastiques en bois de Slatvina, une statue de saint Jean-Baptiste (1500-1510), une statue de saint Nicolas (1480-1490) et une autre Madone (sculptée vers 1480), ont été déplacées avant 1918 dans le Musée des beaux-arts et dans la Galerie nationale de Budapest en Hongrie.

Le chœur et les peintures murales

On y trouve des fonts baptismaux en pierre du XIVe siècle (14. stor).

Les peintures murales du 14e siècle ont été retrouvées lors d’un sondage effectué par le Maître de conférences Vladimir Plekanec, restaurateur d’art, en 2013. De 2013 jusqu’à 2016, les peintures murales de l’église ont été restaurées.

C’est ainsi que le chœur et le mur nord de la nef ont révélé des peintures murales très bien conservées, proches des peintures du premier tiers du XVe siècle (15. stor) à Žehra et à Bijacovce. Leur auteur était apparemment l’élève du Maître du presbytère d’Ochtina, comme en témoigne l’exécution de plusieurs scènes, comme par exemple, la Mise au tombeau.

Le niveau inférieur du chœur est constitué de peintures semblables à un drapé représentant des tentures sur les trois côtés qui en constituent le pourtour.

Quant aux fresques proprement dites, elles se trouvent sur trois registres au-dessus de ce décor et sont essentiellement consacrées au cycle christologique de la Passion.

Le registre inférieur

Il est composé de représentations d’apôtres sur tout le pourtour du chœur.

Sur le mur nord, on retrouve quatre apôtres, deux de part et d’autre de la porte gothique de la sacristie. Puis, après le quatrième apôtre, un pastoforium, avec sa grille en fer d’origine, est surmonté d’un Christ. Ce n’est pas un Christ de douleur ou de pitié. Ici, Il nous montre de sa main gauche sa plaie au côté d’où s’écoule son sang vers un calice, symbole de la communion lors de la Cène (Matthieu 26, 27-28).

Sur le chevet, un plus grand ″panneau″ montre sainte Élisabeth de Hongrie offrant un pain à deux personnages. Cependant, ce ne sont pas des ″pauvres″ comme on devrait le voir habituellement suivant l’iconographie attribuée à cette sainte. Ce sont probablement le donateur et son fils. Viennent ensuite trois apôtres.

Sur le mur sud, on peut voir quatre apôtres, un cinquième a probablement été supprimé lors de l’agrandissement de la fenêtre.

Le registre du milieu

Sur le mur nord, le registre est découpé en quatre scènes. La Cène, l’Arrestation de Jésus, la pose de la couronne d’épines et le Portement de croix.

Sur le chevet, à gauche de la fenêtre axiale, la Mise en croix et à droite, la Crucifixion.

Sur le mur sud, la Descente de croix, la Mise au tombeau, la Résurrection et la Descente de Jésus aux Enfers.

Le registre supérieur

Sur le mur nord, une seule représentation : l’Entrée de Jésus dans Jérusalem.

Sur le chevet, Jésus au Mont des oliviers priant à droite alors qu’à gauche se trouvent les apôtres qui dorment. Au-dessus de la fenêtre axiale, on Dieu le Père et un calice. C’est vers eux qu’est dirigé Jésus en prière.

Sur le mur sud, Jésus devant Pilate et la Flagellation. Entre ces deux représentations, au-dessus de l’ancienne fenêtre gothique transformée, un Mandylion.

Le plafond du chœur

En croisée d’ogives, chaque voûtain est décoré par des peintures dans un médaillon.

Au nord, la Vierge Orante, sur cette représentation, on ne voit seulement la partie supérieure. Jésus, bénissant est sur sa poitrine. Un détail, le Christ est barbu, il n’est plus un enfant comme on peut le voir habituellement et notamment sur l’icône du XIIIe siècle (13. stor) de Yaroslav et sur l’icône du XIIe siècle (12. stor) qui se trouve dans la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod en Russie. Dans les deux médaillons plus petits, un évangéliste, Luc, sous la forme symbolique du taureau et un ange qui semble indiquer du doigt le sein d’Abraham.

A l’est, les peintures sont effacées. On devait probablement y trouver un Christ ou autre hypothèse peut plausible, une scène du Jugement dernier. Les deux autres éléments du tétramorphe de la vision d’Ézéchiel, l’aigle – Jean et l’homme – Matthieu devaient s’insérer dans les médaillons.

Au sud, une représentation assez rare : Dieu et son fils sur la poitrine. Dans les deux médaillons plus petits, un évangéliste, Marc, sous la forme symbolique du lion, à gauche et d’un ange, à droite, qui semble aussi pointer du doigt vers le sein d’Abraham.

A l’ouest, face au membre du clergé qui officie, le sein d’Abraham est mis en évidence. Deux médaillons de part et d’autres avec un ange complète ce voûtain.

L’arc triomphal

L’arc triomphal côté nef n’est pas peint. Peut-être sous la couche blanche, mais cela ne semble pas avoir été mis en évidence lors de la redécouverte des fresques ! Du côté chœur, ce sont des motifs ornementaux. Le contour de l’arc triomphal est marqué par des dents d’engrenage ou plisses en accordéon.

L’intrados comporte six prophètes dans des médaillons reliés entre eux par un contour en forme de huit, formant ainsi un lien de continuité entre eux.

Sur les piédroits de l’intrados, deux saints dynastiques, Štefan-Étienne et Ladislav-Ladislas, tout deux furent roi de Hongrie. Chaque piédroit à une croix de consécration.

La nef

La chaire baroque située côté nord, date du XVIIIe siècle (18. stor).

A l’origine, la nef était surmontée par un plafond plat en bois. Mais une reconstruction importante en 1800 a changé l’aspect intérieur de l’église. Les fenêtres gothiques d’origine ont été démolies et remplacées par des fenêtres agrandies de forme baroque et le plafond en bois a été remplacé par un plafond en plâtre.

Les fresques de la nef ne sont pas bien conservées et restent sous une couche de peinture du XXe siècle (20. stor), mais elles sont toujours visibles dans les combles.

Une tribune d’orgue termine la nef côté ouest.

Remerciements

Nous remercions Monsieur Vladislav Vrábeľ, Maire de Slatvina pour son accueil, sa disponibilité et son aide précieuse lors de notre visite ainsi que la personne qui nous a ouvert les portes de l’église.

http://www.slatvina.eu/atrakcie

Sources

Stredoveká nástenná maľba na Spiši. Milan Togner – Vladimir Plekanec. Arte Libris. 2012

Le culte des saints catholiques en Europe centrale et orientale. Jean-Pierre Irali. Ed. Romaines. 2011
Reconnaître les saints. Symboles et attributs. B. Des Graviers et T. Jacomet. Ed. Massin. 2006

Slatvina, na pozadí dejín. 1246-2006. Ondrej Fábry. Obecný úrad Slatvina. 2006

Tchécoslovaquie 21 août 1968

Charles Bugan

Un court printemps et puis… un long hiver

Ce 21 août 2018, la Slovaquie et la Tchéquie commémorent le 50e anniversaire de l’entrée des troupes du Pacte de Varsovie sur le territoire tchécoslovaque de l’époque, mettant ainsi fin au « Printemps de Prague » et au communisme à « visage humain » d’Alexander Dubček (27-11-1921 – † 7-11-1992) et surtout fin de la liberté, liberté chérie.

Une petite exposition d’un photographe du Fotoklub de la ville de Ružomberok, Fedor Polóni, témoin de ce moment, montre le désarroi des habitants des petites villes qui « ne savaient pas ce qui se passait ». Ils voyaient des avions dans le ciel, des véhicules de transport de troupe passer, tous de nationalité ″étrangère″ – soviétique, hongrois, polonais…, mais pas d’information car pas de journaux, ni de radio et pas de télévision » dit-il.

Quelques photos de cette exposition dans la rue.

 

 

Les trésors de la Slovaquie à l’UNESCO

Alice Hura – Charles Bugan

Faire partie  du patrimoine culturel et naturel de l’UNESCO est une reconnaissance qui montre au public des sites, des villes, des traditions, bref des éléments qui font partie de l’Histoire d’une région, d’un pays et ces éléments incitent à la découverte.

Le label de l’UNESCO et son patronage, invite les visiteurs à mieux les connaître. Voici, à ce jour, la liste des monuments culturels et naturels. Peut-être cela vous incitera-t-il à leur rendre visite et découvrir ainsi la Slovaquie.

Les monuments culturels et naturels slovaques inscrits sur les listes représentatives du patrimoine mondial de l’UNESCO

1. Vlkolínec (1993) – village montagnard avec une architecture rurale en bois
2. Bardejov (2000) – place de la ville médiévale
3. Spišský hrad (1993) – château-fort en ruines et sa cité médiévale de Spišské Podhradie au pied du château
4. Spišská Kapitula (1993) – cité épiscopale médiévale, siège de l’évêché de Spiš
5. Žehra (1993) – petite église médiévale du Saint-Esprit
6. Levoča (2009) – place de la ville médiévale et cité du Maître Paul de Levoča
7. Kežmarok (2008) – église, dite articulaire, évangélique en bois, édifiée en 1717
8. Leštiny (2008) – église, dite articulaire, évangélique en bois
9. Tvrdošín (2008) – église catholique en bois
10. Hronsek (2008) – église, dite articulaire, évangélique en bois
11. Banská Štiavnica (1993) – ville médiévale et ses mines d’or et d’argent
12. Hervartov (2008) – église catholique en bois
13. Bodružal (2008) – église gréco-catholique en bois
14. Ladomirová (2008) – église gréco-catholique en bois
15. Ruská Bystrá (2008) – église gréco-catholique en bois
16. Vihorlatské vrchy (2007) – Montagne de Vihorlat, vestiges de l’ancienne activité volcanique
17. Bukovské pralesy (2007) – « Forêt vierge » de hêtres dans les Carpates
18. Dobšinská ľadová jaskyňa – grotte de glace de Dobšiná (2000)
19. Ochtinská aragonitová jaskyňa – grotte d’aragonite d’Ochtiná (1995) dans le Parc national du Karst slovaque
20. Gombasecká jaskyňa – grotte de Gombasek (1995) dans le Parc national du Karst slovaque
21. Domica jaskyňa – grotte de Domica (1995) dans le Parc national du Karst slovaque
22. Krásnohorská jaskyňa – grotte Krásnohorská (1995) dans le Parc national du Karst slovaque
23. Jasovská jaskyňa – grotte de Jasov (1995)

Le chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel slovaque inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO

1. Fujara, instrument traditionnel à vent de la musique pastorale (2005)
2. Terchovská muzika – Musique traditionnelle de Terchová (2013)
3. Gajdy – Cornemuse slovaque (2015)

Voici quelques photos de ces endroits.

Photos : Alice Hura – Charles Bugan

PS : Si vous souhaitez des renseignements sur ces sites, n’hésitez pas, un mail et une réponse vous parviendra dans les 48 heures

Jánošík, rebelle d’honneur et héros légendaire populaire slovaque

Alice Hura – Charles Bugan

Juraj Jánošík (25 janvier 1688 – 17 mars 1713) – rebelle d’honneur, héros légendaire populaire slovaque

Selon les récits populaires slovaques, Juraj Jánošík prenait aux riches pour donner aux pauvres. On retrouve constamment la trace à la gloire de ses actes dans l’art populaire slovaque depuis sa mort au début du 18e siècle, et même dans la culture lettrée slovaque à partir du 19e siècle.

2018 est l’année de la commémoration des 330 ans de la naissance du héros slovaque légendaire de Juraj Jánošík.

Aux archives nationales slovaques de Bytča des documents sont conservés comme : un extrait de naissance ou de baptême daté du 25 janvier 1688 de Juraj Janošik et les documents du procès de justice dont l’acte d’accusation lors de l’audience principale, une plaidoirie, les aveux personnels de Janošik et une déposition de victimes d’un acte de pillage commis par les brigands.

Juraj Jánošík est né en 1688 dans le hameau U Jánošov (Chez János), proche de la commune de Terchova, dans le massif montagneux de la Petite Fatra (Malá Fatra) de la Slovaquie septentrionale.

Dans les années 1707-1708 Jánošík est subjugué par les idéaux de l’insurrection de François II Rakóczi. Jánošík n’a même pas 20 ans lorsqu’il s’est fait enrôler, en décembre 1707, dans l’armée insurrectionnelle des kurucs avec laquelle il a participé à la grande lutte contre les Habsbourg et au combat pour la liberté. Mais lors de la bataille de Trenčín il est fait prisonnier.
Emmené au château de Bytča comme prisonnier, Juraj Jánošík est forcé d’accepter de devenir garde dans l’Armée impériale, surnommée les labancs. C’est là qu’il fait connaissance et se lie d’amitié avec le capitaine de brigands de la région de Kysuce, Tomas Uhorčík, lui aussi emprisonné. Jánošík va aider ce dernier à s’évader et selon le souhait de Uhorčik, Jánošík prend le commandement de la troupe de brigands à l’automne 1711 jusqu’au printemps 1713, en développant son activité surtout dans les régions du Nord-ouest de la Slovaquie actuelle.

Pendant cette période, les braquages sur les routes des nobles, des bourgeois et des marchands par le groupe de bandits de Jánošík se multiplient, jusqu’au jour où le capitaine des brigands, Juraj Jánošík, est capturé. Emprisonné et torturé, au début de mars 1713, Jánošík est condamné à mort par pendaison sur un croc de boucher par le tribunal du district de la ville de Liptovský Mikuláš (alors en hongrois Liptó-Szent-Miklós). La sentence sera exécutée le 17 mars 1713 à Liptovský Mikuláš. Juraj Jánošík devait avoir 25 – 26 ans.

Après sa mort, ses actes sont entrés dans la légende du peuple slovaque et son personnage est devenu un symbole de l’équité et de la combativité pour les droits des pauvres. Il était considéré comme un bon chef de bande.

Son personnage appartient aux figures les plus populaires dans la production artistique au cours des siècles jusqu’à présent. On peut mentionner le retentissement du personnage de Jánošík dans la culture orale populaire slovaque comme dans les chants, légendes et contes ou dans l’art populaire traditionnel comme dans les peintures sur verre ou dans la sculpture en bois, etc., et même Juraj Jánošík fait partie de l’art cinématographique contemporain slovaque. Un ancien film muet de 1921, de la coproduction slovaque-américaine est titré Jánošík (réalisé par les frères Daniel et Jaroslav Siakeľ, émigrés aux États- Unis. En 1995, ce film est repris dans la liste de l’UNESCO comme un héritage culturel mondial. Mais le meilleur film slovaque consacré à Janošik, fut réalisé en 1935 par le metteur en scène Martin Frič (1902 – 1968) avec dans le rôle principal Paľo Bielik, le plus célèbre interprète de Janošik. Ce film a été présenté au IVème Festival international du film de Venise en 1937, et a été projeté dans 32 pays du monde.

Ou encore un autre film dramatique sur Jánošík réalisé de 1962-63 par Paľo Bielik (1920-1983), ou le film d’animation crée par Viktor Kubal (1923-1997) qui porte le titre « Zbojník Jurko – le brigand Jurko » (1976). Toujours populaire aujourd’hui est la pièce « Jááánošííík » (1970) du théâtre d’amateur de Radošiná réalisé par le dramaturge Stanislav Štepka (1944), fondateur du théâtre naïf de Radošiná (Radošínske Naivné Divadlo) en 1963.

Le thème de Jánošík et des brigands résonne aussi dans les Beaux Arts slovaques. On peut ainsi admirer les peintures de ce thème réalisées par le peintre slovaque Ľudovít Fulla (1902 – 1980) dans sa Galerie à Ružomberok.

Sitologie

http://www.terchova.sk/navstevnik/muzeum-juraja-janosika

http://www.muzeum.sk/?obj=muzeum&ix=jt_pvm

PS : La ville de Terchova célèbre Juraj Jánošík lors d’un festival les « Jánošíkove dni v Terchovej » qui se déroule au début du mois d’août.

La Slovaquie a 25 ans

Alice Hura – Charles Bugan

C’est en effet le 1er janvier 1993 que l’état de la République slovaque est né. Voici, très brièvement, quelques dates d’évènements qui ont marqué l’histoire de cette « jeune république ».

200.000 av. J-C : Le plus ancien foyer humain connu sur le territoire de la Slovaquie.

100.000 av. J-C : Plus ancien squelette d’homme découvert sur le territoire de la Slovaquie actuelle.

80.000 Un moulage dans du travertin de la cavité du cerveau d’un homme de Neandertal est découvert à Gánovce (près de Poprad).

Vers 21.000 Découverte de la Vénus de Moravany, une figure féminine, taillée dans une défense de mammouth, à Moravany nad Váhom, petite commune au nord de Bratislava, dans le district de Piešťany.

Du XIXe siècle av. J-C au XVe siècle av. J-C : Du cuivre était extrait dans les montagnes slovaques de Rudohorie.

Ve siècle av. J.-C. : Les Celtes dominent la plupart du territoire.

IIe siècle av. J.-C. : Des pièces celtes étaient frappées en Slovaquie.

6 : Les Romains traversent le Danube et prennent le contrôle de ses rives pendant 400 ans.

300-500 : Les premiers Slaves occupent le territoire.

623-658 : Période de l’empire de Samo (un marchand Franc), union défensive des tribus Slaves.

824 : Mojimir Ier fonde le premier grand Empire de la Grande-Moravie.

828 : Première église chrétienne établie à la cours de Pribina dans la ville de Nitra. Adalram, évêque de Salzbourg, donne sa bénédiction à cette première église.

863 : Arrivée de Cyrille et Méthode, en provenance de l’empire byzantin, fondateurs du vieux slave écrit en Grande Moravie.

894 : Mort de Svatopluk Ier, le plus illustre seigneur de la Grande Moravie.

895 – 896 : Sous la direction probable d’Árpád, une partie des tribus protomagyares traverse la chaîne des Carpates pour entrer dans le bassin du même nom. La tribu Megyer (Magyar) était aux avant-postes de cette conquête. Ils vont s’installer en Pannonie.

1000 : Création du royaume de Hongrie. La Slovaquie actuelle y est intégrée.

Xe siècle : Le premier roi hongrois Étienne Ier de Hongrie. A cette époque l’empire hongrois s’étendait sur les territoires de la Hongrie, de la Slovaquie, de la Croatie, de la Slovénie une partie de la Roumanie et de l’Ukraine.

1241 : Les Tatars envahissent le pays et le ravagent.

1381 : La représentation proportionnel des Slovaques et des Allemands au conseil de la ville de Žilina est garantie à ses membres par Louis Ier de Hongrie.

1467 : Fondation de la première université sur le territoire slovaque, à Bratislava, « l’Academia Istropolitana ».

1508 – 1517 : création du maître-autel de l’église Saint-Jacques-le-Majeur à Levoča, œuvre de Majster Pavol. Le plus grand autel gothique en bois.

1526 : Le roi Louis Jagellon meurt lors de la bataille de Moháč contre les Turcs (victoire de Soliman le Magnifique). Son trône revient aux Habsbourg d’Autriche. Cette date représente la fin du Moyen Age dans l’histoire slovaque.

1530 : Premières incursions turques.

1531 : Presburg (Bratislava aujourd’hui) devient le siège de la couronne de Hongrie.

1536 : Presburg (Bratislava) devient la capitale de la Hongrie. De 1536 à 1830, dix-neuf rois et reines seront couronnés à Bratislava.

1541 : Prise et occupation de Buda et de Pest par les Turcs.

1635 : Fondation de l’université de Trnava.

1683 : Les turcs sont battus lors de la grande bataille de Vienne. Celle-ci met fin à 150 ans d’occupation turque du territoire hongrois.

1713, 17 mars : Juraj Janošik est exécuté à Liptovský Mikuláš.

1740-1780 : Règne de la reine Marie-Thérèse, couronnée à Presburg – Bratislava.

1762 : Fondation de la première université minière à Banská Štiavnica.

1773 : L’impératrice Marie-Thérèse édite un règlement sur l’établissement et l’emploi des Roms, qui interdit le nomadisme, l´usage de leur langue et les mariages entre eux. L´éducation des enfants est confiée aux familles paysannes, tous les Roms doivent s’installer, et gagner honnêtement leur vie. L´impératrice souhaitait ainsi intégrer cette communauté dans la société.

1780 : Débuts du mouvement national slovaque.

1785 : Abolition du servage.

1843 : Ľudovit Štúr codifie la langue slovaque.

1848 : La convention de Bratislava abolit le servage. La révolution qui l’instaura fut défaite par l’empereur d’Autriche avec l’intervention de l’empereur de Russie en 1849.

1848 : dans un presbytère protestant de Liptovský Mikulaš, un groupe se réunit autour de Ludovit Štur et rédige le « Mémorandum de la nation slovaque », le premier programme politique et culturel des slovaques. Il sera accepté par le gouvernement autrichien.
La révolution de 1848 contre les autorités entraînera son abandon, momentané, car jugé par les autorités comme « déstabilisateur » ! Il sera proposé en 1861 dans la ville de Martin.

1861 : Proclamation du Mémorandum de la nation slovaque réclamant une plus grande liberté au pouvoir central hongrois.

1863 : Fondation de la Matica Slovenská, institution ayant pour but le développement de l’instruction populaire.

1884 : La première banque slovaque « Tatrabanka » est instaurée en Slovaquie à Bratislava.

1907 : Fondation de la Ligue slovaque à Cleveland, Ohio, USA.

1918, Octobre : la Première République tchécoslovaque est créée.

1919 : L’université Komensky – Coménius est crée à Bratislava.

1920 : Le Théâtre national slovaque est créé à Bratislava.

1939, Mars : L’armée allemande occupe les Sudètes (territoire tchèque). En Slovaquie un état indépendant satellite de l’Allemagne nazie est créé sous la présidence de Jozef Tiso.

1944, Août : La résistance antinazie apparaît. Le soulèvement national SNP s’organise à Banska Bystrica. Après la défaite de l’armée slovaque, la résistance continuera dans les montagnes jusqu’à la fin de la guerre.

1945, Mai : La deuxième République tchécoslovaque est restaurée.

1948, Février : Les communistes gagnent les élections et prennent le pouvoir.

1950 : La police occupe 56 monastères et arrête un millier de religieux.

1968, Janvier : L’ère d’Alexander Dubček commence. En août, les troupes russes accompagnées de quatre autres armées du Pacte de Varsovie occupent la Tchécoslovaquie. En octobre le pays devient une République fédérale tchéco-slovaque.

1977 : Charte 77, manifeste écrit d’un groupe d’opposants au régime communiste.

1988 : Manifestation pacifique « des bougies » pour la liberté religieuse et les droits civiques. Elle est violemment réprimée par les forces de l’ordre.

1989, Novembre : La Révolution de Velours met fin au pouvoir des communistes.

1990, Juin : Premières élections libres depuis 1946.

1992 : Proclamation de la souveraineté de la Slovaquie et Constitution de la République slovaque.

1993, le 1er janvier : La République slovaque indépendante est créée.

1993, 8 février : entrée en vigueur d’une nouvelle monnaie, la couronne slovaque (Sk).

1993, 3 février : la Slovaquie rejoint l’UNESCO.

1996, 17 mai, mise en œuvre de l’eau du Danube, centrale électrique hydraulique du barrage à Gabčíkovo

2000, 14 décembre, la Slovaquie devient membre de l’OCDE.

2003, la Slovaquie signe l’accord d’adhésion à l’Union européenne. Un référendum sur l’intégration de la Slovaquie à l’UE donne 92,46 % des suffrages exprimés pour le « oui ».

2004, 29 mars, la Slovaquie devient membre de l’OTAN

2004,1er mai, entrée dans l’Union européenne.

2009, 1er janvier : A l’initiative du Premier ministre Robert Fico (SMER), la Slovaquie adopte l’Euro comme monnaie officielle

NB : Nous ne manquerons pas de reprendre quelques points par des articles plus complet.

Rites et coutumes de Noël en Slovaquie

Alice Hura – Charles Bugan

La Noël trouve son origine bien avant l’époque chrétienne. En Europe centrale, les anciens Germains, Slaves et Celtes fêtaient le solstice d’hiver, c’est-à-dire, le retour de la lumière.
Aujourd’hui, la fête de Noël est une synthèse des éléments du paganisme de la fête solsticiale, avec le culte du soleil, et de la fête de la nativité des chrétiens.

Cela signifie concrètement que la magie et les rituels de paganisme de ces temps anciens subsistent encore dans les traditions et les coutumes des villages slovaques.

Ordres et interdiction

Dans ces traditions et coutumes, nous trouvons, ce que l’on peut appeler les ordres et les interdictions.

Commençons par les ordres : à partir du solstice et jusqu’à la fête du nouvel an, les jours sont, en principe, irrationnels, mais, sous l’aspect pratique, ils sont positifs. La maisonnée en fête doit être pure, de même que les bâtiments annexes (étables, granges…). Les femmes, lors de la semaine qui précède la Noël, doivent rendre les objets prêtés, laver tout le linge, rendre tout plus pur et préparer le lieu pour l’arrivée des fêtes.

Passons au rayon interdiction : si, dans la maison, est suspendu un manteau de fourrure les jours de Noël, le bétail va périr dans l’année. Si, par contre, des vêtements sont suspendus, c’est le propriétaire qui va mourir dans l’année.

Autre interdiction : l’interdiction « magique » pour les femmes de travailler – filer, coudre, tisser, laver du linge – les jours de Noël. Ces jours sont, pour les femmes, jours de repos… sans reproche de paresse.

Quant aux hommes, ils ne peuvent pas travailler – couper du bois, pratiquer le travail avec le bétail…. Cela signifie donc que les travaux devaient être effectués plusieurs jours auparavant.

Le 24 décembre, veille de Noël, est le jour appelé Štedrý deň, mais en fait il a, en Slovaquie, plusieurs appellations.

Ces appellations trouvent leur origine avant la période chrétienne. Le « Štedry deň » ou « Štedrý večer », que l’on peut traduire en français par le « jour d’abondance » ou « jour de profit » ou encore « jour large », dans le sens généreux. C’est l’appellation la plus répandue et la plus ancienne. Il s’agit très probablement de la réminiscence de la fête solsticiale et du riche festin païen qui l’accompagnait.

Mais, dans certains régions slovaques, ce jour est appelé « Kračun », ancienne appellation de la « Soirée étoilée (constellée) ». On a aussi une appellation mais moins utilisée, qui est « Vilija ou vigilija » venant du latin « vigilia » – veille. (1)

Dans des villages majoritairement protestants du centre de la Slovaquie, nous trouvons encore comme appellation pour le 24 décembre, l’ancien nom « Dohviezdny večer » – le soir de l’étoile.

La veille de Noël concentre beaucoup de traditions : l’assurance de la prospérité, la santé et la fortune pour la prochaine année.

Le riche festin d’abord, il symbolise la richesse pour la prochaine étape de la vie et la religion chrétienne a accompli beaucoup d’effort pour supprimer ces fêtes païennes, en commençant par le jeûne du 24 décembre. En effet, ce 24 décembre, seul la viande de poisson peut être consommée le soir lorsqu’apparaît la lumière de la première étoile.

Cependant, suivant les différentes confessions, la composition du repas de Noël est différente.

C’est ainsi que, dans les familles catholiques, on respecte le jeûne et l’on fait abstinence de viande. Mais manger du poisson est toléré le soir lorsqu’apparaît la lumière de la première étoile. Il y a aussi la soupe de Noël, la « Vianočnà kapustnica », soupe de choucroute de Noël – sans viande – mais qui peut être accompagnée de morceaux de poissons fumés. Un exemple, à Vlkolinec, vous avez de la soupe aux petits pois avec des morceaux de truite fumée.

Pour les familles protestantes, il est de coutume de dîner la veille de Noël avec de la viande de porc, la « tlačenka », le fromage de tête (tête pressée) ou la « Vianočnà kapustnica » la soupe de choucroute de Noël aux saucisses fumées.

Mais, quelque soit l’obédience, en aucune façon, au dîner de Noël, on ne peut manger de la viande de volaille (2) « mäso spod peria » – viande de dessous les plumes – car la propriété, les biens, l’argent pourraient « s’envoler » comme les plumes s’envolent quand on souffle dessus.

Revenons aux catholiques pour signaler qu’ils mangeront la viande seulement après minuit, ou plus exactement, après la messe de minuit. Ils ont simplement déplacé le riche dîner païen. On appelle cet instant « obžerstvo » que l’on peut traduire en français par, « manger gras » ou « se goinfrer », c’est-à-dire que l’on mange à satiété.

Pour les boissons, on consommera du vin, de l’eau-de-vie. A l’apéritif, on dégustera la « hriate », la vodka chaude (spécialité slovaque) et aussi la « medovina » chaude ou froide.

Les fruits, frais ou séchés, occupent aussi une place marquante sur la table de Noël.

Les décorations du sapin de Noël

Au IXXe siècle, va se propager un nouvel attribut venu d’Allemagne, il s’agit de la présence et de la décoration du sapin de Noël avec des boules en verre.

Le changement, par rapport à la tradition slave, est que le sapin est posé sur le sol ou sur un support, tête en l’air. Chez les slaves, il pend au plafond de la maison et est placé au-dessus de la table. C’est un petit sapin, naturel ou fabriqué en bois, de plus ou moins 1 m, et la table est considérée comme « magique », c’est un endroit protégé. (3)

A ce « sapin », on y accroche des pommes rouges, des rubans de diverses couleurs, des biscuits ou des sucreries emballées dans des papiers multicolores.

On trouve aussi dans chaque maison des rameaux d’arbres verts (conifères), et dans certaines régions, on trouve une couronne de paille suspendue au plafond au-dessus de la table.

L’effet magique du repas de la veille de Noël

En Slovaquie, on attache une grande importance pour la préparation des plats de Noël. Chaque repas est particulier et symbolise le souhait d’abondance.

La magie numérique du repas épouse le principe de vivre dans l’abondance, en grand nombre, des quantités de produits agricoles.

Les produits typiques en grand nombre sont les grains de pavot, les lentilles ou les petits pois, pour avoir beaucoup d’argent.

Le pain aux fines herbes pour la santé et la prospérité de la famille.

Le menu de Noël se prépare avec sept ou neuf plats, chaque membre de la famille devant goûter trois cuillerées ou gorgées du plat afin de connaître l’abondance de repas toute l’année, … avec, en plus, une assiette vide sur la table du repas de Noël. Cette assiette vide est destinée au retour des âmes mortes !

Car si de nos jours il est parfois d’usage que le 24 décembre on dispose une assiette supplémentaire sur la table du repas de Noël pour un visiteur fortuit, l’usage ancien signifie lui que l’assiette supplémentaire était réservée aux esprits des ancêtres ou de la divinité domestique – le domovoï – le génie tutélaire de la maison des anciens slaves. (4)

Autrefois, les anciens croyaient à l’existence du retour sur terre des esprits des ancêtres au temps de Noël. Les gens avaient, dès lors, l’obligation de pourvoir aux besoins des âmes de ses morts, de ses ancêtres. Aussi ils croient que les âmes des morts sont, dès leur retour, à égalité et ont les mêmes besoins que les vivants. C’est donc pour cela que dans l’assiette de cet esprit, on place une cuillerée de chaque plat de Noël.

La tradition fait aussi que l’on porte un repas dans le grenier ou que l’on lance des noix dans le coin de la chambre ou des petits pois vers les murs de la chambre, cela symbolise la récompense pour l’esprit de la maison.

Cet esprit de l’ancêtre est une aide essentielle pour le futur de la vie de la famille. Enfin, la prière pour les âmes des ancêtres est aussi un élément du rituel pour le souvenir des anciens.

Le repas s’accomplit à la table et il n’est pas question de la quitter pour laver la vaisselle ou vaquer à une occupation domestique. A la fin du repas, on époussette juste les miettes, quant aux restes de nourriture, ils restent sur la table et seront mangés le lendemain – ce qui permet aux « esprits » bons ou mauvais, de se restaurer la nuit.

Il est aussi d’usage que les miettes, les restes du dîner de Noël soient offerts le lendemain aux domestiques et/ou aux animaux domestiques afin qu’ils aient une bonne santé.

Garniture de la table

La garniture de la table fait partie des principes protecteurs et de l’abondance. C’est ainsi que l’on trouvera sur et sous la table divers éléments.

Sur la table, on dispose une bougie, du miel, de l’ail, de l’oignon, du persil, du raifort, des fleurs de noisetier. Ces éléments symbolisent les défenses contre la magie noire. Le miel pour le bien, l’ail et le rameau vert pour la santé.

Sous la table, on trouve un autre moyen efficace de magie blanche, il s’agit d’une chaîne de fer. Elle entoure les pieds de la table où se trouve le repas de Noël. Cette chaîne symbolise la défense contre la désorganisation de la famille.

Une hache ou une bêche ou d’autres ustensiles des champs en fer, sont placés sous la table de Noël, sur un lit de paille, symbolisant la prospérité et le bon travail des paysans pour l’année à venir, mais aussi un souhait de bonne santé pour tous ceux qui sont assis à la table.

Les oracles de Noël

Si, dans une pomme coupée à moitié, on aperçoit les pépins en forme d’étoile, cela signifie la fortune, mais s’ils sont en forme de croix, cela signifie la maladie ou la mort.

Un oracle d’amour, pour les jeunes filles, consiste à disposer une petite bougie allumée dans deux demi-coquilles de noix vides et de les déposer dans un récipient contenant de l’eau. Si les deux coquilles se rejoignent, il y aura mariage, si non, ce sera le célibat encore pour un an.

Autre oracle pour le mariage, dans certaines familles, les filles, après le dîner de Noël, se tiennent debout, dos à la porte et lancent une chaussure derrière elles. Lorsque la chaussure est tombée, elle se retourne et regarde, si la pointe est dirigée vers elles, ce sera le mariage dans l’année, par contre, si c’est le talon, ce sera encore le célibat pour un an.

Oracle néfaste : si l’inclinaison de la flamme de la bougie posée au centre de la table du repas de Noël se dirige vers quelqu’un, il sera le premier à mourir dans la famille

Oracle favorable : une poignée de grains de blé, de lentilles, de petits pois, de pavot posée sur la table symbolise l’abondance agricole

Trois écailles de poisson ou de l’argent sous la nappe, symbolise l’abondance d’argent tout l’année (et il ne faut pas être pingre car plus on dépose d’argent plus on en aura …).

Tout objet placé à l’extérieur cette nuit était béni. On déposait des pièces de monnaies à l’extérieur, généralement sur l’appui de fenêtre. De la sorte, leur propriétaire ne manquera pas d’argent toute l’année.

Le menu traditionnel de la veille de Noël

Le dîner de Noël procède d’un rituel ancien et stable. La quantité du menu est de sept ou neuf plats.

1 La soupe – polievka (elle varie selon la région)

2 Des pâtes – cestoviny, halušky

3 Pâtisserie – gâteaux – pečivo – koláč

4 Les gaufres, en forme de grande hostie – oblatky, avec ail et miel

5 Les fruits – ovocie, noix, noisettes, pommes, fruits secs…

6 La viande – mäso selon le rite religieux

7 Les boissons – napoje, alcools, vins, jus pour les enfants
La table est dressée avec une nappe de fête et garnie des riches plats de Noël.

La tradition veut que la table soit garnie de tous les éléments du repas de Noël, de l’apéritif au dessert car, comme déjà dit précédemment, il est « mauvais » de quitter la table.
Le repas commence dès l’apparition de la première étoile (vers 18 – 19h00).

Le plat principal, dans toute la Slovaquie, c’est la soupe de Noël. Elle varie suivant les régions, là vous aurez une vianočna kapustnica de la région de Liptov (soupe de Noël à la choucroute avec de la saucisse et des bolets séchés).

Dans la région de Zahorie, vous aurez la soupe à la choucroute et lentilles ou haricots. Dans d’autres régions, ce sera une soupe de légumineuses (lentilles, haricots, petits pois) avec des bolets séchés et des fruits secs séchés (pruneaux…).

Vous pourrez aussi déguster la très archaïque soupe de céréales, le kysel, composée de grains de blé et de farine et au goût acidulé. Pour la région frontière avec la Hongrie ce sera une soupe de poisson.

Si pour le réveillon de Noël, on prépare dans presque toutes les familles slovaques la « soupe à la choucroute », de nos jours on peut aussi avoir du poisson frit avec une salade de pommes de terre – ce que nous appelons une salade russe – qui remplace le poisson fumé du temps jadis.

Le deuxième mets traditionnel de Noël, consiste en un plat varié de produits « farineux » comme les pâtes alimentaires, des halušky – gnocchis, des pâtons saupoudrés de pavot et/ou de sucre ou les « pirohy – pyrôžky » fourrés au pavot sucré.

En Slovaquie, il est aussi typique pour le repas de Noël d’avoir un dessert sucré garni de graines de pavot, l’opekance, suivant la région de Slovaquie,  (Bobalky dans la Slovaquie orientale), ce dessert peut avoir diverses appellations. C’est le repas de pâtes (gâteaux) cuites au four.

La plus ancienne forme de gâteau de Noël est la galette appelée kračun. Il est, à l’origine, préparé en forme de galette sans levure avec au centre un trou pour y déposer du miel. Ce miel est mélangé avec des graines, des légumineuses, afin d’assurer une bonne moisson pour la prochaine année, et aussi avec de l’ail et/ou du persil, qui sont les symboles de santé et une sécurité contre la magie noire, les mauvais esprits.

Si aujourd’hui, les gaufres sont une nouvelle forme de la galette de Noël et si elles ne sont pas toujours préparées à la maison, mais achetées au magasin, la tradition persiste néanmoins et l’on mange ces gaufres de Noël avec le miel et l’ail.

Les gaufres de Noël, les Oblatky sont aussi de la fête.

Jadis, plusieurs semaines avant la Noël, les galettes étaient préparées par l’instituteur de l’école du village ou de la ville. Les jours qui précèdent la Noël, il les distribuait aux élèves pour le panier de la maison.

D’autres pâtisseries de noël existent. Elles sont très variables suivant les régions et ont plusieurs appellations. Il y a la tarte Strudel, le gâteau en forme de tresses – Vianočka, les gâteaux en formes d’animaux, de bétail ou d’oiseaux (plus particulièrement dans les régions de l’est de la Slovaquie) ou encore les Medové koláčiky (ou medovník ou medovníčky), les gâteaux de pain d’épice en forme de figures du bétail domestique ou de symboles de Noêl.

Les femmes cuisent toujours au four le Štedrak, gâteau très populaire et gâteau de tradition qui représente le gâteau de la largesse. Il s’agit d’une pâte au levain avec cinq feuilles et quatre farces (5 + 4 = 9). On y retrouve une farce composée de confiture de prunes, une de pâte de noix, une de pâte de pavot et une de pâte de fromage blanc, le tout symbolisant le souhait de prospérité.

Le folklore, le chant et le spectacle

Pendant cette période, nous avons les chants sous la forme de la koleda. (5)

Après le dîner de Noël, les jeunes hommes se réunissent, ils déambulent dans le village et ils chantent sous les fenêtres des maisons. Ces chants comprennent les souhaits de santé et de prospérité pour la nouvelle année qui vient. De nos jours, la koleda est souvent mixte et les chants comprennent aussi des chants chrétiens.

Pour recevoir la visite du groupe de chanteurs de la koleda, le propriétaire prépare des gâteaux.

Le spectacle « Jeu de Bethlehem » (Bethléem)

Jadis très populaire, la tradition du « Jeu de Bethléem ». C’est un spectacle d’origine religieux du Moyen Age, avec comme sujet, la naissance de Jésus à Bethléem. Mais, en Slovaquie, ce spectacle est enrichi de beaucoup d’humour spécifique au peuple.

C’est un jeu de groupe, pour cinq personnages : des garçons ou des bergers.

La principale structure pour ce jeu est le rôle du berger en chef, Bača et un trio de bergers qui s’appellent Kubo, Stacho et Fédor et, comme cinquième personnage, un ange qui porte une petite crèche de Bethléem ou une maison ou encore une église.

Le Jeu de Bethléem se déplace dans tout le village et le groupe joue et chante dans chaque maison. Le propriétaire prépare des gâteaux ou une récompense.

Kubo est un homme pas très propre, jovial, un peu « benêt » revêtu d’une veste de mouton à l’envers, personnage mi-homme mi animal (le chien du berger).

A un moment de leur danse, Bača, Stacho et Fedor vont former un triangle, tenant leur bâton à bout de bras et Kubo se trouve au centre, sous la protection des bâtons des bergers.

N’oublions pas qu’auparavant c’était une période où les bergers n’avaient pas de travail et cette « représentation » riche en humour populaire – la télé n’existait pas – leur rapportait quelques nourritures – fruits secs, viande gâteaux – ainsi qu’un peu d’argent.

Le Jour de Noël, le 25 décembre

C’est un jour de congé. On célèbre la fête de la nativité de Jésus, les familles se souhaitent bonheur et bonne santé et la koleda chante les cantiques de Noël.

Jadis, le matin, un membre de la famille apportait de l’eau fraîche du ruisseau. On y trempait un rameau d’arbre où les perles des gouttes d’eau représentaient les membres (en nombre) de la famille. Ce rameau était déposé dans la chambre.
Dans cette eau, on ajoutait des pommes, de l’argent ou du raifort et on lavait tout dans cette eau.

L’argent symbolise la prospérité, les pommes la santé et le raifort la force (pour être fort). Le tout, lavé, symbolise la cohésion de la famille.

Le repas de ce jour de Noël est riche en viande de porc et surtout en porc fumé.

Notes

1 En Belgique, le 24 décembre est une vigile donc un jour d’abstinence. Les plats consommés avant minuit durant la nuit de Noël devaient être des plats maigres.

2 Peut-être y aurait-il une relation avec des traditions celtes et/ou slaves car des archéologues ont découverts dans les nécropoles de Mikulčice et de Prušánky des squelettes et vestiges de l’avifaune. A Mikulčice, l’étude exhaustive sur les vestiges d’oiseaux a été menée et l’on remarque que les oiseaux majoritairement représentés sont des poules, des canards et des oies domestiques. Ils devaient donc entrer dans les pratiques funéraires des Moraves entre le 9e et le 10e siècle. (Mlikovsky 2003)

3 Si vous avez vu la « Noël de Shrek » vous aurez remarqué que le sapin est dans cette position.

4 Ce génie tutélaire de la maison est, souvent, le premier propriétaire de la maison (celui qui l’a construite) qui a sa mort se transforme en serpent blanc – en belette blanche pour la femme – et que l’on retrouve étendu au pied de la porte d’entrée. En Slovaquie, le seuil de la porte est une partie en bois en relief qu’il faut enjamber, et c’est là, à la porte d’entrée de la maison, que se trouve le domovoï, le protecteur. Il va protéger, la maison et les habitants, des incendies, des accidents domestiques, des maléfices…. Il s’agit de « bons » esprits de la maison, parfois malicieux, ils jouent des « blagues », ils déplacent des objets… – certain, chez nous prierons à cet instant saint Antoine !

5 La koleda est un groupe musical composé le plus souvent de chanteurs et chanteuses parfois accompagnés par des musiciens qui jouent de l’accordéon, du violon, de la fujara…

Sources

Ľudová kultúra. Zuzana Beňušková. Kultúrne Krasý Slovenska. Dajama

Malý lexikón ľudovej kultúry Slovenska. Kliment Ondrejka. Mapa Slovakia Bratislava 2003

Slovenský rok. Receptár na dni sviatočné všedné i pôstne. Ratislava Stoličná-Mikolajová. Vydavateľvo Matice Slovenskej. 2004

U nás taka obyčaj. Slovenské ľudové tradicie. Vojtech Majling. Computer Press, Brno. 2007

Slovenský rok. V ľudových zvykoch, obradoch a sviatkoch. Katarína Nádaská. Ed. Fortuna Libri. 2012

 

 

Vianočnà kapustnica, la soupe de choucroute de Noël

Alice Hura – Charles Bugan

La soupe à la choucroute – Kapustnica polievka – est une institution en Slovaquie. On peut la déguster toute l’année mais en période de Noël elle revêt son costume d’apparat et devient la « Vianočnà kapustnica », la soupe de choucroute de Noël aux saucisses fumées ou accompagnée de morceaux de poissons fumés, truites par exemple.

La recette

Ingrédients :

40g de lard fumé
70 gr de beurre
50 gr de farine
1 oignon
2 gousses d’ail
2 c. à café de paprika doux
250 gr de choucroute
1/2 c. à café de cumin
10 grains de coriandre
1,5 L de bouillon de viande
2 pommes de terre
200 gr de crème culinaire
200 gr de saucisson – klobása
sel, poivre

Préparation

Coupez le lard en petits morceaux et faites-le fondre avec 20 gr de beurre dans une grande marmite,

Coupez l’oignon et l’ail en fins morceaux et y mélanger le paprika doux, les ajouter avec la choucroute et le cumin au lard, salez,

Ajoutez 75 cl de bouillon de viande, le coriandre et portez la soupe à ébullition,

Dans une cocotte, préparez un roux avec 50 gr de beurre et 50 gr de farine, le diluer dans 75 cl de bouillon de viande et faites chauffer à petit feu pendant 15 min. environ,

Ajoutez les pommes de terre épluchées et coupées en petits dés et cuire encore pendant 15 min. env.

Ajoutez à la soupe, bien mélangez,

En fin de cuisson, ajoutez le saucisson et ensuite la crème culinaire,

Rectifiez l’assaisonnement éventuellement.

NB : le klobása est un saucisson au paprika légèrement fumé.

On peut aussi ajouter des pruneaux à la préparation.