Mgr Alice Hura – Charles Bugan
Le village de Martinček, Petit Martin en français, est situé à 5 km au nord-est de la ville de Ružomberok. Là, dans ce petit village paisible, se trouve une petite église de campagne, construite en 1260, remarquable par ses peintures murales datées de 1300.
Saint Martin est fêté le 11 novembre. Dans l’ancien calendrier, la croyance veut qu’il symbolise l’arrivée de l’hiver, tel saint Martin sur son cheval blanc. En Slovaquie, pays de montagnes, à cette date correspond normalement, la chute de la première neige et les derniers bergers rentrent au village.
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1 Histoire du village de Martinček
La petite agglomération de Martinček et son ancienne église ornent les premiers contreforts du massif de Choč dans la région de Liptov en Slovaquie septentrionale. Ancienne église seigneuriale du château-fort de Likava, déjà connue en 1332 sous le nom de Sanctus Martinus de Liptovia. Située au point culminant du versant est de la montagne chauve Mních (Moine en français) laquelle est occupée depuis l’âge du Bronze.
Au XVe siècle, il n’y avait pas de maisons paysannes connues. A la fin du XVIe siècle, le terrain où se trouve l’église appartenait alors à un cadastre parcellaire (aménagement du territoire) du village de Likavka, situé sous le château de Likava et un prêtre servait pour les habitants de ce village.
Le village de Martinček fut fondé après 1600. Dans le cadastre du domaine de Likava en 1625, le village de Sväty Martin – Saint-Martin y est mentionné. Les habitants étaient surtout des agriculteurs et étaient dépendants du château de Likava. Ils étaient obligés de ramener au château 6 chars de la récolte d’oignons.
Plus tard, le village s’est élargi sur les pentes de la colline Mních – Moine, sur les hauteurs du village et sur le versant est que domine l’église catholique romaine de Saint-Martin évêque.
Aujourd’hui, le village de Martinček, situé à l’altitude de 580 m, compte 390 habitants.
On aperçoit l’église sur la route principale reliant les villes de Ružomberok à Liptovský Mikuláš (anciennement Liptovský Sväty Mikuláš – Saint-Nicolas de Liptov).
Le village de Martinček, fondé après 1600 sur le domaine royal d’un terrain du village de Likavka, entoure l’église de Saint Martin qui donne son nom à ce petit village dans sa forme de diminutif : Martinček – Petit Martin.
2 L’église Saint-Martin
La fondation de cette église est datée vers 1260 sous le règne du roi Béla IV (1206 – † 1270 et, selon la légende, est attribuée à l’ordre des Templiers dits les Chevaliers rouges surnommés ainsi selon la croix pattée rouge sur le manteau qui les couvrait.
Les dernières découvertes de 1999, lors de travaux de restauration, permettent d’affirmer que les peintures murales à l’intérieur de cette église, parfaitement conservées en majorité, peuvent être datées au plus tard de 1300/1320. Lors de la Réforme au XVIIe siècle, ces peintures murales ont été couvertes sous des couches d’enduit de chaux lorsque l’église a été aux mains de l’Église évangélique luthérienne (probablement en 1610 ou en1669, selon des dates signées sur le mur oriental du sanctuaire).
À l’époque, les puissants seigneurs protestants Illésházy gouvernent la région du comitat de Liptov et de Trenčín.
Légende ou réalité ?
La colline Mnich doit l’appellation de ce lieu à une ancienne légende qui raconte qu’au début du XIIIe siècle, un ermitage ou une commanderie templière y était construite. Cette légende a donné l’appellation topographique Mnich, qui signifie Moine en français, à cette colline.
A ce jour, en l’absence d’écrits l’attestant, nous ne pouvons affirmer cette présence mais, sans écarter complètement cette hypothèse, nous pensons qu’il est plus que possible que l’église était la propriété du château de Likava.
Extérieur de l’église
Le bâtiment est composé d’une nef rectangulaire couverte par un plafond plat, d’un chœur à chevet plat, d’une sacristie et d’une tour-clocher à l’ouest accessible par l’intérieur de l’église.
Le toit est couvert de bardeaux.
Sur le chevet, une remarquable fresque de la Crucifixion. Détail particulier de cette Crucifixion, les anges qui se trouvent aux extrémités de la partie horizontale de la croix tiennent d’une main l’avant-bras du Christ.
Intérieur de l’église
Le sanctuaire
Le sanctuaire/chœur plus étroit que termine une abside plate, est percé d’origine de deux étroites fenêtres orientées pour une à l’est, la fenêtre d’axe et l’autre une fenêtre au sud qui sera élargie pendant la deuxième moitié du XIXe siècle.
Le sanctuaire, construit sur un plan carré, est couvert par une voûte sur croisée d’ogives avec des nervures lourdes chanfreinées reposant chacune sur un culot et qui converge au sommet sur une clef de voûte garnie d’un disque orné d’une rosette à huit pétales avec un bouton central.
Dans la seconde moitié du XIVe siècle une sacristie, accessible par le sanctuaire, est ajoutée à la façade du nord.
La fenêtre d’axe romano-gothique est entourée d’une riche polychromie d’origine avec en-dessous d’elle une des trois de croix de consécration qui se trouvent dans le sanctuaire.
Dans le mur du nord, un pastophorium d’origine gothique est encore visible. On remarquera que sur la partie horizontale supérieure, des triangles, pointes vers le bas ont été sculptés. On peut y voir aussi une croix de consécration.
Les fresques du sanctuaire
C’est surtout dans le sanctuaire que des figures peintes en bon état ont été découvertes. Les fresques s’étalent sur trois registres. Le registre inférieur est orné par un « drapé » sur tout le pourtour du sanctuaire. Cinq sur le côté Nord, huit sur l’abside et dix (dont un est coupé par un pastophorium) sur le mur Sud. Ce qui fait un total de 23 « drapés ».
Je pense que ces drapés ne sont pas des peintures de « remplissage », le peintre-artiste roman (et gothique) utilise les symboles comme on pourra le voir notamment aussi pour l’intrados de l’arc triomphal. Peut-être un 24e drapé a-t-il disparu lors de travaux ? Aurions-nous là alors la représentation « symbolique » des 24 Vieillards qui font face à Dieu dans l’Apocalypse de Jean ? (1) Apocalypse 4 : 4 « Autour du trône je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or ».
Au plafond
Sur la voûte Est du plafond, le Christ bénissant et la Vierge Marie qui montre de la main droite la main gauche par laquelle on peut lire la double nature du Christ (trois doigts « libres » et deux collés l’un à l’autre).
Dans les trois autres voûtains, une suite d’anges habillés dans des habits de diacre, semblent accompagner le Christ et la Madonne.
Les fresques murales du mur Nord
Au registre inférieur, les « drapés » suivent la porte romane de la sacristie. A hauteur, le pastophorium avec la grille et la croix de consécration.
Au registre central, quatre personnages, probablement quatre apôtres. Quatre personnages se retrouvent sur l’abside et quatre sur le mur Sud. Ce qui nous fait un total de douze personnages, il s’agit donc très probablement des douze apôtres.
Quant au registre supérieur, on peut y voir le « Sein d’Abraham ». (2)
Abraham est entouré de deux autres figures de l’Ancien Testament, David et Salomon qui tiennent chacun une lyre.
Sur le mur de l’abside
Sur le mur Est, outre la fenêtre d’axe et une croix de consécration, quatre personnages, des apôtres se trouvent au registre central. Dans le registre supérieur, sous le Christ et la Madonne, deux personnages, des rois ? avec des instruments de musique.
Sur le mur sud
Au registre inférieur, le « drapé », un pastophorium et une croix de consécration sous la fenêtre.
Au registre central quatre personnages (apôtres ?) et au registre supérieur, deux personnages, des rois ?, avec des instruments de musique. Celui de gauche est en partie détruit par la baie de la fenêtre créée au XIXe siècle, quand l’église était encore sous le badigeon de chaux.
L’arc triomphal
On ne retrouve pas de peintures sur l’intrados de l’arc triomphal. Cela ne signifie pourtant pas qu’il n’y en avait pas à l’origine. Cependant, on peut remarquer la présence, de part et d’autre de l’intrados, d’une rangée de petits triangles sculptés.
Il pourrait s’agir de la représentation symbolique de la nature divine du Christ et de sa nature humaine (3), de la Mort et de la Régénération (4). Comme dit précédemment, des triangles, pointe vers le bas sculptés se trouvent sur le pastophorium du sanctuaire.
Les fresques de l’arc triomphal
A gauche, deux personnages ont été découverts. Le premier est un homme d’apparence jeune. Il s’agit certainement de saint Martin de Tours, représenté en tenue d’évêque. Il tient sa crosse de la main gauche et il bénit de la droite.
Le deuxième semble être saint Jean Baptiste. Il bénit de la main droite et tient dans la main gauche un nimbe crucifère comportant un agneau tourné vers la gauche et tenant dans sa patte repliée une oriflamme (5) symbole de la Résurrection.
Certains pensent qu’il s’agit de la représentation du Christ comme le Bon Pasteur (6).
Au dessus de ces personnages a été découvert un motif connu, l’image de saint Martin sur son cheval qui partage sa cape avec un mendiant qui s’appuie sur des béquilles près d’une porte étroite. La fresque est hélas presque effacée, on distingue à peine le cheval blanc et le mendiant.
Au centre
Dans la partie centrale de l’arc triomphal, à gauche, se trouve la représentation de la Jérusalem céleste et, à droite, un ange qui doit être rattaché à la représentation du Christ dans la mandorle qui se trouve à droite.
A droite
Sur le mur de droite, Le Christ dans une mandorle entourée par des anges qui volent. A gauche, un ange avec un livre et un ange avec une croix, à droite, un duo d’anges avec une torche flamboyante.
C’est le Christ de l’Apocalypse, (Apocalypse de jean I 16). Il est assis sur un arc représentant les cieux, les pieds posant sur un autre arc, plus petit, représentant la terre. Avec les deux épées qui sortent de sa bouche. C’est le jugement dernier. On peut d’ailleurs voir, en dessous de la mandorle, deux groupes de personnes. A droite ces personnes sont enchaînées, ce sont les damnés et à gauche un groupe d’élus.
La nef
Dans la nef de l’église, 9 croix de consécration d’origine ont été découvertes mais peu de fresques ont été retrouvées.
Le plafond plat est en bois et rénové récemment.
Sur le mur Sud, une peinture à l’huile, de la fin du XVIIIe siècle, élément de l’autel baroque, représentant saint Martin coupant son manteau pour l’offrir à un pauvre.
Sur ce mur Sud, deux fenêtres sont percées au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle (la fenêtre du côté sud du sanctuaire sera élargie en même temps) et un carrelage est posé au sol qui a pour effet de remonter le niveau du sol.
Sur le mur nord des peintures ont été découvertes sous deux couches de crépi. Mais ces peintures ne semblent pas avoir été créées en même temps.
Dans un cadre peint se trouve le visage jeune d’une personne qui est accompagnée de deux anges. Comme les autres parties du personnage ne sont plus visibles, on suppose qu’il s’agit de l’archange Michel qui pèse des âmes. (7)
Dans le cadre accolé à gauche, un personnage de profil se penche vers la représentation de droite, mais excepté l’architecture d’un baldaquin, il est impossible d’avoir plus de détails.
A côté de cette fresque, se trouve un fragment de peinture murale réalisé sur une couche plus jeune. Le fragment est partiel et difficilement indentifiable.
Le style de peinture révèle un artiste du XIVe siècle proche des peintures murales de l’église de Liptovské Sliače.
Il est possible qu’il s’agisse du groupe des femmes saintes. La figure d’une femme à droite avec un foulard sur la tête ressemble à une composition de figure de sainte Hélène dans l’église de Liptovské Sliače.
La paire de silhouettes à gauche peut représenter deux des quatre saintes connues, la première pourrait être sainte Barbe (son attribut est une tour) et l’autre pourrait être sainte Marguerite ?
Il reste encore un fragment de fresque.
Sur le pourtour de la nef, se trouvent des peintures représentant le chemin de croix et 9 croix de consécration.
Enfin, sur la partie Ouest de la nef se trouve la porte qui mène vers l’escalier de la tour-clocher et à la tribune d’orgue.
La tribune d’orgue
Sur la balustrade de la tribune, on peut voir des représentations, récentes, des évangélistes entre lesquels est intercalé un ange (Jean et Luc à droite ; Marc et Matthieu à gauche ainsi qu’une représentation de l’Agnus Dei).
Au mur Ouest de la tribune, une inscription datée du 16e siècle.
La tour-clocher
La tour-clocher à l’ouest est seulement accessible par l’intérieur de l’église et comporte une remarquable fenêtre gothique sur son côté ouest. Le meneau d’origine est disparu et est remplacé par une pierre. Au-dessus de cette fenêtre, une fenêtre plus étroite et plus haut, dans le clocher proprement dit, deux autres fenêtres étroites sur les quatre côtés de la tour.
Trois cloches se trouvent dans la tour : la première date de 1594, une autre de 1763 et la troisième de 1842.
La cloche de 1594 comporte l’inscription latine « VERBUM DOMINI MANET IN ETERNUM A : D : 1594 ».
Celle de 1763 coulée par Ján Juraj Knobloch à Banská Bystrica comporte l’inscription latine « GEORG KNOBLOCH NEOSOLII 1763 ».
Et la troisième cloche de 1842, coulée par Vojtech Littman de Banská Bystrica et qui comporte l’inscription latine « MARIAE IN HONORE SANCTAE » et « REFUSA PER ADALBERTUM LITTMAN NEOSOLII 1842. »
Sur la colline
Sur le côté Sud de la colline on peut remarquer de petites constructions en bois en forme de toit apportant un caractère mystérieux à l’environnement de l’église Saint-Martin.
Les habitants les appellent « Daskal » (de l’allemand dach qui signifie toit). Il s’agit en fait de petites couvertures de puits profonds d’environ 3 à 5 m et qui servent de stockage pour les pommes de terre et les légumes pour l’hiver.
Notes
1 Je n’ai pas trouvé de renseignements pouvant m’orienter ou me renseigner sur la signification de ces « drapés ». Je me permets donc d’émettre une hypothèse concernant cette représentation. On retrouve aussi ce type de « drapé » (mais plus nombreux) au registre inférieur du sanctuaire de l’église Saint François d’Assise dans le village de Poniky près de Banská Bystrica.
2 Le thème du Sein d’Abraham était souvent représenté au milieu du Moyen Age pour connaître son déclin au cours du XVe siècle. Disparition probablement due à l’apparition du Purgatoire. Le Sein d’Abraham représente le Patriarche accueillant les élus entre ses bras (représentation courante au XIe siècle), soit dans un pan de son vêtement.
3 Dictionnaire des symboles. J Chevalier et A Gheerbrant. Ed. Robert Laffont. 2002
4 Selon Marija Gimbutas, « pareilles rangées de triangles sont l’ornement typique des crochets ainsi que des plaques de pierre à l’image de la déesse de la Mort et de la Régénération déposées dans des tombes mégalithiques du Portugal. »
Le langage de la déesse. Marija Gimbutas. Col. Des femmes Antoinette Fouque. Dumas-Titoulet Imprimeurs 2005
A Catal Hüyük (Turquie aujourd’hui), dans le sanctuaire du niveau VII, on a découvert des triangles peints en rouge et noir, avec plus bas, un relief en plâtre d’une déesse enceinte.
5 « Voici l’agneau de Dieu » dit Jean Baptiste (évangile de Jean I, 29). Au vu de son attitude (bénissant) et du symbole que le personnage tient dans la main gauche, je pense qu’il s’agit bien de saint Jean-Baptiste.
6 Mária Novotná et Juraj Maták Ranogotický Kostol sv. Martina v Martinčeku
Comment y aller ?
Le village de Martinček – Petit Martin est situé à 5 km au nord-est de la ville de Ružomberok.
A partir de la ville de Ružomberok, prendre la direction de Dolný Kubin. Après 1 km environ, prendre à droite vers le village de Martinček.
A voir aussi : http://www.apsida.sk/c/326/martincek
PS: pour visiter l’intérieur de cette belle église, un panneau d’information se trouve au-dessus du sentier qui conduit du village vers l’église. Ce panneau renseigne la personne de contact où l’on peut s’adresser (attention, étant donné qu’il s’agit souvent d’un(e) bénévole, la visite de l’intérieur de l’église dépend de la disponibilité). Le site et l’entrée de l’église est gratuit.
Nous vous conseillons de garer votre voiture sur le parking, gratuit, qui se trouve devant la mairie, Obecný úrad en slovaque.
Si vous avez un peu de temps, une petite promenade vous fera apercevoir, au Nord-Est, les ruines du château de Likava et au sud, près de la nouvelle chapelle et au bord de la colline vous avez une très belle vue panoramique avec au loin (sur le côté gauche d‘une cheminée) l’église romane de Tous les Saints de Ludrova-Kút. Sur la route menant de Ružomberok vers Banská Bystrica, le village de Vlkolinec (musée ethnographique en plein air habité, classé au Patrimoine de l’UESCO) est à découvrir. Ces visites sont payantes
Références
Národné kúlturne pamiatky na Slovenska. Okres Ružomberok. Ed Slovart 2008
Gotické kostoly vidiek. Štefan Podolinský. Zostavil : Daniel Kollár. Kultúrne Krasý Slovenska. Dajama
55 Najkrajších Gotických pamiatok Slovenska. Stano Bellan, Alexander Vojček. Ed. Vydavateľstvo Priroda. 2009
Ranogotický kostol sv.Martina v Martinčeku. Mária Novotná, Juraj Maták
Dictionnaire d’iconographie romane. Marc Thoumieu. Ed. Zodiaque.
La fresque romane. Paul-Henri Michel. Ed. Gallimard. 1961
Art roman. Norbert Wolf. Ed. Taschen. 2007
L’art roman, architecture, sculpture, peinture. Sous la direction de Rolf Toman. Ed. H.F ? Ullmann. 2004/2007
Le culte des saints catholiques en Europe centrale et orientale. Jean-Pierre Irali. Ed. Romaines. 2011
Dictionnaire d’Architecture. Mathilde Lavenu, Victorine Mataouchek. Ed. Jean-Paul Gisserot. Gisserot patrimoine. 1999
Dictionnaire des symboles. J Chevalier et A Gheerbrant. Ed. Robert Laffont. 2002
La Sainte Bible. Par Louis Segond. La Société Biblique Canadienne. 1910
Apocalypse de Jean (texte du cours). Jean Hadot. Octobre 1994
Autoatlas Slovenská Republika Supertouring. Freytag et berndt. 12/2011